Chapitre 4 : Effrayante Solitude (2/2)

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Tomas resta près des marches, mais ne voyait rien à cause de la courbure de l'escalier. Il se contenta d'écouter, attentif. L'individu marchait avec assurance, des talonnettes à ses chaussures rendaient ses pas plus audibles. Des talonnettes...

« Ita ? Tomas ? »

Cette voix perça le silence de l'habitation. Tomas la reconnut d'emblée. Il se redressa et dévala les marches.

« Hannah ! l'appela-t-il, le cœur battant à tout rompre.

Il courut vers elle et l'enlaça sans retenue, soulagé de l'avoir dans ses bras saine et sauve.

– Tomas, qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-elle, surprise d'un tel accueil. »

Elle le poussa gentiment pour leur permettre de discuter correctement et remarqua qu'il avait pleuré.

« Eh ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

– Je ne savais pas où tu étais, je me suis terriblement inquiété !

– Il va falloir que tu arrêtes de me surprotéger comme ça, petit frère, répondit-elle avec légèreté, le visage faussement rayonnant.

– Tu étais où ? insista-t-il encore paniqué.

– Je suis désolée, Ita n'a pas pu te prévenir. Je lui ai servi un mensonge. Je l'ai informée que je passerai la nuit chez toi... Je ne m'imaginais pas que tu viendrais lui poser la question. »

Tomas la regarda, les yeux ronds, et ne dit rien. Il la laissa simplement continuer, incapable de lui parler d'Ita.

« En vérité, j'étais chez Shane Bartel, j'ai cédé ma chambre à Ita pour la nuit. J'avais besoin d'entendre ce qu'il avait de si important à nous apprendre. Et j'avoue ne pas savoir si je dois le croire. Il m'a dévoilé tellement de choses absurdes, tellement de choses dures. Je... j'ignore même comment te l'annoncer. Le dois-je, finalement ?

Elle guetta sa réponse, mais son frère l'enlaça en retour :

– Merci. Merci d'être allé chez lui. Tu ne peux pas imaginer à quel point je suis heureux que tu aies succombé à ses attentes. Peu m'importe ce que tu as appris là-bas, peu m'importe ce que tu y as fait.

– Tomas, tu es sûr que ça va ? insista-t-elle en le repoussant doucement pour la seconde fois. J'ai remarqué le chariot dehors, qu'est-ce qui t'a pris de quitter ton travail pour venir me voir ? Tu sais très bien que ton patron t'en tiendra rigueur.

– Je me moque de mon boulot, comme tu t'es moquée du tien. Quand cela te concerne, je quitterais tout et tu le sais.

– Mais je vais bien. Qu'est-ce qu'il se passe à la fin ? »

Elle s'agaça. L'attitude de son cadet n'était pas normale. Elle aurait aimé le secouer pour lui délier la langue afin qu'il s'explique. Elle se retint néanmoins, ne désirant pas le brusquer, lui qui avait déjà une mine affreuse. Ses yeux, creusés par des cernes, étaient vitreux. Ses lèvres avaient perdu de leur rose habituel et ses mains étaient glaciales, raides. Elle l'observa minutieusement alors qu'il semblait en pleine réflexion. Que ne souhaitait-il pas lui dire ? Sa patience l'abandonna et Hannah souffla bruyamment. Tomas avait souvent eu du mal à s'exprimer lorsqu'il se sentait oppressé. Elle devait le rassurer avant d'espérer qu'il ne parle.

« Tomas, j'aimerais comprendre. Tu sais bien que tu peux tout me dire. Tu as le teint si livide. Veux-tu que je te ramène un verre d'eau et du pain ? Ça te ferait du bien ?

Sa question se conclut avec quelques pas en direction de la cuisine. Elle escomptait qu'il la suivrait, mais il ne bougeait pas d'un pouce.

– Je... Cette nuit..., tenta-t-il, la voix trop faible pour qu'Hannah l'entende.

CICATRICES - T1 - Le Parfum Du SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant