Malgré tout (Terminé).

46*

Cinq jours.

Cinq putains de jours. Ca ne fait qu'à peine une semaine, et pourtant son sms résonne encore dans ma tête comme si il me l'avait dit de vive voix.

"Je prefere prendre de la distance pour le moment, je suis désolé, mais si tu savais comme je t'aime, tu comprendrais''.

Je transpire de tous mes pores, la respiration haletante. Mes pieds ont repris une teinte violacée, sans parler de la douleur lancinante que j'essaie d'ignorer le plus possible, en continuant de danser. Cinq putains de jours que je ne l'ai pas vu, cinq putains de jours que je me maudis de lui en avoir trop demandé sur son passé, sur ce Gio. Pourquoi est ce que je n'arrive jamais à prendre la vie comme elle vient? Pourquoi je me prends la tête pour des broutilles qui datent de l'an 40? Je me tords la cheville, ce qui me fait revenir sur terre. Je regarde mon reflet hargneux dans le grand miroir de la salle au parquet clair, le soleil couchant diffusant un mélange de couleur ocre sur le sol. Danser aurait du m'aider, mais là encore, j'ai eu tort.

Cela faisait à peine une semaine que nous étions ensemble réellement, et j'ai tout foutu en l'air en lui en demandant de trop, alors que je savais pertinemment qu'il voulait prendre son temps. Mary a eu la bonne attitude, en ne me posant aucune question, malgré ma pâleur et mon silence prolongés. Ces montagnes russes me fatiguent, et je voudrais arrêter le tour. Mon cerveau est en ébullition constante, entre la peur de l'avoir perdu, son manque quotidien, et l'épreuve du concours qui se déroulera dans une vingtaine de jours. Je dois l'accepter avec son passé, qu'importe ce qu'il a fait.

Je divague en imaginant ses lèvres sur les miennes, ses mains sur moi, et ses chuchotis coquins près de mon oreille. Je regrette d'avoir été têtue envers lui comme ça, si il savait comme je regrette, et comme ma peine est immense. Il est bien plus important qu'un foutu secret qui pourrait gâcher notre relation.

Du coin de l'oeil, je remarque quelqu'un qui attire mon regard derrière les cloisons transparentes. Je pose mes yeux sur les siens fatigués et cernés. Mon coeur fait un bon, tandis que ma bouche s'assèche encore plus. Son teint est blafard comme le mien, et il n'a pas rasé sa barbe qui en cinq jours a fortement poussée. Je comprends sa détresse, sa souffrance dans notre jeu de regard, et il capte la mienne. Oh Stan, si tu savais comme je regrettes.. Mes larmes jaillissent et il ne perd pas une seconde pour venir me prendre dans ses bras. Je m'effondre complètement quand je sens son odeur, sa chaleur contre moi, qui reconstruisent le puzzle de notre amour. Il me presse plus fort contre lui en passant sa main dans mes cheveux, tandis que je resserre mon étreinte autour de son dos.

-Stan, je suis tellement désolée...

Ma voix ne me ressemble pas, entre les pleurs et mon silence qui ont perdurés depuis cinq jours, j'ai l'impression d'être Barry White. Mais je suis tellement soulagée qu'il veuille encore de moi, toute cette douleur m'a faite réfléchir, et plus aucun secret ne se mettra entre nous. Il me regarde, les yeux brillants à son tour, et je suis consciente qu'il a souffert lui aussi.

-Excuse le connard qui s'est planqué pendant cinq jours, je vais tout te d..

Je pose mon doigt sur sa bouche. Pas un mot de plus.

-Non ne dis rien. Je suis vraiment désolée de m'emporter pour rien à chaque fois que Gio est dans les parages, mais il me fait tellement flipper... Et j'ai tellement peur pour toi aussi.. J'attendrais que tu sois prêt pour me parler de tout ça, je ne veux plus que ça se mette entre nous

Je le regarde dans les yeux, et une lueur d'apaisement le remplit. Il recale une mèche derrière mon oreille et reprend d'une voix cassée :

-Je t'aime tellement, et ça me perturbe tellement aussi d'aimer comme ça.. Je.. je te le dirais un jour je te le promets Olivia, mais là c'est encore trop tôt et ce que je veux c'est surtout te protéger de tout ça, je ne restes pas muet pour te faire du mal, je te le jures..