We wish you a miracle
by 77BaM7
En ce magnifique jour valsé par les chants, rythmé par les flocons, illuminé par les guirlandes, caractérisé par des sourires, certains attendent des cadeaux, d'autres, de passer une soirée en famille, et une minorité n'espère rien, se laissant mourir.
Cet enfant qui est assis sur un banc l'air désespéré, la tête basse, fait partie de la dernière catégorie. Ses cheveux crépus virevoltent, témoignant une révolte. Le vent frappe son beau visage aux yeux sombres, se voyant même dans les pénombres.
Il n'a à peine douze ans et pourtant, il parait avoir déjà connu toute la misère du monde. Il n'a à peine douze ans et pourtant, intérieurement, il semble en avoir cinquante, connaissant presque la tombe.
Ses parents ne fêtent pas Noël, oh ça, il le comprend. Mais il aimerait tout de même le célébrer une seule fois dans sa vie, simplement pour inviter ses oncles, tantes et cousins chez ses parents. Or, cela est impossible, car la bonne entente entre son paternel et sa mère n'est pas accueillant.
Il voit un groupe d'enfant chanter Silent Night. Il se joint à eux tout en restant dans son coin. Il chante discrètement, les larmes aux yeux, tout en restant loin.
Il ne veut pas rentrer, car son père y est. Il aimerait le voir, voulant laisser sa peur dans ce brouillard. Mais il ne peut qu'avoir peur, car il n'est plus à l'heure. Être resté toute la journée dehors était une bêtise... Et il se fait battre à la moindre bêtise.
Une petite fille qui doit probablement avoir son âge est dans ce petit groupe de chanteurs. Après avoir fini leur prestation, elle s'approche de cet enfant qui parait ne plus aimer la vie, d'un air interrogateur.
«Tu vas bien ?» lui demande-t-elle avec la plus grande compassion que peut avoir un enfant. Celui-ci à la peau noire reste la tête basse en acquiesçant. Elle ne sait quoi dire d'autre, mais pourtant, elle cherche en vain de continuer la conversation qui ne mène à rien.
«Tu veux venir chanter avec nous ?».
Cette proposition rend le jeune garçon heureux. Pour la première fois, on l'invite d'un ton chaleureux. Mais malheureusement, il secoue la tête, puis il sort de sa poche une sucette.
«Tiens». Elle relève sa tête pour regarder la gourmandise qu'il lui tend.
«Merci». Honteusement, elle la prend.
Gênée de ne rien donner en échange, elle tâte sa poche pour en sortir un objet, tout sourire.
«Oh non, je ne peux pas accepter ça».
Il se lève pour se retrouver face à elle, faisant à présent sa taille.
«Les cadeaux ne se refusent pas, n'est-ce pas ?».
Il acquiesce aussi et lui sourit sans faille.
«C'est mon cadeau pour Noël, et puis, il ne me sert à rien».
Cette chose qui a pu leur faire échanger quelques phrases est une montre ancienne de couleur argentée.
Ces petites intentions ravissent les deux protagonistes. Le beau garçon décide de la quitter pour retrouver sa maison sans vie et triste.
*
Cet objet semble plus intéressant aux yeux du garçon brun que ce blanc qui recouvre le paysage magnifique. Tout au long de la route, il regarde étrangement son cadeau, jouant avec le petit bouton positionné à gauche qui est des plus basiques. Il le tourne, déréglant l'heure, trouvant fascinant de voir les aiguilles faire plusieurs tours à des vitesses différentes.
C'est fou à quel point un enfant peut être passionné par une chose sans importance, ou être épanoui par quelque chose dit ridicule pour un adulte. La naïveté est la plus belle chose dans ce monde ici-bas.
Sa maison n'est pas bien grande, ils sont dix et pourtant, ils ont seulement trois chambres tout au plus, une salle de bain, un petit salon et une petite cuisine. Les murs et les meubles sont en bois. En entrant chez lui, il s'attend à être battu comme à son habitude, mais bizarrement c'est calme... Trop calme.
Il se traine jusqu'au salon, en passant par des couloirs étroits aux murs vides. Arrivé à l'endroit voulu, ce n'est plus le marron qui domine, mais des couleurs bien voyantes recouvrant les murs, les meubles et... Le sapin.
«Un sapin ?!» S'interroge-t-il.
Du vert et du rouge habillent toute la réception. Il y a des guirlandes, des boules, de la fausse neige et des cadeaux au pied de cet arbre si populaire en décembre.
Un sourire se trace sur ses lèvres, ce qu'il n'a pas fait depuis bien longtemps. Il cherche du regard un quelconque indice pouvant expliquer cela. Il aurait facilement pu croire qu'un elfe ou une fée de Noël ait décoré tout son salon. Mais se dire que c'est son père qui l'a fait, ça relève du miracle, et ça, c'en est inconcevable pour celui-ci.
Il se hâte alors vers la cuisine pour retrouver sa famille qui est silencieuse. Comme prévu, elle s'y trouve.
Son père ne le regarde pas méchamment, mais plutôt avec compassion et amour. C'en est de même pour ses frères qui aiment habituellement le taquiner et l'énerver.
Tout semble s'être inversé. Songe-t-il.
«Bonsoir». Entame-t-il. «Je suis désolé de mon retard... Je...
- ... Ce n'est pas grave». Répond son père.
Qui aurait cru qu'il se montrerait compréhensif ?!
«Grand-père et grand-mère viennent souper, pour Noël».
C'était la plus belle phrase qu'il pouvait entendre. Fêter Noël avec sa famille, pour la première fois de sa vie... C'était impensable et incroyable. Il se demande d'ailleurs s'il ne rêve pas. Parce que rêver est plus crédible que la réalité.
«Papa... Tu vas bien ?». Demande-t-il sérieusement.
« Bien sûr... Pourquoi ?».
Il trouve cette question stupide.
«Monte te débarbouiller. On passera à table dans deux heures. Il y a une buche pour le dessert !». S'excite-t-il.
Il acquiesce et ne perd pas une seule seconde pour se préparer convenablement. Il dévale les escaliers et ressort ce cadeau offert par cette inconnue.
Maintenant, il en est sûr. Il n'y a qu'une seule explication. Ce cadeau en est la cause. C'est grâce à cet objet que le comportement de son père a changé.
Ce n'est autre qu'un miracle.
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We Wish You...
Storie breviRecueil de nouvelles spécial "Fêtes de fin d'année" Nous sommes une quinzaine d'auteurs à participer à cette aventure et nous espérons que cela vous plaira !