Elle était là, avec ses baskets trouées et son jean déchiré, debout devant moi. Je venais de la bousculer dans le couloir menant au hall, répendant ses quelques affaires au sol, dont Les Fleurs du Mal, mon livre préféré. Le lisait-elle?
Elle allait m'engueuler pour faire valoir sa réputation de fille associable, pourtant elle semblait hésiter, calculer tous les facteurs autour d'elle, dévisager tous les élèves autour, réfléchir à ce qu'elle allait dire au mot près. Elle ouvrit une bouche indécise et rien ne vint. Moi, j'attendais. "Bon alors, t'attends quoi pour m'engueuler? finis-je par demander, manquant de patience.
- J'vais pas t'engueuler. J'ai... Autre chose... à faire. bafouilla-t-elle en tentant de garder un semblant de contenance.
- Pas aller en cours de français, en tout cas, répliquai-je en secouant son sac à dos tombé au sol, qui acquiesça en faisant un bruit de verre caractéristique de la cuite qui allait suivre.
- Exact. Si tu veux te déchirer la gueule, tu sais où me trouver. Salut.
Je voulus la retenir, lui faire remarquer que non, je ne savais pas où la retrouver, mais je me ravisai. Je ne voulais pas finir au sol sous ses coups et ses injures, comme ce gars qui avait voulu l'inviter à sa soirée, en octobre. Elle était toujours sur la défensive, agressive, comme si quelqu'un lui voulait du mal mais qu'elle ne savait pas qui.
Je soufflai sur une mèche de cheveux courts qui me tombait sur le front, et repartis vers ma salle de cours. Il fallait que je me force un peu pour ne pas rater mon bac cette année, sinon j'allais avoir de sérieux problèmes, et cette furie n'y changerait rien.
Enfin, je crois.
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elle était là SOUS CONTRAT D'ÉDITION
Romance«Elle était là, avec ses baskets trouées et son jean déchiré,» A & V, elles sont là, mais surtout à la fin. Parce qu'elles auront juste assez de temps pour s'aimer et qu'on est jamais content de ce qu'on a.
