Malgré tout (Terminé).

23*

-T'es sûre que tu veux pas venir?

Je secoue la tête après un énième refus. Mary sort avec Danny ce soir, ils ont prévus d'aller boire un verre dans le bar de Bill le cousin de Danny. C'est un bar plutôt cool, qui se confond parfois en discothèque branchée selon les soirées. Je suis allongée sur mon lit, les yeux perdus sur le papier peint lavande, roulant entre mes doigts le cordon du sweat à capuche noir m&m que j'ai acheté aujourd'hui avec Stan. Des images de cette agréable journée ne cessent de danser devant mes yeux, et divagante je n'entends plus Mary me demander un quelconque conseil sur la tenue qu'elle porte pour ce soir. Le rire d'enfant de Stan résonne dans ma tête comme une douce mélodie, et je repense à son sourire qui pourrait éblouir n'importe quel aveugle. Il est tellement simple et agréable, malgré son ton grognon et son sarcasme qui précèdent sa bonne humeur cachée..

-Bon j'y vais Danny va sans doute me déposer chez ma mère en rentrant, je dois garder Ashley demain, à plus tard Liv'

Je sens à peine sa bouche qui effleure mon front quand elle se penche pour me dire au revoir, et j'entends tel un bruit lointain la porte claquer derrière elle. Je me lève et regarde par la fenêtre, sans savoir vraiment ce que je vais faire pour un samedi soir, et mes yeux se perdent sur ce ciel noir parsemé de petites étoiles clignotantes chacune leur tour. J'enfile mes converses et attache mes cheveux en une queue de cheval, laissant retomber quelques mèches folles sur mon visage et sors dans le couloir éclairé faiblement. J'arpente les corridors comme un fantôme qui erre, me réchauffant les mains dans la poche kangourou de mon sweat. Tout au long de ma marche silencieuse, j'observe plusieurs scènes. Je remarque une bande de copains excités dans le hall prêts à aller un concert de rock, j'observe Paolo faisant sa dernière ronde en s'assurant que chaque porte soit close, et je surprends même Teddy le serveur de la cafet' faisant des heures suppl' pour un samedi soir, et qui nettoie de fond en comble la cafetière près des cuisines.

Un sentiment de quiétude résonne en moi, et je ne saurais dire d'où il vient mais c'est si agréable. Sans m'en rendre compte, j'actionne la poignet de la porte du troisième étage donnant sur l'escalier en colimaçon. Une légère brise me caresse le visage quand j'arpente le sol bétonné du toit, et je sursaute presque quand je vois quelqu'un assis en tailleur devant ce panorama à l'encre noire, éclairé faiblement par la lueur que diffuse le croissant de lune, ou grâce aux lumières provenantes des gratte-ciels au loin. Je m'approche doucement consciente de ne pas connaître l'identité de la personne en question, mais ma conscience me pousse à le faire.

Je m'assieds à coté de lui, et y découvre un visage fermé et anxieux. Son petit anneau argenté luit grâce aux faibles lumières qui éclairent son visage parfait. Il promène son regard au loin, seul le vacarme qui provient du tumulte de la ville brise ce silence entre nous. Mais ce n'est pas un silence pesant, c'est une ambiance silencieuse qui me met à l'aise et je ne ressens pas ce besoin irrépressible de faire la conversation. Je le reluque et retrace les moindres détails de son visage. Ses cheveux noirs de jais qui retombent légèrement sur son front, sa barbe naissante qui macule son menton ou ses yeux bleus-gris qui se mélangent parfaitement avec la couleur de sa peau brune, mais qui est pourtant si claire à cause du rayon lunaire. Comment je fais? Comment je fais pour ne pas succomber à tant de beauté? Tant de charisme, tant de gentillesse parsemée de sarcasme qu'il renvoit? C'est un homme séduisant, et j'ai l'impression de m'en rendre compte aujourd'hui. Bien sûr, je le savais qu'il était beau, mais je pense que j'évitais d'y penser pour ne pas succomber comme toutes ces filles qui n'ont pas pu résister.

-T'es pas parti chez Bill?

Il pose son regard sur moi, et parle d'une voix douce.

-Non j'avais pas envie de sortir, mais quand j'ai vu ce ciel (je regarde le ciel étoilé au dessus de moi), j'ai eu envie de venir ici je savais que la vue serait meilleure