Tout change

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25/02/18 : Quelques modifications ont été faites sur ce chapitre

10 Janvier 1988.

« Merci d'être venu Matt, me dit Brit en m'accueillant dans son cabinet.

- De quoi vouliez-vous que l'on parle ?, lui demandé-je de manière totalement innocente, en m'asseyant sur une des chaises devant sont bureau.

- Tu n'as pas une petite idée ?

- Euh...

- C'est le Docteur Smith qui m'a appelé.

- Oh non. Mais il n'avait pas le droit ! Je ne sais pas ce qu'il vous a dit, mais il n'avait pas à le faire ! Il est tenu au secret professionnel !, m'énervé-je en me levant violemment pour quitter la pièce.

- Je ne suis pas contre toi, Matt, lâche t-elle alors que je suis sur le point d'ouvrir la porte du cabinet.

- Pas contre moi ?, répété-je, agressif.

- Si tu venais te rassoir, nous pourrions en discuter, dit-elle en se levant à son tour et en s'approchant doucement de moi.

- Je... je ne sais plus à qui je peux faire confiance, dis-je dans un murmure.

- À moi, tu peux », dit-elle solennellement en posant sa main sur mon épaule.

Lorsque je relève enfin mon visage pour lui faire face, je distingue de la sincérité dans son regard. D'un geste bienveillant, elle m'invite à me rassoir.

« Je ne comprends pas ce qu'il est en train de m'arriver, Brit, dis-je enfin. Comment vont se dérouler les jours qui vont venir ? Et combien m'en reste t-il ? Quelles sont les complications de cette maladie ? Qu'est-ce que je vais devoir faire pour ne pas... pour ne pas... mourir maintenant ? »

Je me mets immédiatement à pleurer. De vraies larmes. Des larmes de douleurs, de tristesse, de désespoir, de peur, de colère. Toutes ces émotions que je contiens depuis presque deux semaines ressortent, ici, avec Brit. Je ne pouvais plus garder tout ça pour moi, c'était beaucoup trop dur.

« Et pourquoi moi ? Je suis déjà hémophile. Il fallait que en plus que cette maladie m'en amène une autre ? Et comment c'est possible que pendant toutes ces années, les médecins m'aient prescrit du sang censé me maintenir en vie alors que c'est précisément lui qui est en train de me tuer ?, la bombardé-je de toutes ces questions qui restent sans réponse.

- Je comprends, Matt. Et tout ce que tu vis là est totalement injuste, dit-elle avec une voix moins douce que d'habitude. Les jeunes ne devraient pas... ne devrait pas attraper le sida. Personne d'ailleurs ! Et tu as raison, ce n'est pas normal ce qu'il se passe là. Et, je peux te le dire, ça me fou en l'air cette histoire de sang contaminé.

- Surtout que je-ne-sais-qui savaient très bien qu'il restait du sang contaminé dans la nature, mais personne n'a demandé de retour de toutes les poches de sang. Personne, complété-je.

- Au détriment d'un tas de personnes comme toi, qui n'avaient rien demandé. Je comprends que tu ne saches plus à qui faire confiance. Mais c'est à nous, au corps médical, de te prouver que tu peux avoir confiance en nous maintenant. Et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour t'aider. J'y veillerai personnellement, crois-moi. »


À cet instant, j'ai compris que, si je voulais avoir une chance de bien vivre mes derniers moments de vie, je devais me blinder. Et cela commence par ne plus me laisser déborder par toutes ces émotions qui m'atteignent. Je dirais même que je ne veux plus les ressentir. Je ne veux plus être aussi sensible que je le suis. Ça me bouffe littéralement.

En attendant, je vis [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant