Le Monstre Humain

4. Acceptes-tu d'être prêtée à Dwight

Des semaines avaient passé depuis cette nuit-là. J'essayais de mener une vie simple avec les autres filles que, contre toute attente, je n'arrivais pas à apprécier. Elles me semblaient toutes plus cruches les unes que les autres et leurs discussions ne tournaient qu'autour de Negan, de leur état de santé et de leur soi-disant nouvelle robe offerte par la charité du patron. Quand elles ne riaient pas pour un rien elles pleuraient et se lamentaient sur leur condition d'esclaves sexuelles. J'avais décidé de ne me lier avec aucune d'entre elles, et décidai de rester indépendante. Donc la plupart du temps j'aidais Charlène dans ses tâches quotidiennes, à savoir le repassage des vêtements de Negan, le nettoyage de sa chambre, et parfois je la dépannais en apportant le repas au concerné, qui désapprouvait totalement que ce soit moi qui bosse à la place de sa gouvernante.

«Il n'est pas question que ce soit une de mes épouses qui se charge de ces besognes! grognait-il à chaque fois qu'il me voyait entrer avec son plateau.

-Et il n'est pas question que je laisse cette pauvre femme se tuer à la tâche pour quelqu'un comme toi, lui répondais-je à mon tour sur le même ton. Tu es trop dur avec elle!»

Alors il n'avait pas eu d'autres choix que d'accepter. Il était impensable que je la laisse s'occuper de tout alors que je venais de rentrer dans le «cercle». Il remarqua très vite que j'étais complètement différente des autres filles. Je passais mon temps à aider les ouvriers, en particulier ceux qui avaient plus de mal avec le travail forcé, à planter les légumes, à faire les récoltes; je venais souvent dans le grand hangar où j'aidais pour les comptages de points et où je prenais plaisir à discuter avec les gens. Ils me disaient qu'ils n'avaient jamais eu la visite d'aucune autre épouse et que cela leur donnait espoir de me voir, qu'ils retrouvaient cette envie de produire et de vivre. Negan avait insisté pour que je choisisse un de ses hommes de main pour m'accompagner partout où j'allais. J'avais bien entendu choisi Dwight car, comme l'avait prédit Charlène, je m'étais rapidement bien entendue avec lui, et nous étions devenus très vite des amis. Nous parlions souvent lui et moi, de notre vie d'avant et de notre vie actuelle, il me faisait rire. Il m'avait apprit que lui n'avait pas eu le choix de rejoindre les rangs de Negan, il y a de cela un an maintenant. Il avait fait une tentative d'évasion par le passé, et voyant qu'il n'avait aucun moyen de survivre seul dans la nature, il était revenu au Sanctuaire. Comme sanction de sa trahison, Negan lui avait passé au fer tout le côté gauche de son visage. Son histoire m'avait horrifié mais il m'avait assuré qu'aujourd'hui il était dans les bons papiers du patron, et qu'il aspirait un jour à devenir chef d'un avant-poste. Je voyais Negan environ deux nuits par semaines, et plus en journées, grâce aux activités que je pratiquais. Chaque fois, il me répétait sans cesse que j'étais sa préférée, qu'il ne fallait pour rien au monde que je le trahisse, ou que je le trompe. J'avais complètement gagné sa confiance et son cœur. Quant à moi, mes sentiments pour lui étaient complètement confus, je ne savais plus où j'en étais. Une partie de moi haïssait sa personne, car j'avais eu vent de sa cruauté, et des massacres dont il était l'auteur avec Lucille, qu'il ne lâchait décidément jamais. Et une autre partie de moi l'aimais pour ce qu'il était, et la sincérité qu'il éprouvait à mon égard. Un soir, tandis que je comptais rentrer dans ma chambre pour aller me préparer pour le dîner, je surpris une conversation entre Negan et Dwight, au pied d'un des escaliers devant un arsenal.

- Et bien, mon p'tit D, j'ai vu ce que tu m'as rapporté du Royaume cet après-midi. C'est vachement plus productif depuis que je t'ai envoyé là-bas à la place de Gavin. Tu rapportes plus. Et ça, ça me plait. Je suis fier de toi. Et, comme tu le sais, je suis le genre de mec qui récompense les gens qui ont du mérite. Et toi, putain que tu mérites un gros cadeau!

Dwight ne répondait pas, il se contentait de regarder par terre et de sourire légèrement.

- Du coup, je me demandais... Ça te plairait de passer un peu de bon temps avec une de mes poupées? Tu sais que parfois, quand je suis d'humeur magnanime, il m'arrive d'en prêter quelques unes à mes meilleurs gars. Et, D, tu en fais partie, je veux que tu le sache.