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-NON ! PAS LUI !

Réveillée en sursaut par Stan qui hurle, je manque de me cogner la tête dans le lit de Mary. Je me lève et m'agenouille près de lui sans chercher à comprendre ce qui se passe, et je remarque qu'il est couvert de sueur et qu'il se débat avec la couette brusquement.

-NON ! ARRETEZ !

-Stan! Calme toi c'est Olivia, réveille-toi!

Il ouvre ses yeux exorbités, ruisselant de sueur. Son torse se soulève dans un mouvement rapide et saccadé, et il tremble comme une feuille. Je prends sa tête dans mes mains pour qu'il me regarde, et son regard redevenu clair me toise dans une imcompréhesion totale. Son souffle encore imbibé d'alcool lèche mon visage inquiet, tandis que sa respiration s'apaise un peu.

-Ca va tout va bien, je lui chuchote pour calmer ses yeux bleus-gris inquiets

-Olivia? Mais je...

Le garçon drôle et bourré de tout à l'heure, a laissé place à un garçon perdu et inquiet. Une image qui me fend le cœur, et qui réveille en moi mes vieux démons endormis. L'image d'une Olivia criant à pleins poumons dégoulinante de sueur, danse devant mes yeux et me donne la chair de poule. Je repousse ses cheveux noirs de son front mouillé et lui caresse la joue doucement, sentant ses battements de cœur ralentirent.

-Merci...

Un rayon lunaire éclaire la chambre d'une semi-obscurité, me permettant de plonger mes yeux dans les siens un peu plus longtemps. Des gouttelettes perlent sur son torse, et ma conscience me susurre sensuellement de parsemer chaque gouttes de sueur d'un baiser rassurant, mais ce qu'évidemment je ne fais pas, pour ne pas rendre la situation encore plus bizarre.

-Restes avec moi, s'il te plait

Son ton implorant ne me laisse pas le choix. J'accepte, et me couche à coté de lui sachant pertinemment ce qu'il doit ressentir. Je sais ce que les cauchemars d'une telle violence prodiguent, et ça ne s'explique pas. Je sens son corps se rapprocher du mien, et il pose sa main chaude sur mon ventre. Je ne le repousse pas, n'en ayant pas l'envie. Je sens qu'il est parcouru de légers tremblements, et je pose ma main sur la sienne pour l'apaiser. Le silence est seulement meublé par sa respiration devenue plus calme, et c'est une jolie mélodie que j'aimerais entendre encore et encore. Je me sens en sécurité entre ses gros bras tatoués, et je profite de ce moment qui ne se reproduira sans doute jamais. Pourquoi fait-il des cauchemars comme ça? Les miens jonglent entre plusieurs moments mon enfance, me renvoyant sans cesse des scènes violentes entre mes parents devant lesquelles une enfant ne devrait pas assister, ainsi que des bribes de souvenirs où réside de la souffrance pure et dure, concernant le long chemin que j'ai parcourue quand ma mère est tombée malade.. Alors, même avec la meilleure volonté du monde, je ne pense pas que j'arriverai à déceler le lourd secret qui fait tant hurler de terreur Stan.. Mes yeux se ferment lentement, tandis que je continues à élucider certaines théories plus rocambolesques les unes que les autres sur ses démons, jusqu'à ce que je n'entendes plus que sa respiration tranquille et que le sommeil me gagne entièrement.

J'ouvres les yeux difficilement quand le soleil s'immisce dans la chambre. Je jette un coup d'œil au réveil, il est 8h09, heureusement je n'ai cours qu'à 11H. Je balaie la pièce du regard, et me repasse le film de la nuit dernière en vitesse. Au café avec Stan, dans le hall puis dans le couloir sombre, et puis bien sûr les cauchemars. Je tapote sa place, mais n'y trouve que la couette emmêlée en tous sens. Il est partit... Je me masse les tempes, sans vraiment comprendre ce qui se passe depuis cette nuit, me demandant également pourquoi il est partit comme un voleur au lever du jour.. Je me lève péniblement avec un mal de dos, et file sous la douche en prenant au passage un cachet pour le mal de crâne.

Assise à une table dans la cafet' vide, je remets à jour certains de mes cours. La journée est passée plutôt vite, mais mon inquiétude ne m'a pas quittée pour autant. J'ai envoyé un sms à Stan en lui demandant simplement si il allait bien, mais je n'ai pas eu de réponse. Mes yeux lorgnent mon portable et mon cœur tambourine à la moindre notification qui le fait vibrer sur mon classeur. Je soupire ne voyant pas son nom s'affichait, essayant de garder un moral positif mais c'est compliqué. J'aurais simplement voulu savoir comment il allait, après cette terrible nuit et son soudain silence s'étant même transformé en absence. Mary me rejoint une assiette de pâtes à la bolognaise sur un plateau, et s'assied en face de moi.

-Il paraît que Taylor est passé sur Cyntia hier soir c'est Danny qui m'a raconté ça, me dit-elle en coupant ses spaghettis. Elle tournait autour de Stan, mais apparemment il n'en voulait pas

Je souris en entendant ça. Savoir qu'il ne l'a pas touchée alors qu'elle été disposée à lui offrir son corps, me redonne du baume au cœur, et me prouve qu'il ne m'a pas menti.

-C'est incroyable c'est comme si ils faisaient une partie de ping-pong, un coup c'est Taylor après c'est Stan il ne manquerait plus que Stefan s'en mêle, dis-je pour la taquiner

Elle manque de s'étouffer et reprend:

-Parle pas de malheur! Ce coup-là ses parents la retrouveront dans une boite à chaussure, enterrée dans un bois par mes soins, plaisante-elle une pointe de jalousie dans la voix

Je ne peux m'empêcher de sourire, l'ayant faite avouer d'elle-même que Stefan lui plaît.

-Je vois que le charme de Stefan opère!

-Je ne dirais rien, dossier confidentiel..

Nous rions, et elle m'avoue qu'ils s'envoient des sms de plus en plus souvent, et qu'il lui a même proposer de l'emmener dîner un soir. Ce qui me ravie au plus profond de moi. Son assiette terminée, elle prend un truc dans son sac et me le tend:

-Tiens au fait, j'ai retrouvé ça par terre dans la chambre

Elle me tend deux photos qui sont censées être accrochées sur le mur près de mon lit. Les deux photos ont été prises à la fête foraine dans le petit photomaton avec Stan. Je remarque une légère déchirure en dessous de la deuxième photo, m'indiquant que les deux autres manquantes ont été arrachées. Je fronce les sourcils, est-ce que Stan les auraient prises? Bizarre. Je range les photos dans mon sac, tandis que nous sortons de la cafet' pour retourner dans notre chambre. Mary part se doucher, et je me roule en boule sous ma couette. Je raccroche les deux photos restantes, et les regarde pensive. Le bruit de l'eau ruisselante contre la faïence de la douche, m'apaise et je ferme les yeux rapidement. Cette nuit-là, je ne rêve pas d'un souvenir qui pourrait me faire hurler à pleins poumons, non. Je rêve d'un garçon aux yeux clairs et apeurés, qui me demande de l'aider...



Malgré tout (Terminé).Où les histoires vivent. Découvrez maintenant