4. Jaeden

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Je me retourne, pourtant effrayée par la main froide qui vient de se poser autour de mon poignet. Mon regard passe alors du décor -tout aussi susceptible d'apporter la chair de poule- pour aller au propriétaire de la main: fausse alerte, ce n'est que lui.

Je soupire de soulagement malgré le fait qu'il soit mon agresseur il y a deux ans, et que je suis à la fête foraine avec lui.

-Ne me dis pas que tu as eu peur..., il me le fait remarquer tandis que je me rends compte de la situation.

-Je... Je dois y aller.

Après ces paroles, je me dirige en trombe vers la sortie de l'attraction alors que je sens ses pas derrière-moi.

-Attends! Mais qu'est-ce qui te prends! Crie-t-il alors que j'accélère au fur et à mesure mes pas, mais bien sûr avec ma capacité athlétique zéro, il finit par me rattraper.

-Tu ne vas tout de même pas rentrer seule à cette heure-ci?

Je remarque évidemment que le soleil a disparu de l'horizon il y a longtemps. Le nombre personnes venant à cet endroit n'a cessé d'augmenter, et ce n'est que maintenant que je me rends compte que je ne suis pas à ma place ici.

Malgré ma confusion extrême, j'accepte sa proposition puis lui laisse me conduire jusqu'à la maison.
Dans la voiture, je ne peux pas m'empêcher de réfléchir à la raison pour laquelle j'étais prise de ce soudain élan de m'éloigner le plus de cette personne. C'est en méditant plus que je comprends que ma réaction était tout à fait naturelle.

Le trajet du retour paraît moins long que celui de tout à l'heure. Pourquoi? Je ne sais pas, sûrement parce que je suis perdue dans mes pensées pendant tout ce temps.

Nous arrivons devant chez moi. La voiture s'arrête. Il se tourne vers moi, je n'ose pas un regard vers lui. Nous restons là assis silencieusement, jusqu'à ce que je reprenne mes esprits et décide de sortir de l'habitacle.

J'esquisse alors un geste pour déverrouiller la portière lorsqu'il me retiens:

-Attends...

Je m'arrête dans mes projets pour l'écouter:

-Au fait, c'est Jaeden. Finit-il par sortir après un moment de silence.

J'aurais pu sortir une politesse, un petit mot pour lui dire que j'avais compris, mais rien, rien ne pouvait sortir de ma bouche. Je ne sais pas pourquoi je ne peux ni bouger ni parler. Je me contente de penser, de rester là sans rien faire.

Quelques minutes dans cette position, je décide enfin de dégeler et de sortir du véhicule pour rentrer chez moi.

Je rentre dans la maison, toujours aussi déserte. C'en est presque devenue une habitude: la solitude.

La première chose que je fais après avoir poussé la porte est ma direction vers la cuisine. J'ouvre le frigo et prends la bouteille de vodka, planquée au fond, même si ces temps-ci, elle sort plus fréquemment. Je constate avec plaisir le Coca qui est à moitié entamé à ses côtés. Vodka coupé Coca, me dis-je pensive.

J'entame la boisson juste après que j'ai fini de la préparer, puis me dirige vers le salon où je suis décidée à passer le plus clair de ma soirée.

J'allume la télé et met une quelconque émission de téléréalité qui est en train de passer sur une quelconque chaîne TV.

Je n'ai pas une addiction à l'alcool et je n'en n'ai jamais eu, seulement, rien ne m'empêche de déstresser un peu avec un ou deux verres toutes les deux semaines. Et puis comme je ne le supporte pas très bien, je n'en bois que peu et ça rarement. Je déteste vomir mes tripes après avoir englouti pas plus de six verres.

LindseyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant