Jour 6 : Mercredi 6 décembre 2006

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Dès que je franchis le seuil de l'entreprise de North, Jessica rappliqua comme toujours, me jetant son café préféré et bien brûlant au visage.

— Bonne journée Triaghan ! lança-t-elle sarcastiquement.

— Connasse va...

Je tentai de contenir ma colère et me rendis aussitôt à mon bureau, mais être calme n'allait pas être simple. En particulier quand je croisai Suna qui m'attendait.

— Suna ? Tu fous quoi ici ? m'étonnai-je.

— Je sais pas... Discuter peut-être ? Et c'est quoi ce que tu as...?

— Du café...

Elle s'empara d'un mouchoir de son sac puis essuya mon visage. Aussitôt, je l'arrêtai, prenant son mouchoir contre son gré.

— Pourquoi tu as du café partout ? s'enquit-elle, les sourcils froncés.

— Une connasse s'est amusée à m'en renverser... Comme toujours...

— Du harcèlement ?

— Je le lui rends bien, rétorquai-je pour éviter qu'elle s'inquiète de cette situation.

Je jetai le mouchoir dans une corbeille puis m'assis devant mon ordinateur, prétendant l'ignorer.

— Et... est-ce que je pourrais avoir une explication à propos d'hier ? Tu étais vraiment avec cette fille ou tu l'as fait volontairement pour me blesser ?

Je levai mon regard vers elle pour apercevoir son visage contrit. Si mon but était de la blesser, j'avais bel et bien réussi. Elle était profondément détruite. Elle n'aurait pas dû. Je ne méritais même pas sa tristesse.

— Suna, je pensais être clair sur un point. Ne t'approche pas de moi, fis-je d'un ton menaçant.

— Pourquoi ? Je ne comprends pas. Explique-moi...

— Ça n'a aucun intérêt...

— Tu sais ce que Paris m'a dit à ton sujet ? Que tu n'allais pas bien et je pense que c'est le cas. Il faudrait peut-être que tu arrêtes de repousser les autres...

Elle s'en alla précipitamment sans même me laisser le temps de répliquer. Dans le fond, qu'aurais-je bien pu lui dire ? Bien évidemment que j'allais m'éloigner d'elle. Personne ne devait regretter ma mort...

*

Le soir, mes émotions ne s'étaient toujours pas calmées. Pourquoi m'étais-je fixé une date ? Pourquoi ne pas le faire maintenant ? J'avais tout ce qu'il fallait chez moi... N'importe quel objet pouvait devenir une arme redoutable...

Finalement, j'avais cédé aux pulsions que j'avais abandonnées depuis quelque temps et m'étais lacéré les bras. Et pourtant, même avec ça, les pleurs étaient toujours là. J'essayais de me calmer en regardant la télévision, mais vainement. Je finis par jeter la télécommande au sol et pris mon visage entre mes mains.

Alors que je perdais la tête, mon téléphone vibra. Qui pouvait bien me faire chier à ce moment ?

Je m'en saisis, venant de recevoir un message.

« Salut, c'est Suna. Paris m'a passé ton numéro. Si jamais tu veux discuter, c'est quand tu veux. »

Paris... Pourquoi lui avait-elle laissé mon numéro ? Maintenant elle allait devenir plus collante que jamais. Sans réfléchir à ce que je faisais, j'appelai Paris pour mettre les choses au clair. Elle ne tarda pas à décrocher et avant même qu'elle puisse réagir, je pris le dessus de la conversation.

— D'où tu donnes mon numéro à des inconnus ? m'emportai-je, ne contrôlant plus rien.

— Bonsoir Paris, ça va ? Oui et toi ? Oui, très bien. Attends un peu... Je comblais ton manque de politesse.

— Paris ! Je veux une réponse ! m'écriai-je, passant ma main dans les cheveux.

— Tu ne vois pas le problème ? Tu me parles à peine, alors je me suis dit que peut-être si je te faisais découvrir quelqu'un, ça t'aiderait...

Je me retins de lui répondre que, de toute manière, je serais bientôt mort dans les jours qui suivraient.

— Ça ne sert à rien, murmurai-je.

— Arrête de nier ! Je ne suis pas une idiote, je vois bien qu'on s'éloigne et je ne comprends pas pourquoi...

— Tu sais quoi ? Ça ne marchera pas avec Suna. Juste pour t'emmerder, je vais tout faire foirer...

— Et comment tu comptes tout faire foirer ? Tu la prends pour une idiote ? demanda-t-elle ironiquement.

— Tu vas bien vite le regretter, lançai-je d'un air menaçant.

Aussitôt, je raccrochai. Elle voulait me piéger avec son amie, elle venait de l'impliquer dans une histoire qu'elle allait regretter. Je m'empressai de rédiger un bref message à Suna, espérant la piéger aussi facilement.

« On peut en discuter demain soir, chez moi. J'aurais du temps après le travail. »

« Avec plaisir. :) »

Un smiley... Elle avait osé le smiley. Ça allait être plus simple que je le croyais. Peut-être même un peu trop simple...

La Nitescence des PerdrixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant