Au cœur de New York, Matt, âgé de dix-sept ans, rencontre Liz, son grand amour, avec qui il vivra une histoire idyllique jusqu'à ce qu'une terrible maladie s'immisce entre eux.
Si en 1987, des traitements existent, les personnes sont condamnées, on...
« Bonsoir. On vient de rentrer, dit la mère de Liz après avoir poussé la porte de sa chambre.
- Ah, déjà ? Je ne vous ai même pas entendu, je suis tellement concentrée sur mes cours, dit-elle en essayant d'être la plus convaincante possible, assise sur son lit.
- Oh tu révises ? C'est bien. Je ne vais pas t'embête alors. Bonne soirée », répond sa mère brièvement, sans s'attarder sur la voix casser de sa fille.
En refermant la porte derrière elle, je vois enfin Liz, que je sens à deux doigts d'exploser de rire. Un rire nerveux. Elle a contenu beaucoup trop de choses aujourd'hui.
Elle se débarrasse des feuilles qu'elle avait réussi à attraper au moment où sa mère est entrée. Se lève de son lit et s'approche vers moi qui suis toujours plaqué contre le mur. Je me rends soudainement compte que ses états émotionnels transparaissent sur son corps : elle a le visage tiré, le dos légèrement courbé, les lèvres pincés, les pieds rentrés. Elle a l'air si triste, si fragile. Je voudrais tellement pouvoir lui dire que, malgré tout, elle ne doit pas rester bloquer sur l'indifférence et la trahison de ses parents, que c'est une personne exceptionnelle, qu'elle mérite le bonheur.
« Matt, dit-elle dans un soupire en s'effondrant dans mes bras.
- Je suis là tu sais, dis-je en posant mon menton sur le haut de sa tête et en lui caressant sa nuque dégagée. J'aime bien ce chignon au fait.
- Vraiment ? », dit-elle en se détachant de moi pour me regarder, avec un léger sourire, les yeux toujours humides.
Oui, vraiment. Elle est si belle. Avec n'importe quelle coiffure, n'importe quelle tenue, n'importe quel maquillage. C'est elle qui est belle, c'est son âme, son être. Je voudrais lui dire, mais quelles en seraient les conséquences ? Qu'est-ce que je suis censé faire si elle me repousse ? Et si elle m'apprécie, elle aussi, comment vais-je faire pour lui apporter tout l'amour, la bienveillance, le temps qu'elle mérite ? Comment ferais-je pour être à la hauteur de ce qu'elle est ? Mais, après tout, qu'est-ce que je risque vraiment ?
Et là, la réponse m'apparaît comme évidente : rien. Je ne risque rien.
« Eh, dis-moi, tu n'as pas trouvé de meilleure cachette ?, me demande t-elle en me sortant de mes pensées, en affichant un sourire plus timide que d'habitude, comme pour détendre l'atmosphère.
- J'ai fait au mieux, lui répondé-je sobrement, tout en réduisant un peu plus l'espace entre elle et moi. Je ne supporte pas de t'avoir loin de moi, me lancé-je.
- Et moi je déteste être avec toi sans pouvoir te toucher », poursuit-elle presque dans un chuchotement, en fixant mes lèvres du regard.
Immédiatement, je sens le rouge me montrer aux joues. Non Matt, ce n'est pas le moment de rougir. Qu'est-ce que je suis censé dire pour lui faire comprendre ce que je ressens, sans paraître... paraître quoi déjà ? Pourquoi je devrais m'inquiéter du regard des autres ? Je ne veux pas être comme ses parents qui agissent dans le simple but de plaire aux autres. Oui, c'est certain que je veux plaire à Liz. Mais comment notre relation pourra t-elle évoluer si je ne me décide pas à lui faire voir ce que je ressens pour elle ?
« Qu'est-ce qu'il y a ?, me demande t-elle, en sachant pertinemment que quelque chose me travaille à cet instant précis.
- Je viens de prendre conscience que je suis le plus chanceux des garçons.
- Pourquoi ça ?, me demande t-elle, avec un sourire plus détendu cette fois-ci.
- Parce que je suis auprès de toi », lui murmuré-je à l'oreille, en promenant mes doigts le long de ses bras, sans pouvoir encore me confronter à son regard.
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Le silence s'installe et j'ai peur. Je ne peux plus retourner en arrière à présent. Mais, de toute façon, je ne veux pas retourner en arrière. Elle doit savoir. Je ne veux pas être une personne de plus qui lui ment.
Après avoir positionné mes mains de chaque côté de son magnifique visage, elle brise enfin le silence : « Je veux te sentir encore plus près de moi, Matt. Je veux que nous ne formions plus qu'... »
Je pose mes lèvres sur les siennes avant qu'elle ne puisse finir. Je l'embrasse avec tout mon amour. Je pivote sur moi-même et avance de quelques pas doucement pour qu'elle se retrouve, à son tour, dos au mur. Je la plaque délicatement et attrape l'une de ses mains que je serre, amoureusement. Elle se détache de mes lèvres et me fixe avec ce regard si expressif. Celui qui me rend fou d'elle. Notre baiser reprend et elle se colle davantage à moi, comme si elle voulait briser chacune des molécules qui se trouvent entre nous et qui nous empêche d'être réellement d'un contre l'autre. Son rythme cardiaque s'accélère, le mien se cale sur le sien. Ses mains deviennent moites. Et je me rends compte que le moment que nous vivons dans l'ici et maintenant est bien plus beau, bien plus excitant que tout ce que j'avais pu imaginer.
Et, entre deux respirations, je lui lâche enfin ce que j'ai voulu lui dire depuis tellement de temps.