Chapitre 2

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 Trois heures environs s'étaient écoulées depuis que nous avions quittés Kurgan. Si j'avais été seule, je serais déjà rentrée chez moi à Nanörya. Mais avec ce que nous transportions, nous n'étions pour le moment qu'à mi-chemin. Nous avancions tout de même à un bon rythme. Hargrim, qui devait se sentir un peu seul étant assis à côté de l'un des siens qui semblait bien endormis, était venu à mes côtés à plusieurs reprise pour débuter des semblant de conversations. Elles étaient très brèves, mais cela m'était égal car j'étais contente de voir que malgré les différents de nos peuples, les nains savaient que tout le monde n'était pas d'accord avec cette situation, et qu'ils n'étaient pas dérangés à l'idée de ma présence à leurs côté. Du moins, Hargrim n'était pas dérangé. Les deux autres nains qui fermaient la marche paraissaient détendu mais ne discutaient qu'entre eux.

Non loin de là j'entendais la rivière qui s'écoulait. J'étais sur le point de proposer à mes compagnons de faire une pause pour que les chevaux puisse boire un peu, lorsqu'un bruit sourd me coupa dans mon élan. J'eus un sursaut, et les battements de mon cœur s'accélérèrent. A quelques mètres devant nous, un arbre venait de tomber. Si nous étions parti ne serait ce que quelques secondes plutôt, l'un d'entre nous aurait probablement pu être gravement blessé. Cette pensée me fit froid dans le dos.

Me ressaisissant, je donnais deux coups de talons pour indiquer a Arod d'avancer en direction de l'arbre. Mon cœur battait de plus en plus vite a mesure que j'approchais. Si je ne parvenais pas a dégager l'arbre du chemin, les charrettes ne pourraient pas passer. Jetant un rapide coup d'œil au tronc pour évaluer son poids, mon regard fut rapidement attiré à sa base. Les racines étaient encore sous terre. Là où l'arbre s'était fendu, il n'y avait pas de morceaux d'écorces, de pointes de bois, ou quoi que ce soit d'autre. C'était lisse. L'arbre avait délibérément été coupé. Je serrais les poings, révoltée par l'acte qui venait d'être commis ici. Pour mon peuple, les arbres étaient sacrés et conscient. Nous aurions éventuellement pu appeler cela un meurtre, si l'arbre que j'avais devant les yeux n'avait pas perdu son énergie vitale, causée par la disparition des sources élémentaires. D'où il puisait sa force autrefois. J'avais un mauvais pressentiment. Un mouvement sur ma droite attira mon attention. Je ne vis rien de particulier, mais j'étais quasiment certaine que quelqu'un se tenais là a m'observer quelques secondes plus tôt. Je commençais alors a sombrer dans la panique, et un de mes habituel mal de tête me vint alors. Ma vision s'obscurcissait, et des ombres grises qui semblaient brasser de l'air, dansaient devant moi. Je ne sais combien de temps cela dura, ni même comment je m'étais retrouvée assise par terre, au pied de ma monture. Je n'avais pas non plus remarqué que les nains s'étaient chacun postés à mes côtés.

— Lauryel ?, appela Hargrim. L'appel de mon prénom de fit définitivement revenir au moment présent. Tu vas bien ?

— Oui excusez moi, qu'est ce que vous disiez ?

— Il va falloir débarrasser ça et vite si nous voulons avancer, me répondis un autre.

— Oui bien sûr, évidemment.

Je me relevais doucement, et la mine perplexe de mes compagnons me permis de comprendre qu'ils ne comprenaient pas mon trouble. Mes maux de têtes arrivaient souvent, mais c'était en général la nuit lorsque j'étais chez moi. Mais bien au-delà de ce problème, les nains ne paraissaient pas s'être aperçu que l'arbre semblait avoir été coupé. Décidant de ne rien dire et de laisser mes folies de côté, je me muni d'une corde dans la sacoche accrochée à la selle d'Arod. Je la fixais du mieux que je le pouvais sur le tronc pour pouvoir le tracter en dehors du chemin. Les nains attrapèrent eux aussi la corde et m'aidèrent à tirer suffisamment l'arbre sur le côté pour que les charrettes soient de nouveau capable de passer.

Une fois le passage dégagé, et un temps précieux écoulé, nous nous remirent rapidement en selle. Je rouvris la marche essayant tant bien que mal de cacher mon trouble, et l'inquiétude qui ne me quittait plus. Il y avait désormais une sorte de tension au sein de notre groupe. Plus personne n'osait parler. Peut être étaient-ils en train de juger mon étrange comportement, mais contrairement à d'habitude, ce sentiment ne m'atteignait pas. J'étais bien trop préoccupée par autre chose.

Les Chroniques d'Azéoth - Tome 1 : DraconitisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant