2. An Unexpected Visit

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Je reste figée et complètement paralysée des pieds à la tête, ne sachant pas ce que je dois faire. J'avais dit que je lui planterais trois fois un couteau dans le cœur, mais maintenant qu'il est là, je ne sais plus quoi faire, comment réagir, bien ou mal? Mal évidemment. Comment peut-on réagir bien devant son agresseur?

De toute façon, pour la première idée c'est grillé: il n'y a que des couteaux de tables dans la maison et puis ça me donnera encore plus d'ennuis que j'en ai déjà.

Alors en bonne citoyenne, je lui demande ce qu'il cherche:

-Euh, je cherche une femme de vingt-deux ans environ, cheveux bruns, euh...elle s'appelle Lindsey Brooks et elle euh...elle a une tâche de naissance sur le nombril.

Je reste encore plus clouée sur place, comme quoi tout à l'heure on a enfoncé un clou dans mes chaussures à l'aide d'un marteau, maintenant, on a enfoncé le clou AVEC le marteau. Comment se fait-il qu'il me décrive aussi bien? C'est vrai on a rien partagé ensemble... enfin, si on peut vraiment le dire dans le sens propre du terme. Que vais-je lui dire? Avouer que c'est moi ou lui mentir?

-On m'a dit que c'est ici que je peux la trouver, est-ce que c'est vous ou quelqu'un que vous connaissez qui vit ici? Poursuit-il.

Je le savais qu'il ne fallait pas faire confiance aux voisins, ça m'apprendra à leur raconter toute ma vie, et il fallait que ça retombe sur moi à un instant pareil, mais...POURQUOI?

Et puis qu'est-ce qu'il croit, que je vais dire "Oui c'est moi que vous avez agressé il y a deux ans, sinon vous voulez un café et en passant on se fait une soirée ciné?" Non mais!? Il pense que le monde est fait d'arc-en-ciel et de licornes qui pètent des barbes à papas aussi?

-Qu'est-ce que vous voulez. Dis-je monotonement.

-Vous voulez dire que c'est vous? S'étonne-t-il.

-Je n'ai jamais dit ça, Lindsey est partie faire des courses, c'est ma colocataire. Fais-je appuyant fortement sur le mot colocataire.

Plan A: mentir, et quitte à le faire il faut que je le fasse bien non?

-Oh.

J'aurais rigolé si on m'avait dit il y a quelques jours ou même il y a quelques heures que je laisserai l'assaillant s'assoir dans MON canapé qui se trouve dans MON salon, celui de MA maison. Et en plus je vais lui servir du thé à la vanille, mon préféré! Bon, si je mets un peu de lave-vaisselle dans sa boisson, ça m'aidera peut-être à ne pas trop me sentir coupable de lui avoir laissé rentrer chez moi. Non, à la place je mettrais plutôt du sel, c'est moins toxique et je ne risque pas d'être accusée pour meurtre. Pas que je ne veux pas qu'il meure, loin de là.

Il essaye de me faire la conversation quand je lui apporte à boire:

-Alors vous vivez ici depuis toujours?

-Non, j'ai emménagé ici il y a un an.

-Hm. Répond-il.

Je refoule difficilement mon envie de rire quand il manque de s'étouffer avec le thé que j'ai spécialement préparé pour lui. Enfin, ça dépend de quel point de vue on étudie le sens du mot 'spécialement'

-Recette maison de ma grand-mère, thé à la vanille additionnée d'une pincée de sel. Ajouté-je.

"Pincée" c'est peu dire: j'ai carrément mis toute la boîte dans la tasse, d'ailleurs je me demande encore comment la tasse tient toujours après la quantité de sel que j'y ai versé dedans.

Je me lance des fleurs intérieurement. J'ai fait vite pour inventer un bobard, c'est vrai je ne suis pas narcissique mais je sais estimer mes talents.

LindseyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant