Jour 4 : Lundi 4 décembre 2006

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Je déposai un dossier sur le bureau de Weston et il me dévisagea immédiatement.

— Qu'est-ce donc ? me demanda-t-il d'un air placide.

— Le compte-rendu de vos dernières affaires, expliquai-je d'une voix neutre.

— Tu sais que ça peut attendre la fin du mois ?

Non, ça ne pouvait pas attendre, je serais mort à cette date-là. Encore faudrait-il que je trouve un moyen vraiment efficace pour mon suicide, chose que je n'avais pas encore recherchée.

— Je vous en ferai un autre pour la fin du mois alors, rétorquai-je comme si de rien n'était.

Notre discussion fut rapidement interrompue par l'arrivée d'un indésirable dans le bureau. Nash ne daigna même pas me regarder qu'il se jeta aussitôt sur North pour l'asséner de remarques toutes plus inutiles les unes que les autres.

— Il va falloir que l'on discute nous deux, annonça le nuisible.

— L'affaire est close. Tu n'as pas su te défendre à temps, tant pis pour toi, rétorqua Weston sans la moindre honte.

Je les regardais se battre. Je n'étais même pas étonné de la tournure des évènements. Nash Nichols était le genre de personne qui prétendait être fort mais n'y parvenait jamais. Il suffisait de le voir face à North. Tout le monde n'avait pas les capacités de gérer une entreprise.

— J'aurais dû me douter que tu utilises ce genre d'arguments, mais ce n'était même pas honnête comme manière d'agir ! s'écria l'intrus.

— Je vais appeler la sécurité, annonçai-je, prenant étrangement les devants.

North n'eut rien contre mon audace tandis que Nash me fusilla du regard. Pour une fois, il avait enfin constaté ma présence.

— D'où un petit assistant de merde va m'empêcher de reprendre un contrat ?

— Ce n'est pas vraiment le cas. Vous n'êtes ici que pour l'importuner, lui fis-je remarquer.

Il soupira, agacé, puis menaça son adversaire une dernière fois avant de partir. J'échangeai un long regard fort en sous-entendus avec North. Je n'aurais peut-être pas dû m'imposer, pourtant, il ne le regrettait pas. Ce n'était qu'exceptionnel, bien évidemment.

Il me congédia et je pus enfin quitter son bureau, pouvant m'atteler à d'autres affaires.

Sur le trajet pour rejoindre mon bureau, je croisai cette blonde que je supportais de moins en moins ces derniers temps, Jessica. Elle voyait bien que North me préférait et était prête à tout pour m'évincer et devenir la seule et unique assistante.

— Alors, quoi de neuf Triaghan ? demanda-t-elle d'un air mesquin.

— Rien qui puisse t'intéresser.

— J'aurais dû m'y attendre... Tu es toujours aussi inintéressant.

Elle but une rapide gorgée de son café puis s'arrêta en même temps que moi en face de mon bureau.

— Tu n'as vraiment rien à faire ? l'interrogeai-je, ne pouvant plus la supporter.

— Si, mais avant...

Elle ne se gêna pas pour me lancer son café brûlant au visage. Évidemment, elle ne changeait pas. Elle avait vraiment de stupides habitudes.

— Très drôle Jessica, ironisai-je.

— C'était un plaisir Triaghan, rétorqua-t-elle d'un air amusé.

Elle s'en alla aussitôt. Quelle imbécile...

Je finis par rentrer dans mon bureau et croisai Paris qui semblait furieuse. Du moins, ça ne dura pas, affichant un sourire en croisant mon regard.

— Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-elle.

— Juste une conne comme une autre...

Je pris quelques mouchoirs pour m'essuyer le visage. Bien évidemment, ma chemise était foutue, comme toujours. J'étais une vraie mine d'or pour le pressing de mon quartier.

Heureusement, j'avais quelques fringues de rechange. Aussitôt, j'enlevai ma veste ainsi que ma chemise tandis que Paris ne pouvait s'empêcher de me parler.

— J'ai parlé avec Suna. Pourquoi tu lui as dit de s'éloigner de toi ?

— Parce que c'est le mieux pour elle, répliquai-je en enfilant ma chemise.

— Mais elle ne t'a rien fait ! Suna est quelqu'un d'adorable !

— Et de très collante aussi, ajoutai-je en boutonnant ma chemise.

— Ça te ferait du bien de te défouler un peu avec quelqu'un... Parce que je sais que tu me parles de moins en moins en ce moment. Ne me prends pas pour une idiote... C'est comme ça ces derniers mois... Je ne comprends pas.

— J'ai beaucoup de travail, mentis-je.

En réalité, je ne lui avais rien dit sur ma dernière tentative de suicide ratée. Elle était partie au Mexique pour passer un peu de temps avec sa famille. Elle m'avait proposé de la rejoindre, mais mal à l'aise, j'avais refusé et j'avais préféré déprimer dans mon coin.

— Je sais que c'est faux. Y'a quelque chose qui se passe... Alors ne repousse pas les autres parce que c'est plus simple...

— Tout va bien ! prétendis-je d'une voix assez élevée.

— Alors pourquoi tu as besoin de le crier ? Je te connais plus que tu ne te connais toi-même.

Malheureusement, elle voyait toujours juste, mais je ne voulais certainement pas lui raconter mes futurs projets de suicide.

— J'espère que tu vas finir par changer d'avis et rapidement, lança-t-elle en s'approchant de la sortie.

Nous nous échangeâmes un dernier regard, plutôt triste. Je m'éloignai de tout le monde, mais ce n'était pas pour rien...

La Nitescence des PerdrixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant