5. Night

29 2 0
                                    

-Est-ce que c'est vraiment nécessaire tous ces efforts vestimentaires?

Nous sommes dans ma chambre, précisément devant ma garde-robe, en train de juger toutes les robes élégantes que je possède et que j'ai porté il y a fort longtemps. Enfin, pour cette dernière partie c'est plutôt lui qui s'en occupe.

-Écoute, on va à une fête pas à une foire. Il faut faire un minimum d'effort et vu comment tu t'habilles, on est partis pour des heures. Dit-il en farfouillant sans aucune gêne dans mon armoire à la recherche d'une robe potable.

Je prends une mine blessée et agacée. Il ne pouvait pas se mêler de ces oignions celui-là?

-Vous savez, ce n'est pas la peine de me le rappeler, je sais à quel point je suis merdique.

Et c'était vrai. Tout chez moi. Je déteste tout ce que j'ai. Je ne me vois aucune qualité et cela ne s'est pas amélioré même si maintenant je vois un psy. Je ne vais pas rejeter la faute sur cette nuit, puisque je n'ai jamais eu une estime de moi et ça depuis toujours.

-Mais qu'est-ce que tu racontes? Tu n'est pas merdique, regarde toi! S'exclame-t-il, alors que je détache mes yeux du plancher pour se poser sur son visage.

Il s'est tourné vers moi affichant une expression indéchiffrable. Très vite je décèle une touche de pitié dans son regard. On m'a tellement regardé avec ces yeux que ça en devient presque une habitude, malgré cela je me mets dans une colère phénoménale à chaque fois et cette fois-ci n'allait en aucun cas être une exception.

-Je ne veux pas de votre pitié, combien de fois devrais-je vous le répéter? Je crie.

-Autant de fois que tu veux et aussi souvent que je te te dirai que tu es parfaite. Ce n'est pas de la pitié, Lindsey, c'est une évidence et c'est la vérité. Rétorque-t-il.

Je ne veux pas le croire, qu'il m'appelle de tous les noms qu'il veut je m'en soucie comme de ma première dent. Pourtant, je n'insiste pas sur ce point et il change vite de sujet en me proposant la robe bleue turquoise que j'ai porté pendant le mariage de ma tante il y a, je ne sais plus, peut-être cinq ans?

-Hors de question que je porte une robe aussi courte! Fais-je choquée alors que je sais pertinemment que ce vêtement m'appartient.

-Tu as raison à moins que tu ne veuilles te faire violer pour la deuxième fois je crois que tu ne devrais pas la porter, dit-il en s'esclaffant.

Sa blague de mauvais goût tombe à l'eau immédiatement lorsqu'il remarque que je ne ris pas.

-Désolé, ce n'était pas drôle et j'ai un humour assez noir. Je te demande pardon, s'excuse-t-il.

Je soupire. Évidemment, comme d'habitude je ne dis rien. Uniquement parce que je ne sais quoi répondre. Si je lui dis que j'accepte ses excuses alors il pourrait penser que je lui pardonne entièrement pourtant si je lui dis qu'il n'est pas pardonné, il va tout faire pour. Donc je préfère me taire.

Après une matinée entière passée à choisir quelle robe porter à la fête du soir chez moi pour finalement finir par en acheter une au centre commercial, nous avons enfin trouvé 'la perle rare' pour reprendre les mots de Jaeden: sa couleur nuancée entre le rose et le blanc, épouse mes formes sans pour autant être trop moulante, m'arrive jusqu'aux chevilles avec une coupe sirène. Il y a longtemps que je ne m'étais pas habillée de la sorte, habituée aux sacs à patates qui me servent de vêtements. Et je ne cherche même pas à me défendre.

-Lindsey, tu en as encore pour longtemps? Nous allons être en retard! Fait remarquer Jaeden à travers la porte en toquant légèrement.

-Non, j'arrive tout de suite, je rétorque.

LindseyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant