4 : La souillon sur le perron - partie 4

4 1 0
                                    

Au final, j'avais tort, j'eu plus que le temps nécessaire. Le chevalier de l'Ancien Trône voulait vraiment trouver quelque chose, la perquisition dura six heures. Il enrageait lorsqu'il sortit bredouille, suivi de sa troupe. En haut de l'escalier, la duchesse d'Aubépine le regardait descendre les marches avec un petit rire moqueur.

« Rira bien ma donzelle, rira bien... », jubilais-je en mon for intérieur, en faisant quelques passes de la main pour déclencher un tout petit sortilège de rien du tout, qui fit se décrocher la broche de la cape du chevalier, alors qu'il traversait la cour. La broche chu, et roula, pendant qu'il retenait son vêtement, un peu gauchement, pour le plus grand plaisir des spectateurs moqueurs.

Mais la broche roula, roula, pour venir opportunément finir son déplacement sur le marbre du canal de drain de l'eau de pluie. Le chevalier fit trois pas et se pencha pour la ramasser, ses doigts effleurèrent la pierre rose, et il se figea.

Toutes la basse cours de la duchesse riait, mais elle, son sourire se crispa, tandis que Petits Pruneaux s'agenouillait et tâtait la pierre du bout de l'index et du majeur.

Il se redressa et regarda la duchesse. Les sourcils parfaitement dessinés de l'hautaine elfe s'arquèrent, son regard était soudain devenu froid. Toutes les cancaneuses perçurent le changement, et le silence se fit, lourd, laissant libre place au son du sortilège proféré à présent par le chevalier.

Après quelques passes pour compléter son incantation, il tourna sur lui même et observa avec lenteur toute la place, pendant que ces hommes d'armes se répartissaient autour de lui. Il releva les yeux vers le translucide toit suspendu, puis les redescendit lentement, comme s'il suivait un chemin, qui mena son regard jusqu'à l'entrée de la crypte funéraire.

Il s'approcha de la double porte, posa la main dessus et se concentra.

« C'est ma crypte familiale, intervint la duchesse, nul doute que vous saurez respecter le repos des morts.

Les morts ne m'en voudront pas, j'en suis sûr. »

Les témoins de la scène les regardaient sans trop comprendre leur dialogue. Bien évidemment, eux n'avaient aucune conscience de la présence d'une quelconque entrée de crypte.

Le chevalier traça des lignes lumineuses sur le bois de la porte, pour former une rune de révélation, sous les yeux ébahis de l'assistance, qui comprenait enfin de quoi il retournait.

« Les clés, s'il vous plaît... » demanda-t-il à la maîtresse des lieux.

Elle écarta les mains en signe d'impuissance : « Il semble qu'elles aient été égarées il y a longtemps déjà. Plus personne n'a ouvert cette crypte, depuis au moins une génération.

Alors pourquoi cet enchantement récent ?

Récent, récent... Il date quand même un peu. C'était mon mari qui l'avait mis là, il voulait... qu'on laisse ses ancêtres en paix. »

Les yeux effilés de mon Petits Pruneaux d'amour se plissèrent. On pouvait y lire toute la suspicion que la duchesse lui inspirait. Il n'allait pas se laisser emberlificoter, je commençais à sérieusement l'apprécier !

Il se retourna face à la double porte, s'apprêtant à incanter.

« C'est ma demeure ! Mon bien ! » le prévint d'Aubépine, sur un ton menaçant, faisant référence aux lois féeriques qui interdisaient de porter préjudice à des biens dont le propriétaire était clairement identifié.

« C'est mon enquête » répondit froidement le chevalier de l'Ancien Trône. Et sur ces mots, il incanta un sort de phase, qui fit apparaître un cercle de lumière au niveau de la porte, au travers de laquelle il passa.

La voie des féesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant