« Tu n'as pas l'impression qu'il y a quelque-chose qui cloche dans ton récit ? » Demanda Eyra à Aydric.
« Heu... C'est à dire... Pourquoi vous dites ça ?
- Ton frère qui s'appelle comme toi... ?
- Bah oui, c'est... C'est bizarre je sais, mais...
- Oui ?
- Je sais pas en fait. Je ressens...
- Quoi ?
- Comme une sorte de confusion.
- C'est à dire ?
- Je sais que quand j'y réfléchis, c'est bizarre, mon frère et moi on ne peut pas avoir le même prénom. Mais pourtant je savais que c'était vrai.
- Tu comprends bien que ça ne peut pas être vrai. Aucun parent ne donne le même prénom à ses enfants, surtout s'ils sont jumeaux. »
Eyra employait un ton très doux, pour ne pas le brusquer. Elle lui souriait en l'interrogeant.
Aydric fronça les sourcils, se concentrant sur ce qu'elle disait. Il se porta la main au front : « Je me sens pas bien, ça me donne mal au crâne...- Ce n'est pas grave, lui déclara tout bas le petit bout de femme qui était assis à côté de lui, en lui tapotant la main. Vas-y, raconte moi la suite. »
Aydric pinça les lèvres, exprimant une forme de tristesse. Son trouble se lisait sur son visage.
« Après, j'ai été dormir, je me sentais pas très bien. Mon frère est venu avec moi, et on s'est étendu sous la tente. Manahn nous a laissé nous reposer.
C'était... je sais pas... Il y avait quelque-chose d'émouvant. On s'est mis face à face, mon frère et moi, son front touchait le mien. Il me caressait doucement les cheveux, ça me faisait du bien, j'étais vraiment éreinté. Et son regard plongeait dans le mien, c'était... profondément intense, comme si on communiait. Je sentais qu'il me comprenait vraiment, que lui et moi, on était plus que des jumeaux. Un peu comme si on était une seule personne que la vie avait séparée en deux.
En même temps, c'est un peu ça les vrais jumeaux, non ?
Après, je crois que je me suis endormi.
C'est Manahn qui m'a réveillé. Il m'a demandé ce que je faisais encore dans la tente, c'était celle d'Aydric et lui qu'il a dit. Moi je lui ai répondu que c'était moi Aydric, il ne m'a pas cru. Il a dit que j'étais Aymeric, le frère jumeau d'Aydric, et que celui-ci avait raison de dire que j'étais un peu pas normal, que je me prenais pour lui, et que c'était pour ça qu'on m'avait placé chez les fous. Mon frère leur avait raconté que je m'étais échappé de l'hôpital pour le rejoindre, que je le faisais tout le temps, et que c'était pour ça que notre famille ne parlait pas de moi.
J'étais bouleversé, je ne comprenais plus rien. Manahn a été gentil. Il a dit qu'il comprenait mon désarroi, mais qu'il fallait que je me ressaisisse, et qu'ils allaient me raccompagner à l'hôpital une fois le camp démonté. Ils n'allaient pas me laisser comme ça tout seul.
Mais c'était pas moi Aymeric, je suis Aydric ! J'ai essayé de lui faire comprendre. C'est un bon gars, il ne s'est pas énervé, il m'a laissé parlé, et il a dit qu'il me croyait. Mais je voyais que c'était pour me calmer, il ne me croyait pas.
Et puis j'ai cru que j'avais une preuve. Je n'avais pas de bijou à moi, sauf un, le pendentif que Delen, mon ancêtre, m'avait offert lors de la fête de Samain passée. J'ai voulu lui montrer, mais il n'était plus autour de mon cou. Alors j'ai compris que c'était l'autre qui me l'avait pris. Mon frère me l'avait volé pour se faire passer pour moi.
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La voie des fées
FantasyEt si l'histoire prenait une tournure différente ? Et si Arthur n'avait pas choisi de rallier la chrétienté, mais avait défendu les hérétiques ? Et si, dans cette guerre qui opposa ces derniers à l'expansion monothéiste, les catholiques avaient perd...