Si Paris pensait m'arrêter en me confisquant tout objet tranchant, elle avait tort. En effet puisque le lendemain même, j'étais passé dans le supermarché du coin pour racheter tout ce qui me manquait. Pour ne pas faire suspect, j'avais acheté des objets inutiles comme des fourchettes alors que j'en avais encore des tas ou la moindre connerie en promo.
Alors que je faisais la queue en caisse, Paris m'avait envoyé un habituel message pour s'assurer que j'étais encore en vie. Elle ne me posait pas directement la question, mais il était évident que c'était la raison pour laquelle elle prenait de mes nouvelles.
De retour chez moi, j'avais remis les choses à leur place. Et pendant un long moment, j'avais fixé ces lames de rasoir. J'étais sur le point de céder, mais pas cette fois-ci.
Rapidement, j'avais pris des nouvelles à l'entreprise, espérant être appelé pour un travail quelconque à la dernière minute, mais vainement. Visiblement, j'avais le droit à mon dimanche bien que je n'en veuille pas. Je n'avais absolument rien à faire et le meilleur moyen de passer le temps était de regarder la moindre atrocité pouvant passer à la télé. Au moins, c'était un bon prétexte pour un jeu d'alcool, même si c'était seul et que je pouvais inventer des cases à ce bingo imaginaire.
Après tout, je n'avais rien de mieux à faire... et je n'avais pas envie de quoi que ce soit.
*
Quelqu'un frappa à la porte, me tirant encore une fois de mon sommeil. Encore Paris. Mais il devait être bien trop tard pour qu'elle vienne. Et puis, j'avais pas mal bu. Peut-être un peu trop.
Évidemment, elle ne partirait pas. Alors je quittai le canapé, prenant une rapide gorgée de mon verre, avant de lui ouvrir la porte. Cette fois-ci, elle ne força pas le passage et je l'invitai à entrer. Immédiatement, son regard se posa sur la bouteille et le verre posé sur la table, ce qui la fit soupirer.
— Je pensais que je me faisais des idées, mais tu sentais clairement l'alcool, lâcha-t-elle mêlant à la fois de la colère et de la déception.
— Mais je suis encore en vie ! rétorquai-je.
— Dans quel état ? J'aurais dû virer tout ça ! déclara-t-elle en croisant ses bras.
— J'ai tout racheté et si tu recommences à tout jeter, je rachète. On peut jouer à ce petit jeu pendant encore très longtemps.
Elle soupira longuement. Je savais très bien que rapidement, elle abandonnerait. Peut-être qu'elle se ferait à cette idée, peut-être qu'elle l'accepterait enfin... Même si je savais qu'en réalité, elle n'aurait juste plus l'énergie et culpabiliserait jusqu'à la fin de ses jours. Et malheureusement, j'arrivais à rester insensible à cette pensée.
— Tu ferais mieux de te poser et de prendre un verre, lui proposai-je.
— Cole... Je n'ai pas envie de boire. Et je vais pas supporter ça longtemps. Je veux juste t'aider et que tu arrêtes de prétendre que la situation est normale.
— Tu veux quoi comme genre d'alcool ? lui demandai-je, ignorant ses propos.
— Et aussi que tu m'écoutes enfin bordel de merde ! s'emporta-t-elle.
— Je te l'ai dit Paris. Je n'ai pas besoin d'une mère. J'en ai déjà eu une et elle a échoué. Ce que je veux maintenant, c'est d'en finir parce que ça fait un an que je me dis que j'aurais dû être mort.
Elle s'assit sur le canapé, assez mal à l'aise.
— Sers-moi ce que tu veux, on va discuter, déclara-t-elle en s'affalant dans le canapé.
Immédiatement, je partis chercher un verre et lui remplis un verre de whisky, celui qui m'avait accompagné tout au long de ma journée. Comme si de rien n'était, je trinquai avec elle, mais je voyais bien qu'elle ne pouvait pas se mentir à elle-même aussi longuement.
Elle fixait son verre, incapable de prendre la moindre gorgée, et l'air triste qui s'était installé sur son visage depuis un bon bout de temps était encore présent.
— Cole... Je veux faire quelque chose pour t'aider, mais je suis à court d'idées. Tu veux que je t'aide à trouver un psy ?
— Je doute que voir un psy puisse m'aider, rétorquai-je immédiatement.
— Ça a marché pour des tas de gens... Je suppose que ça peut te faire du bien. Ça serait même normal après ce que tu as vécu.
— Je contrôle ma vie, lui assurai-je, sûr de moi.
Elle pencha sa tête un instant et ouvrit grand les yeux, assez étonnée. Puis elle posa son verre avant de prendre la parole.
— Pardon ? Tu oses vraiment dire ça ? lâcha-t-elle sans le moindre tact. Et je sais même plus quoi te dire... Au pire, trouve-toi une activité qui te plaît, fais-le même avec Suna... Mais tu ne peux pas rester comme ça... et je refuse que tu mettes fin à tes jours. J'ai pas envie de te perdre...
— Ce ne sont pas ce genre de paroles qui va me faire changer d'avis...
— J'aurais tellement voulu, soupira-t-elle.
Elle reprit alors son verre et en bus une grande gorgée. J'aurais tellement voulu qu'elle arrête de s'inquiéter pour moi, mais les choses étaient ainsi faites. Et malheureusement, je ne pouvais pas les changer en un claquement de doigts.
Nos regards se croisèrent et il y avait désormais comme un malaise entre nous. Puis elle baissa son regard.
— Tu pourras prétendre que tout va bien aussi longtemps que tu le veuilles... Mais moi, je le vois que rien ne va... et j'espère que tu arriveras à surmonter ça. Parce que tu mérites tellement mieux...
Elle posa son verre et s'en alla sans même me laisser le temps de rajouter quelque chose. Je pensais pouvoir oublier cette discussion, malheureusement, elle ne cessait de tournoyer dans mon esprit...
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La Nitescence des Perdrix
Ficción General[TW : Suicide, Harcèlement, Sexe, Alcool] ----------------------------------------------❥ Un an après sa dernière tentative de suicide, Cole n'a toujours pas trouvé une raison de s'accrocher à la vie et prévoit donc de se donner la mort durant les f...