Je ne m'étais jamais sentie aussi lourde. J'étais incapable de bouger. Le temps semblait arrêté, et mes cinq sens plutôt endommagés. Des ombres dansaient devant mes yeux et semblaient raconter une histoire. Je ne sais pas si cela était dû au contenu des petites fioles dans les fléchettes, ou bien si ce spectacle surgissait d'une de mes éternelles hallucination, mais il y avait une différence cette fois. Ces formes, qui me semblaient humaines, paraissaient vouloir me montrer quelque chose. Mais chaque fois que j'essayais de me concentrer pour tenter de les comprendre, la vision se faisait plus floue, et je les perdait un peu plus chaque secondes. Trop vite, l'illusion disparue complètement, et je reviens petit à petit à moi.
Une lumière aveuglante m'empêchait d'ouvrir les yeux, mais mon corps retrouvait finalement ses sensation. Les racines de l'arbre sur lesquelles je m'étais écroulée s'étaient changées en un sol plus mou, plus confortable, et la boue qui m'avait recouverte semblait avoir été troquée par de la soie. On m'avait déplacée. Péniblement, je m'efforçais d'entrouvrir les yeux. Je m'habituais assez rapidement a la luminosité, et compris enfin où j'étais : à l'infirmerie de Nanörya, mon village. La pièce était plutôt petite, mais très jolie. Il n'y avait pas de fenêtre, mais une grande arcade sculptée à la place, qui donnait vue sur une partie de la forêt Amontaur, et laissait entrer le vent d'automne. Un léger bruit à ma droite attira mon attention. Non loin du lit sur lequel j'étais étendue, mon frère était affalé sur une chaise. Les yeux fermés et le menton posé au creux de sa paume, il semblait épuisé. J'eus de la peine pour lui. Je ne savais pas depuis combien de temps il m'attendait ainsi, mais cela ne devait sans doute pas se résumer a quelques minutes.
— Logan ?, l'appelais-je doucement, d'une voix enrouée.
Il sursauta. Lorsqu'il me vit éveillée, l'inquiétude déforma son visage et, en un bond, il fut à mes côtés.
— Par tout les elfes, Lauryel, comment te sens-tu ?
— Je vais bien maintenant ne t'en fait pas, quelques égratignures mais rien de grave... enfin je crois. Depuis combien de temps attends-tu ?
— Des heures. Je dirais dix peut-être. Le soleil va bientôt se coucher. Quand j'ai vu Arod revenir seul, je me suis attendu au pire. Lauryel, l'endroit où l'on t'as retrouvée était un véritable chantier, que s'est-il passé ?
Son débit de parole était très rapide. Je dû faire un effort pour retenir tout les mots qu'il disait, mon cerveau étant encore embrumé. Il semblait se poser de nombreuses questions, ce qui était également mon cas. Voilà que mes souvenirs des événements de la matinée tournaient en boucle, et je ne savais pas par où commencer, ni quoi lui dire ou non, car je ne voulais pas l'effrayer d'avantage.
Deux petits coups donnés à la porte nous interrompit. Sans attendre, quelqu'un entra. Je le reconnu immédiatement.
— Okalön !
J'étais surprise de le voir ici. Mais sa présence me rendais nerveuse. Qu'est ce qu'un maître d'arme venait faire à mon chevet ? Certes, ayant déjà été à ses services en tant que messagère de nombreuses fois, je serais sûrement venue lui rendre visite si la situation avait été inversée, mais lui avait bien plus de travail, et surtout d'obligations et de responsabilités que moi. Je ne pensais donc pas que sa présence ici soit un hasard, ou un simple désir de connaître mon état de santé.
— Monsieur, je sais que vous vouliez être averti à son réveil, mais..., commença Logan.
— Ne t'en fait pas, l'essentiel c'est qu'elle soit de nouveau parmi nous, lui répondit-il, avant de fixer son regard dans le mien tout en s'asseyant au bord de mon lit. Écoute Lauryel, je n'ai pas beaucoup de temps, ni aucune raison officielle d'être ici, alors nous allons devoir faire vite. Que s'est-il passé dans la forêt ? Lorsque nous avions découvert ce chantier après que Logan soit venu nous chercher, nous n'avons pas compris ce qui avait pu causer un tel carnage. Surtout que rien ne semble avoir été volé.
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Les Chroniques d'Azéoth - Tome 1 : Draconitis
FantasíaAzéoth était autrefois un continent où les différents peuples qui l'habitaient étaient tous unis et avaient les mêmes croyances, rituels et traditions. Mais depuis les Jours Sombres, l'équilibre et la paix qui régnaient ne sont plus qu'un lointain s...