Jour 5 : Mardi 5 décembre 2006

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Après cette journée de travail assez épuisante, Weston me proposa comme à son habitude une sortie dans son bar préféré. Rien de mieux pour s'amuser un peu le temps d'une soirée...

Le videur me regarda à peine, il commençait à me connaître. Dire que je n'avais même pas l'âge pour être dans ce genre d'endroit. De toute manière, je serais mort avant d'avoir cet âge-là... Peu importe...

Comme toujours, tous les regards se tournèrent vers Weston. Tout le monde le connaissait suffisamment pour savoir quelle fortune il représentait dans ce bas monde. L'argent attirait tout le monde, peu importe ce que la plupart pouvaient penser à ce propos...

Avant de pouvoir profiter pleinement de la soirée, il nous fallait un verre, ce pourquoi nous étions à l'écart de la foule dans cette salle à l'étage. Nous pouvions les apercevoir se déhancher au rythme de la musique. Cependant, peu me remarquaient. Après tout, je n'étais rien pour l'instant, juste un simple assistant.

Weston s'approcha de moi, me tendant un verre dont je m'emparai aussitôt. À son tour, il regarda la foule d'un œil aguicheur. À chaque fois qu'il venait ici, il devait en ressortir avec une femme différente.

— Alors, tu en as vu qui te plaisaient ? me demanda-t-il.

— Pas vraiment...

Étrangement, je n'avais pas le cœur pour la moindre sauterie. Juste boire me conviendrait...

— Il y en a pas mal d'intéressantes. Tiens... Comme cette petite brune toute seule au bar...

Mon regard suivit le sien, essayant d'apercevoir la fille en question. Aussitôt, je reconnus Suna. Que faisait-elle ici ? Ce n'était pas du tout son genre...

— Suna, murmurai-je, déstabilisé de sa présence.

— Tu la connais ?

— Oui... Je l'ai vue ce week-end... Mais... Mais je l'ai repoussée.

— Repousser ? C'est une plutôt bonne technique. Les femmes ont tendance à s'accrocher davantage quand on les repousse...

— Mais je ne veux pas qu'elle s'accroche justement ! ripostai-je aussitôt.

— Ne me dis pas que tu ne savais pas ça, parce que là tu as merdé sur ce coup-là...

Comment une femme pouvait-elle vouloir de moi alors que je lui disais de fuir ? Fuis-moi, je te suis. Suis-moi, je te fuis. Je ne pensais pas ce genre de conneries vraies...

Soudainement, son regard se tourna vers moi. Elle m'avait vue. Elle m'adressa un sincère sourire tandis que je restais placide. Comment devais-je faire désormais pour la repousser ?

— Cette fille s'intéresse vraiment à toi, tu peux toujours essayer, déclara Weston presque amusé.

— Cette fille veut quelque chose de durable... Je ne veux pas quelque chose de durable. Elle ne peut pas s'accrocher à moi...

— Tu crois vraiment qu'en la repoussant ça va marcher ? m'interrogea-t-il tout en sachant davantage que moi.

— Et lui donner de faux espoirs, c'est bien pire, soupirai-je.

— À ta place, je m'amuserais au moins une fois au lit avec elle...

Je voulus répondre quelque chose, mais en vain. Je posai mon verre et sur un coup de tête, descendis d'un étage pour rejoindre la foule. Suna semblait m'avoir remarqué. Cependant, je n'allais certainement pas la voir.

Avec hésitation, je m'approchai d'une fille seule. Peu importe qui était-ce, elle allait pouvoir m'être utile.

— T'as un problème peut-être ? me demanda-t-elle d'un air arrogant.

— Oui, j'ai un problème. Une fille assez collante est dans ce bar et je veux lui prouver que c'est impossible entre nous...

Elle rit à ma remarque. Pourtant, j'étais plus que sérieux. Je comptais sur elle pour me sortir de cette situation, même si c'était stupide.

— Tu as juste à te faire passer pour ma copine le temps qu'elle comprenne, expliquai-je.

— Je ne suis pas une pute...

J'aurais mieux fait de trouver une pute et de la payer en conséquent, surtout que je savais qu'il y en avait quelques-unes dans ce bar, toujours à la recherche du gros poisson.

— C'est juste pour s'amuser, prétendis-je.

Je constatai que Suna s'approchait dangereusement de nous deux.

— Si tu veux, tu peux m'embrasser pour la faire fuir, me proposa-t-elle en remarquant mon air paniqué.

Alors, cette inconnue et moi nous embrassâmes langoureusement, par pure provocation. Suna s'arrêta en chemin, me regardant sans comprendre la situation. Tant mieux, c'était la réaction que je voulais qu'elle ait. Elle partit aussitôt, n'essayant pas le moindre discours.

Dès que je me détachai de l'inconnue, elle me lança un sourire satisfait et je lui payai un verre comme pour la dédommager. Évidemment, je n'étais rien pour elle. Dans le fond, je m'en fichais.

Je pus apercevoir Suna une dernière fois, de dos, quittant le bar. Je n'aurais peut-être pas dû faire ça...

Puis mon regard se posa sur Weston, celui-ci était déjà en train de s'amuser avec une femme qu'il venait à peine de rencontrer. Chacun s'amusait comme il pouvait...

Voulant terminer la soirée sur une bonne note, je m'approchai de Jordana que je venais tout juste de remarquer au loin. Cette belle blonde allait encore une fois m'offrir ses services en échange de quelques dollars...

La Nitescence des PerdrixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant