Jour 7 : Jeudi 7 décembre 2006

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Dès mon retour du travail, Suna était devant l'immeuble, m'attendant impatiemment. Je l'avais prévenue que j'en aurais sûrement fini pour dix-neuf heures. J'aurais dû la prévenir que j'aurais pu avoir un peu de retard, ce qui était le cas.

— J'aurais dû m'y attendre que tu n'arrives pas à l'heure, lança-t-elle d'un air amusé.

— Le travail, soupirai-je.

Rapidement, nous nous dirigeâmes vers mon appartement qu'elle commençait à bien connaître. Son regard se pencha sur mon sapin, ce qui la fit sourire.

— Je ne sais pas pourquoi, je m'attendais à ce que tu le jettes, plaisanta-t-elle.

— J'aurais pu, en effet. Par contre, je vais devoir passer un dernier coup de fil, ça sera très court...

— Pour un assistant, tu as beaucoup de travail, me fit-elle remarquer.

— Assistant de Weston North, ça change tout, la corrigeai-je.

Je rejoignis ma chambre puis appelai North en vitesse. Je voulais surtout m'assurer que Jessica ne m'avait pas foutu mon dossier en l'air comme elle en était bien capable. Pendant ce bref appel, je me débarrassai de ma cravate et ma veste que je jetai sur le lit.

Puis je rejoignis Suna dans le salon, elle semblait assez surprise, comme si je la dérangeais. Elle s'attendait sûrement à ce que je prenne davantage de temps.

— Alors, qu'est-ce qu'on fait ? me demanda-t-elle.

— En fait, je n'ai pas vraiment d'idées... Mais si tu veux, j'ai de quoi boire...

— Sérieusement ? s'étonna-t-elle.

— Tu ne bois pas ?

— Pas vraiment, non.

— Je dois bien avoir un jus pour remplacer ça.

Elle baissa brièvement son regard puis écarta les mèches de sa chevelure brune qui tombaient dans ses yeux.

Aussitôt, chacun avait son verre. Elle, un simple jus de pommes tandis que je m'étais contenté d'un verre de vin. Elle insista pour trinquer et je ne pus m'empêcher de trouver ça presque étrange.

— Je ne sais pas si tu as oublié, mais si je suis venue, c'est pour qu'on parle, annonça-t-elle avec hésitation.

En effet, mais surtout parce que je voulais prouver à Paris qu'elle avait tort. Je devais vraiment montrer que tout allait bien et qu'il n'y avait aucune raison de s'inquiéter pour moi.

— J'étais surtout de très mauvaise humeur à ce moment-là...

— Alors, tu es très souvent de mauvaise humeur, renchérit-elle.

Elle n'allait vraiment pas lâcher le morceau. Une vraie acharnée celle-là.

— Je n'aime pas trop les fêtes de fin d'année, prétendis-je.

C'était quand même à moitié vrai. Je n'avais jamais apprécié cette période puis on enchaînait avec mon anniversaire. N'importe quel moment de l'année était forcément mieux...

Je bus une gorgée de mon verre tandis qu'elle me regardait d'un œil intrigué. Elle n'arrivait pas à faire abstraction de tout ça, bien évidemment.

Elle semblait vouloir poser davantage de questions, mais se tut, ne voulant certainement pas devenir intrusive. Elle avait l'air néanmoins perdue, ne sachant sûrement plus quoi dire.

— Est-ce que tu as faim ? lui demandai-je pour briser ce foutu silence.

— Un petit peu, répondit-elle timidement.

— Une préférence ?

— Je sens qu'on va encore finir avec une pizza...

Nous échangeâmes un bref sourire. C'en était une certitude. Alors que j'étais sur le point de me lever du canapé, et sans trop comprendre comment, mon verre se renversa sur moi. Je n'avais vraiment pas de chances ces derniers jours.

— Oh merde ! laissa-t-elle échapper en posant sa main sur sa bouche.

Elle posa aussitôt son verre sur la table basse puis s'empara de quelques mouchoirs pour éponger ma chemise.

— Heureusement que tu as un tas de mouchoirs dans ton sac, lui fis-je remarquer.

— En effet ! rit-elle.

Soudainement, son rire s'arrêta brusquement lorsqu'elle baissa son regard, comme si quelque chose l'avait interpellé, puis elle reprit de plus belle, mais presque gênée. Quelque chose l'avait perturbée pendant un instant, pourtant, je fis comme si je n'avais rien constaté.

— Je crois que ta chemise est foutue, lâcha-t-elle, assez embarrassée.

— Ce n'est pas grave. C'est une chemise comme une autre... J'en ai plein dans les placards... et puis ça fera plaisir à mon pressing.

— Tu ne nettoies pas tes fringues ? s'étonna-t-elle.

— Bien sûr que si... mais une tache de vin c'est un peu plus délicat !

Encore une fois, elle rit. Elle semblait vraiment s'amuser et la briser me semblait désormais improbable. L'envie de contredire Paris était forte, mais pas au détriment d'une innocente...

La Nitescence des PerdrixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant