2 : Samain, au creux de ma main - partie 1

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Ce jour là, il faisait plutôt beau, quelques nuages dans le ciel, une légère brise du sud, une journée qui commençait comme tant d'autres. Je nettoyais la cour, ramassant les feuilles jonchant le sol, comme ma mère me l'avait demandé, lorsque j'entendis un sorte de « tap tap » inattendu. Je jetais un coup d'œil dans la direction d'où provenais le son. Bruno, mon petit frère, se tenait penché à la fenêtre qui donnait sur la niche de Willy, notre épagneul. Je avais attaché là notre chien, pour éviter qu'il ne me perturbe pendant que je passais le balai. Il était encore jeune et batifoler dans les feuilles que je tentais de rassembler l'amusait follement, en tout cas, beaucoup plus que moi.

J'interpellais donc Bruno, pour lui demander ce qu'il était en train de manigancer, ce à quoi il répondit un « rien » des plus convaincant. Lorsque je me rapprochais, le chien releva sa tête vers moi, en attente, et le bruit de « tap-tap » s'arrêta aussitôt.

Je n'étais pas dupe, une carabistouille se préparait par là, j'en aurais mis ma main à couper. Je continuais donc ma tâche ingrate sous le regard de mon frère et de notre épagneul, qui s'était retourné pour suivre le mouvement des feuilles rebelles. L'air de rien, je me rapprochais d'eux avec quelques coups de balais orientés, pour surprendre ce qui se tramait.

Le bruit se fit de nouveau entendre.

Je relevais les yeux, mon chien, à deux mètres de moi, dressé sur ses quatre pattes, croisa mon regard se mit à remuer de la queue plus rapidement encore, accélérant le tempo des « tap-tap ». Sauf que mon chien était un épagneul à la queue coupée court. Nulle extension velue ne terminait sa colonne vertébrale pour aller jouer du tambour sur le flanc de la niche.

Mais quoi alors ?

Je reportais mon attention vers mon frère : appuyé des deux coudes sur le rebord de la fenêtre, son menton reposait sur ses deux mains, et ses yeux ronds semblaient indiquer qu'il ne comprenait pas plus que moi ce qui se passait.

Je regardais de nouveaux Willy. « Boum - boum », les bruits de coup contre la niche montèrent d'un ton, tandis que notre épagneul, se tortillait comme un beau diable.

Je jetais un coup d'œil à l'intérieur. Le bruit cessa.

Je me redressais, Willy était à côté de moi et regardait à son tour dans la niche.

C'était pour le moins étrange...

Mon frère écarta les mains avec une moue des plus comiques, m'interrogeant du regard sur ce qui se passait.

Incapable de répondre, je renvoyais Willy à sa place, et me retournais pour reprendre mes coups de balais, lorsque le bruit reprit, plus lentement.

Je fis volte-face, fixais mon chien, de nouveau à côté de la niche. Le bruit redoubla d'intensité.

Je m'approchais : « Boum-boum-boum » les coups résonnaient au rythme du battement de la queue atrophiée de mon chien. Sauf que c'était strictement impossible !

J'ordonnais à Willy de s'asseoir. Il n'exécutait pas toujours les ordres, il faut bien le dire, mais cette fois-ci, son derrière rejoignit le sol avec empressement. Immédiatement, le bruit cessa, du moins le « tap-tap ». Maintenant, on entendait comme un bruit de frottement sur le dallage.

Je scrutais l'arrière-train de mon chien. Toujours aussi menue, sa queue arrondie alternait de droite à gauche avec entrain ; derrière elle, la poussière et quelques feuilles voletaient de droite à gauche sur un espace d'au moins vingt centimètres de long, contre tout sens logique. C'était d'ailleurs si peu logique que Willy regardait derrière-lui avec une espèce d'étonnement, qui dans d'autre circonstance m'aurait fait bien rire.

La voie des féesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant