L'orphelinat de Miss Brown n'était qu'une modeste bâtisse, coincée à l'angle d'une rue, entre un vieux restaurant et une ancienne bibliothèque. Devant lui s'étendait la place du village, avec ses marchés, ses spectacles et ses passants qui ne semblaient jamais pressés. Quelques rues plus loin, on trouvait le canal, où les enfants jouaient les jours d'été et où les bateliers naviguaient paisiblement en prenant le temps de se saluer car, dans la petite ville de Lakotia, on n'avait jamais à se soucier d'urgence.Miss Brown avait toujours été fière de son établissement, elle aimait beaucoup ces enfants dont elle s'occupait et elle n'avait en général pas à se plaindre de leur comportement. Mais aujourd'hui, l'atmosphère était pesante. En effet, cela faisait bientôt une semaine qu'il pleuvait sans interruption et le confinement à l'intérieur commençait à faire naître des tensions entre les enfants... Rien que l'après-midi dernier, une bagarre avait éclatée entre Steven et Angélica pour une histoire de cartes de jeu. Le garçon s'était retrouvé avec un œil au beurre noir quant à Angélica, elle avait été consignée dans sa chambre pour le restant de la journée.
Miss Brown songeait à tout cela en regardant la pluie tomber sur les pavés de la cour. Il pleuvait si fort qu' à plus de quelques mètres de distances, tout disparaissait derrière un rideau de pluie sombre et intimidant. Cette idée lui donna la chair de poule. Son attention fut attirée par un détail de l'autre côté de la fenêtre, une tâche sombre. Elle continua à fixer cette étrange apparition et en quelques secondes, une silhouette commença à se dessiner. Elle frissonna : "Qui peut bien vouloir se rendre à l'orphelinat par un temps pareil ?"
Quelques instants plus tard, elle entendit trois petits coups secs contre la porte et s'empressa d'aller ouvrir. Et elle fut presque surprise quand elle vit que le jeune homme qui se tenait devant elle n'avait strictement rien d'effrayant. Elle lui donnait une vingtaine d'années environ. La pluie avait collé les mèches noirs de ses cheveux contre son visage. Il avait la mâchoire carrée et souriait d'un air embarrassé. Une fillette brune qui semblait plongée dans un sommeil éternel dormait dans ses bras et à côté de lui se tenait un jeune garçon qui devait avoir le même âge que la fille. Il avait les yeux bleus glacés et des cheveux blonds mi-longs lui encadraient le visage. Ils étaient tous les trois trempés.
- Je suis désolé de vous déranger, je cherche l'orphelinat...
Il avait la voix à la fois grave et claire.
- Vous y êtes monsieur, je peux vous aider ?
- Ah ! Excusez-moi, je n'avais pas vu... Je... hum...
- Ne vous excusez pas, ça n'a rien de grave. Entrez, vous devez être mort de froid.
Elle fit entrer les trois individus et les accompagna jusqu'au salon. Tout le long du chemin, les enfants les dévisagèrent et Miss Brown songea qu'elle allait devoir leur expliquer une autre règle de politesse.Le salon était une petite pièce à la fois modeste et raffinée. Il y avait en son centre une cheminée entourée par trois canapés. Ils s'assirent tous les trois autour du feu qui brûlait dans la cheminée et le jeune homme allongea la fillette sur l'un des canapés.
- Alors, en quoi puis-je vous aider ?
- Hum, eh bien... Je ne peux malheureusement plus m'occuper de mes deux... neveux, je... Je crois qu'il seront mieux ici.... Si vous acceptez...
Il bredouillait en fixant le sol, Miss Brown eu vraiment pitié de lui et de ces deux enfants.
- Bien sûr. Je serai ravie de les accueillir. Quel âge ont-ils ?
Il se tourna vers le garçon, qui regardait fixement le feu dans la cheminée, puis il annonça :
- Mallory a huit ans. Et Manon sept.dit-il en désignant la fillette. Elle est fatiguée. On a fait... un long voyage...
- Vous devez être épuisés. Vous pendrez bien quelque chose à boire ? Du thé peut-être ?
- Vous êtes trop aimable. Je vous remercie mais je suis pressé.
- Vous n'allez tout de même pas partir tout de suite ?! Mallory tu veux quelque chose ?
L'enfant attendit quelques secondes avant de répondre. Comme si le simple fait de lui adresser la parole lui inspirait déjà un profond dégoût.
- Je n'ai pas soif. Je vous remercie.
Il demeurait déjà le mieux élevés de tous ses pensionnaires.
- Je pense qu'il est temps que je parte. déclara le mystérieux inconnu en se levant.
- Déjà ?! s'étonna Miss Brown. Vous venez à peine d'arriver !
Mais voyant qu'il restait décidé à partir, elle l'accompagna jusqu'au porche, suivie de Mallory. L'homme posa son regard sur l'enfant.
- Au revoir Mallory.
Quelque chose clochait dans le son de sa voix. On y aurait presque discerné une pointe de moquerie.
- Va t'en. Je te hais.
Cette réponse se révélait plus inattendue encore. Ce n'était pas quelque chose qu'on disait à son oncle quand on s'apprêtait à ne plus le revoir ! Mais l'inconnu ne parut pas s'en importuner. En fait, il paraissait même s'en moquer car il partit sans se retourner. Miss Brown ne se rendit compte que plus tard qu'il ne lui avait même pas donné son nom.Quant à la fillette, Manon, elle se réveilla le lendemain matin. Sans aucun souvenirs ni de la veille, ni de toute sa vie auparavant.

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Massakota
FantasiPourquoi ne se rappelle t-elle d'aucun éléments de son passé ? Pourquoi la seule personne sensée avoir un lien avec celui-ci s'obstine à ne rien lui dire ? Et par-dessus tout qu'est-ce qui a bien pu pousser son oncle à les laisser ici, dans cet orp...