14ème cigarette

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    Elle était là, affalée sur mon sofa, alors que j'entrais chez moi. Je venais de rentrer de ma journée de cours, et comme je terminais à 16h, j'avais réussi à avoir un entretien d'embauche à 18h chez Burger King. 

   "- Ah, t'as réussi à sortir de ta prison dorée? constatai-je en souriant, l'air moqueur.

- Comme tu peux le voir, répondit-elle, pas peu fière.

C'est alors que je remarquai ses vêtements. Elle portait un leggings et un grand t-shirt, tout cela sorti directement de mon armoire aux étagères branlantes. J'haussai un sourcil amusé:

- Tu portes mes vêtements maintenant?

- J'utilise même ta machine à laver figure-toi... répondit-elle, masquant sa gêne derrière cette réplique audacieuse. 

- Je vois, t'inquiète pas, t'es chez toi, maintenant. Tu peux dormir dans le lit, et je dormirai dans le canap'...

- Non, inverse, ça reste ta chambre, ton lit et...

- Ne discute pas, la coupai-je. Bon, j'ai un rendez-vous à 18h pour ramasser des frites molles chez BK, je vais me changer et ensuite je stresse une heure, d'accord? 

- Ça marche, rit-elle. Je commande pizza ce soir?

- Ah, j'avais oublié que l'être humain se nourrissait pour vivre, ironisai-je. Ouais, pourquoi pas, 3 fromages pour moi. Bon, je reviens.

   Je m'enfermai donc dans ma chambre et mis un jean noir et une chemise blanche ajustée à la taille. Il fallait que je m'habille bien si je voulais réussir à faire oublier mon travail catastrophique chez MacDo à l'employeur, ce boulot où les plateaux pleuvaient dans la salle. Une fois terminé, je sortis de la pièce. Axelle me reluqua de haut en bas avant de déclarer:

- Faut te mettre en avant. 

- Hein?

- Ta tenue, faut qu'elle soit plus... "sexy" expliqua-t-elle en traçant les guillemets avec ses doigts, affichant un air timide, comme si ce qu'elle me disait était une invitation à la mettre dans mon lit.

- Ah... 

- Viens je vais te chercher un truc un peu plus sexy du coup, m'invita-t-elle en entrant dans la pièce.

-Oh... balbutia-je encore une fois.

   Une fois à l'intérieur, elle fouilla dans mon armoire, soulevant les piles de vêtements à la garçonne rangés négligemment sur les étagères. Elle sortit les seuls vêtements un peu féminins de la pile des vêtements que je devais jeter (mais la flemme m'en empêchait).

- Axelle, tu sais, je devais jeter ça... dis-je, peu rassurée.

- Mais c'est dommage, c'est joli. J'suis sûre que... Sur toi... Enfin, tu vois.

Elle me tendit un jean slim noir et un chemisier à volants ridicules et s'assit sur le lit.

- Ah, tu restes?

- Je pars, sinon, répondit-elle en rougissant.

- Comme tu veux, ça me dérange pas, mentis-je.

   En réalité, j'étais extrêmement gênée par son regard qui se promenait nonchalamment le long de mon corps, sans même qu'elle le remarque. Ma pudeur me criait de la faire sortir, mais je prenais un malin plaisir à tester mes propres limites. Jusqu'où étais-je prête à aller? 

   Je me changeai lentement, défiant de plus en plus ouvertement ma pudeur et ma timidité. Une véritable guerre commença alors entre elles et moi. Je retirai lentement mon t-shirt, face à Axelle qui était assise sur mon lit, face à moi, et qui me déshabillait du regard sans s'en rendre compte.

Plof, le t-shirt qui tombe mollement au sol. Vitalie: 1. Bouclier de tissu: 0. 

Mon jean large me faisait les yeux doux, me demandant de le laisser sur mes jambes tant qu'Axelle me fixait ainsi. Je desserrai la ceinture, lentement, odieusement, en narguant le pantalon charmeur.

Plaf-cling! Le jean s'en va rejoindre mon haut. Vitalie: 2. Bouclier: toujours 0. -1 pour Axelle qui a rougi.

Je sortis mes jambes du pantalon, lentement, comme si mes genoux étaient pleins d'arthrose. Il fallait maintenant que j'enlève ma brassière, pour l'échanger avec le soutien-gorge blanc, le diable déguisé en ange. Je m'extirpai de la brassière de sport (c'est fou comme c'est dur à enlever...) et restai un moment, brassière en main, interdite. 

Rien, la brassière qui tombe au sol. Je vérifiai que je l'aie bien lâchée, de crainte de l'avoir laissée dans ma main (auquel cas j'aurais l'air vraiment conne). J'étais désormais seins nus devant Axelle. Nue. Nue. Nue. Bordel.

Vitalie: 1 ( -1 à cause de mon blocage sur la nudité. Eh oui, la loi est dure mais c'est la loi.). Bouclier: encore et toujours 0. -10 000 000 pour Axelle. Inutile de préciser pourquoi.

Maintenant, il fallait que je réussisse à mettre le truc blanc. Ça ne devait pas être si compliqué, les autres en mettent tous les jours. 

Clic, les attaches qui se clipsent. Vitalie: 2. Bouclier + timidité de se retrouver en vrai soutif devant Axelle: 0,5 (quoi? Je n'allais pas donner l'avantage à un truc que j'ai moi-même inventé, quand-même...). -10 000 000,5 pour Axelle.

Je me vêtis du slim et du chemisier, et nous pouvons enfin souffler.

- Vitalie, c'était... commença Axelle, rouge jusqu'au oreilles.

- La guerre, complétai-je, presque essoufflée.

- Voilà, la guerre. Mais la guerre la plus agréable à voir du monde, répliqua-t-elle calmement.

- Hein...? J'veux dire... genre... A... agréable?

- Bah ouais, t'es pas vraiment ce qu'on pourrait qualifier de "moche" hein, rougit-elle.

- Ah, ajoutai-je très intelligemment.

- Bon, euh... Ton entretien...? me suggéra-t-elle, au cas où je l'oublie. Comme si je pouvais oublier un truc aussi important....

MERDE! Mon entretien...  J'avais oublié.

- Euh oui, j'y vais. Je t'appelle quand je sors?

- Ça marche. Je commanderai les pizzas vers 18 heures 30."

    Je sortis alors de la pièce, les jambes tremblantes. J'avais plu à Axelle. C'était la plus belle chose qui me soit arrivée. Plaire.

elle était là SOUS CONTRAT D'ÉDITIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant