6ème cigarette

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   Je marchais depuis une heure dans le froid, à la recherche d'Axelle. J'ai croisé des potes à elle qui m'ont dit avec détachement où elle se trouvait. Il est 19h, je crève de faim, de froid, de fatigue, de peur et d'amour, mais elle me donnait un peu de force pour monter ces foutus escaliers blancs. J'ai frappé à la porte numéro 458. Elle ne répondait pas, alors je me permis d'entrer. Elle était là. Dans des vêtements moches d'hôpital en déperdition depuis 1979, mais elle était bien là. Elle a tourné la tête vers moi, et a écarquillé les yeux d'étonnement.

-Qu'est-ce que tu fous là?

- Tes potes teneurs de murs m'ont dit que t'étais ici. T'es malade?

-Ouais, vite fait... minimisa Axelle.

- Et tu comptes me dire ce que t'as ou je peux repartir dehors dans le froid en crevant de faim?

- T'exagères, Vit'. Juste une crise d'asthme qui a mal tourné.

C'était la première fois qu'elle m'appelait par un surnom. Qu'elle m'appelait tout court, d'ailleurs.

- Tu connais mon prénom, toi? demandai-je, l'air étonné.

- Ben oui... T'sais même si je le montre pas -ou mal-, je t'apprécie. Un peu.

- Au moins, c'est réciproque. Enfin, c'est logique, sinon je serais pas venue en marchant pendant un heure alors qu'il fait moins douze dehors... Bref. Tu fais de l'asthme, toi? demandai-je, chsngeant maladroitement de sujet.

- Non, 'fin normalement... J'ai fait une crise ce matin , encore... me répondit-elle, dépitée.

Elle me cachait quelque chose, et je pensais savoir quoi. Il y avait une autre raison pour qu'elle crèche dans cet hôpital.

- T'as fumé, avant de faire ta crise d'asthme? demandai-je, sachant d'avance la réponse d'Axelle le Pompier.

- Ben ouais...

- Espèce d'imbécile, c'est la clope qui te fait faire des crises d'asthme. répondis-je, l'engueulant à moitié.

-Merci, je sais, je suis pas conne à ce point. Mais ici, il fait chaud...

- Hein?

- Non, rien. Tu devrais rentrer, papa-maman vont s'inquiéter, sourit-elle malgré  l'aide respiratoire plantée dans son nez.

Je lui dis au revoir, d'un signe de la main, rouge jusqu'aux oreilles. J'étais une Vitalie rassurée, ce soir-là

elle était là SOUS CONTRAT D'ÉDITIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant