Chapitre 11

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Nouspercevons parfois tard ce que les autres déchiffrent en nous. Si jepense à tout ça, c'est parce que je l'ai vécu.


Quandj'ai commencé le travail avec Goldy, Jérôme a rapidement perçunotre lien et a imaginé ce que j'allais pouvoir réaliser avec sajument par la suite sans que je me doute de quoi que ce soit !Pourquoi cette notion de détermination est-elle essentielle ? Elles'est ajouté à ma volonté et m'a permis d'aller au-delà detous mes désirs. Elle a aussi renforcé ma personnalité. Pourtraduire mes propos par la pensée, je dirais que lorsque je medisais : «Tiens j'aimerais beaucoup faire ce concours ! », celarésultait d'une idée, d'un désir. Cependant, lorsque je me disais: «C'est vraiment cela que je désire faire et pour ceci je vais medonner les moyens d'y arriver !», cela correspondait à ladétermination. A ce stade-ci, ce n'était plus une pensée.Évidemment, il y a un faible écart entre la volonté et ladétermination mais c'est celui-ci que je devais en fait ne pasnégliger dans ma vie de tous les jours. Cet écart faisait ladifférence entre le fait d'abandonner ou de continuer. Ce n'étaitpas le tout de me dire que j'allais me donner les moyens d'yarriver car cela ne suffisait pas toujours, et c'est ce que Jérômem'a enseigné mieux que quiconque... Cela ne dépendait pasuniquement de moi sinon tout aurait été simple et évident. Et sitout était simple, je n'aurais pas eu de mérite pour ce que j'aiaccompli avec Goldy. Au bout d'un moment en équitation, alors que jeprogressais vraiment, tout s'est effondré autour de moi, sans queje m'en sois rendue compte... Mais j'ai compris ce qui s'étaitpassé.


J'aivoulu aller trop vite et j'ai brûlé les étapes dans mon histoireavec Goldy. J'avais imaginé pouvoir en un an à peine présenterune démonstration pour montrer aux gens le lien de familiaritéentre nous et j'avais sans doute envie de prouver quelque chosealors qu'il ne faut jamais penser comme ça avec les chevaux, je lesais maintenant. C'est pourquoi j'aime partager mon expérience,afin de montrer que malgré les erreurs, j'ai retrouvé avec ellela complicité d'avant grâce à beaucoup de patience et à uneremise en question. Après tout, la vie est faite de joie et deréussites mais aussi de tristesse et de défaites que seule uneenvie et un acharnement certain à toute épreuve peuvent aider àsupporter...



Danstous les cas, j'avais conscience que, dans la vie, il fallait chaquejour se battre afin de faire ses preuves. Lorsqu'avec Goldy, je nesavais tout simplement plus comment m'y prendre, je me perdaisfréquemment dans mes pensées et j'étais emportée dans un autremonde qui me semblait inconnu au premier abord. Finalement, je metrouvais entourée de chevaux dans un endroit qui m'inspiraitconfiance, un lieu ou je me sentais tout à fait à ma place, etc'est aussi grâce à cette prise de conscience et ces pensées quej'ai retrouvé le chemin à suivre. J'imaginais alors un avenirplein de réussites et de bonheur, mais j'étais assez rêveuse àce propos car tout ne se déroule jamais comme on le voudrait, c'estune évidence ! En me faisant une raison et en profitant uniquementdu moment présent, je songeais alors à ce que je pourrais tenter dedifférent avec les chevaux et j'essayais surtout de me remémorerles moments de doute qui m'ont permis d'avancer ainsi que les momentsde réussite m'ayant permis d'avoir plus d'assurance, ce qui a faitévoluer ma passion en un rien de temps. Si j'ai pensé à toutceci régulièrement, c'était sûrement parce que je me révélait progressivement dans le travail en liberté. Cela faisait trois ouquatre séances que je montais à cru, uniquement avec la voix !!! Cefut comme un rêve éveillé pour moi, la première fois que je suisparvenue à diriger la jument de Jérôme naturellement, sansl'équipement... Après ces nombreuses séances à cru, je me suisrendue compte de la nécessité de la voix dans toutes lesdisciplines et particulièrement dans le dressage en liberté. Il merestait uniquement mon assiette et mes jambes, c'était doncimportant de rajouter la voix. Avant de pouvoir diriger en liberté,j'y suis allée progressivement et même fait un petit travailpréparatoire mais mon ouvrage n'est en rien un guide de l'équitationet je n'ai pas l'expérience nécessaire pour suggérer une techniqueà suivre. Je dirai que cela se fait au rythme du cheval et ducavalier. J'avais vraiment une grande volonté de progresser aveccette jument et les chevaux que je voulais travailler ensuite.L'univers du spectacle équestre m'attirait vraiment et j'avaismême l'impression de me rapprocher de mon objectif final. J'avaisentendu de nombreuses fois qu'en liberté, il ne restait que lavérité. Ayant rêvé tant de fois de pouvoir monter à cru enliberté sans jamais avoir réellement l'occasion de le faire, jecommençais à établir un lien avec une jument, cette complicité àlaquelle j'ai laissé le temps de grandir. En réalité, jamais jen'avais pensé vivre une aventure aussi passionnante que celle-ci...Les remerciements ne suffiraient même pas à exprimer mes sentimentset mon bonheur. J'avais à ce moment-ci le projet de continuer messéances d'équitation western en travail de fond et je voyais laliberté comme une finalité, ce que jugeais raisonnable et qui abien fonctionné. Je voudrais juste rajouter l'idée que notreaventure avec Goldy n'est pas prêt de se terminer. Il nous restetant à accomplir. Si je parviens à vivre ma passion pleinement,c'est grâce aux personnes que j'ai eu la chance de rencontrer et auxopportunités qui se sont présenter à moi... Mais rien n'étaitgagné à ce moment-ci, tout comme maintenant, et je me rend compteque je n'avais pas à m'accorder le droit, et surtout laprétention, de tout prédire à l'avance. Avec les chevaux, ce sontles résultats qui témoignent de notre avenir et non ce que nousimaginons. Ne pratiquant pas la liberté avant, j'étais chaquejour étonnée de ce sentiment que j'éprouvais à l'unique contactde la crinière et du dos du cheval. Une sensation de puissance queje n'aurais jamais pensé ressentir auparavant. Cette autre approchede travail que je recherchais me semblait si peu réalisable quej'avais bien cru ne jamais pouvoir la pratiquer. Comme quoi, toutarrive au moment ou je ne m'y suis attendue le moins. Qui sait,peut-être que le destin y a été pour quelque chose ? La libertéétait alors une nouvelle perspective pour moi et une énorme chanceque je ne voulais pas laisser passer.

A Toute ÉpreuveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant