Chapitre 4 (partie 1)

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 Le trajet vers Nanörya fut paisible. Logan et moi ne parlions que très peu, appréciant simplement la compagnie de l'un l'autre. Le vent se rafraîchissait à mesure que la nuit tombait. Certaines parties de mon corps me lançaient, ma gorge était couverte de bleus et mon front était désormais orné d'un pansement hideux. Mais je me sentais mieux. Et l'idée de me retrouver au calme en compagnie de ma famille après cette journée me réconfortait. Je ne savais pas ce qui m'attendait demain, mais une chose dont je pouvais être sûre est que ma vraie famille qu'était, depuis presque toujours, les Tandrill ne m'abandonnerait pas.

Alors que je n'étais encore qu'un bébé, mes parents m'avaient abandonnée. Lanya et Ciryön, les parents de Logan, m'avaient recueillis alors qu'ils m'avaient trouvée non loin de leur potager. Ils n'ont jamais su d'où je venais, et personne n'avait fait mine de me réclamer. Alors je n'avais jamais cherché à en savoir plus. Je ne voyais pas l'intérêt de perdre mon temps, ni de me torturer l'esprit à me demander qui m'avait mise au monde et pour qu'elle raison j'avais été ainsi expulsée de leurs vies. J'étais heureuse ici, et la famille Tandrill, ma famille, me convenait très bien. C'était des gens merveilleux sur lesquels on pouvait aveuglément compter. Je ne sais pas ce que je ferais sans eux. Je leur devait tout, et était très reconnaissante qu'ils m'aient acceptée comme deuxième enfant. Lanya et Ciryön m'avaient toujours considérée comme la jumelle de Logan qui était né a peine un mois avant mon arrivée. Nous ne connaissions pas la date de mon anniversaire. Nos parents avaient donc choisi de m'attribuer la même que celle de leur fils, ce qui avait contribué dès notre enfance au lien unique que nous partagions. A ces réflexions, mon regard se porta sur Logan. Ses longs cheveux blonds, presque blancs, qu'il tenait de ses parents, semblaient briller malgré la lumière déclinante du crépuscule. Ses yeux verts scrutaient les alentours d'un air innocent, avant de se planter dans les miens, se sentant sûrement observé. Son regard m'apaisait toujours, car lui seul semblait me comprendre quelque soit la situation, et déceler mes émotions les plus profondes.

— Que vas-tu leur dire ?, me demanda-t-il, brisant le silence.

— Je ne sais pas encore. Sûrement la vérité, mais sans en dire trop. Je ne veux pas les inquiéter.

— Qui te dis qu'ils s'inquiètent pour toi ?

Mon coude vint se nicher dans ses côtes à l'instant où je vis le sourire malicieux sur son visage. Nos rires emplirent la forêt aux alentours et j'évacuais ainsi le reste de la tension de la journée. Mon sourire s'élargit alors que je me rendais compte que nous étions arrivés à Nanörya. Je vis notre maison au loin et me mis à courir comme une enfant surexcitée. Mes blessures me lançaient d'autant plus, et mes muscles meurtris me criaient de m'arrêter de courir, mais je choisi de faire de mon mieux pour laisser la douleur de côté pour laisser pleinement place à la joie que je ressentais en ce moment même.  Logan ne tarda pas à me dépasser, et disparu derrière la maison, où se situaient jardin et potagers. Essoufflée, j'arrivais à mon tour et ne me fit pas prier pour aller embrasser mes parents à la seconde où je les vis. Ils me laissèrent les étreindre, voyant que j'étais de bonne humeur mais semblaient catastrophés à la vue de ma peau bleutée.

— Lauryel bon sang, que t'es t-il arrivé ?, s'écria Lanya.

— Ne t'inquiète pas, je vais bien, lui répondis-je avant de marquer une pause pour prendre une grande inspiration. Les charrettes que j'escortais avec quelque nains à été attaquée ce matin. Nous ne savons pas qui étaient ces hommes, mais ils cherchaient quelque chose qu'ils n'ont pas trouvé. Nous ne savons pas ce que c'était mais cela a sûrement une grande valeur.

Je me voulais rassurante mais tout dans leur attitude m'indiquait que je m'y prenais mal.

— C'est une honte, vous devriez être protégés contre ce genre de choses. Comment te sens-tu ? Ton cou n'est pas beau a voir, j'espère que ces maudits vont payer pour ce qu'ils t'ont fait !, s'énerva Ciryön. Raconte nous Lauryel, je veux tout savoir.

Soupirant, je leur racontait alors mes souvenirs de la matinée, omettant les détails des insultes et de la violence dont ils avaient fait preuve. Je ne mentionnais pas non plus mon rendez-vous le lendemain, ne sachant pas moi même ce qui m'y attendais réellement.

Nous parlâmes tout les quatre, assis sur des bancs de pierres au milieu des plantes du jardin, durant un long moment. La lune et les étoiles brillaient lorsque nous finîmes enfin. Voilà longtemps que nous n'avions pas eu d'aussi importantes conversations telles que celle-ci, et curieusement cela m'avait manqué.

— Désolée de vous avoir fait perdre du temps dans votre travail, je vais vous aider à finir, dis-je en me reposant de nouveau sur mes deux jambes. Sans doute m'étais-je relevée trop vite, car je fus prise d'un vertige. Les mains de Ciryön sur mes épaules me permirent de retrouver l'équilibre.

— Tu n'as pas besoin de t'excuser, me dit-il, et non tu ne nous aidera que demain matin si tu le souhaite vraiment, mais en attendant tu dois te reposer.

Lanya et Logan acquiescèrent. Je cédais, et entrais finalement dans la maison après leur avoir adressé un léger signe de la main en guise de bonne nuit, et de remerciement.

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Les Chroniques d'Azéoth - Tome 1 : DraconitisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant