En m'apprêtant à pénétrer sous le saule qui masquait la tombe de Catherine, je me demandais si je n'en avais pas un peu trop fait, avec mon bouquet de roses... Surtout que cela avait sérieusement amputé mon budget de loisir pour les deux mois à venir !
J'avais demandé conseil à la fleuriste, sans vraiment tout lui révéler bien sûr. Je voulais juste qu'elle me dise combien de roses il fallait offrir pour parler d'amour. Elle m'a dit vingt-quatre... ça m'a fait un peu le même effet que lorsque Gwendal a vu le Tome de Magie, je suis resté sans rien dire pendant à peu près une minute. Quand elle a vu mon attitude, la fleuriste a dit qu'une rose pouvait suffire, pour venir à un rendez-vous galant.
Ouais.
Mais je voulais lui en mettre plein la vue à Catherine. La fin de la fête de samain était pour le lendemain, je n'avais pas le temps de prendre mon temps pour la faire tomber amoureuse de moi ! Et puis... ça montrerait que je n'étais pas radin, c'était un bon point non ?
L'idée me semblait bonne à ce moment là.
Un peu moins lorsque je donnais les billets correspond à l'astronomique montant.
Le gardien du cimetière, en me voyant passer, m'avait observé d'un œil intrigué. Il n'avait pas manqué de me rappeler que la mairie déconseillait à la population de fréquenter le cimetière pour les deux jours à venir, à cause des événements surnaturels en cours. Je lui avais rétorqué, pas peu fier, que j'étais, en tant qu'éclaireur chez les scouts, plutôt familiarisé avec le surnaturel. Cela ne l'avait pas l'impressionné le moins du monde. Il m'avait même accordé un regard qui disait quelque chose comme « Tu sais pas de quoi tu parles mon gars », qui m'avait un peu vexé.
"Hé ! Ho ! C'est pas n'importe qui, qui devient éclaireur chez les scouts !" M'étais-je insurgé en mon for intérieur, en pénétrant dans le cimetière avec mon bouquet de roses, mon sac-à-dos plein et mon vélo à la main.
Et maintenant que je me retrouvais à deux pas de Catherine, j'étais comme pris d'un doute. Est-ce que le trop n'est pas l'ennemi du bien ?
En même temps, c'était fait.
Et puis, au moins, ça lui ferait une belle surprise ces fleurs. Je me demandais comment je devais les lui présenter... les cacher derrière mon dos pour les sortir brusquement ? Où...
« C'est pour qui ces jolies roses ? »
Surprise... surprise.... Voilà qui commençait bien ! Catherine était dans mon dos, à deux mètres de moi, et me souriait innocemment.
Je regardais mes roses, la regardais elle, revins vers les roses. Un genre de petite moue dépitée dut se peindre sur mon visage, je ne savais plus trop quoi dire. Je haussais finalement les épaules, lui tendais le bouquet.
Ces yeux s'agrandirent, tout comme son sourire.
« C'est pour moi ? » S'étonna-t-elle, un peu inutilement il est vrai, mais je suppose que c'est un genre de question rituelle dans ce cas là.
J'acquiesçais. J'étais gêné et ravi en même temps.
Et puis là, je me demandais : « Mais comment elle va faire pour le prendre, mon bouquet ? »
« Mais pourquoi ? Me demanda-t-elle en se rapprochant pour les sentir.
- Je sais pas. J'avais envie.
- Elles sentent bon !
- Ah bon, tu les sens ? »
Elle acquiesça d'un vif mouvement du menton et les caressa.
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La voie des fées
FantasyEt si l'histoire prenait une tournure différente ? Et si Arthur n'avait pas choisi de rallier la chrétienté, mais avait défendu les hérétiques ? Et si, dans cette guerre qui opposa ces derniers à l'expansion monothéiste, les catholiques avaient perd...