Le son strident de la sonnerie résonne dans tout l'établissement, signalant la fin des cours et sortant par la même occasion les étudiants de leur état de somnolence. L'air ambiant n'est pas particulièrement lourd en cette fin de journée d'avril, mais tous se sentent oppressés par la chaleur étouffante de l'amphithéâtre.
Plus que soulagés à l'idée de pouvoir enfin sortir de la salle, tous les étudiants se lèvent rapidement et se pressent vers la sortie.
Peu désireux de se mêler à cette foule bruyante, Sehun reste assis sur son siège, renversant la tête en arrière tandis qu'il se frotte le visage des deux mains. Ce n'est qu'une fois la masse humaine sortie et le brouhaha passé que le jeune homme se lève, rangeant négligemment ses affaires dans son sac qu'il jette ensuite sur son épaule avant de quitter la salle d'un pas lent.
Le jeune homme déambule dans les couloirs de l'université le visage fermé, l'air indifférent et les yeux dans le vide.
Sehun pourrait être qualifié comme étant l'incarnation même de la froideur et de l'impassibilité, l'insensibilité à l'état pur, caractérisé par ce visage imperméable et fermé en permanence sur lequel trône inlassablement une expression neutre, comme s'il ne ressentait jamais rien. Même ses cheveux semblent représenter ce vide d'expression total de part leur coloration d'un blond si délavé qu'il en est presque blanc.
Il est de ce genre de garçon sur le chemin duquel les autres étudiants s'écartent, peu désireux de lui rentrer dedans, de peur de s'attirer ses foudres.
Alors pour ne pas avoir à croiser ces regards intimidés ou apeurés, le jeune homme évite la foule autant qu'il le peut, limitant les contacts et les interactions, de quelques natures qu'ils soient.
Le blond marche silencieusement dans les couloirs, l'air plus las que jamais et avec grande hâte de rentrer chez lui.
Il passe devant les nombreuses salles inoccupées, plongé dans ses pensées, jusqu'à ce que des voix étouffées lui parviennent. Sans trop savoir pourquoi, il s'avance en direction de la provenance du bruit. Il ne comprend lui-même pas pourquoi il fait cela, étant donné qu'il a plus pour habitude de fuir la foule qu'autre chose, mais ne s'en préoccupe pas.
Il progresse lentement jusqu'à apercevoir au bout du couloir deux étudiants qu'il ne parvient pas franchement à distinguer, se trouvant à une trop grande distance d'eux.
Soulagé de constater qu'ils ne l'ont pas vu, il continue d'approcher, tentant de se faire le plus discret possible. Il ne s'arrête que lorsqu'il se trouve à environ cinq bons mètres des deux autres, écart suffisant pour capter ce qu'il faut de la conversation et tenter de les reconnaître.
Il ne lui faut que très peu de temps pour identifier le jeune homme sous ses yeux : Junmyeon, président du BDE, son antipode extrême. Un brun populaire au grand sourire dont la vie ne semble être qu'arc-en-ciels et petits poneys pailletés.
Sauf que dans le cas présent, Junmyeon semble tout sauf heureux, en témoignent sa bouche ouverte dont aucun son ne semble vouloir sortir, son air décontenancé et ses membres légèrement tremblants face aux paroles que vient de lui adresser la jeune fille avec laquelle il semble en grande discussion.
Elle grimace en constatant la réaction du jeune homme et amorce un geste dans sa direction avant de se rétracter à quelques centimètres de son épaule, se disant qu'il vaut peut être mieux le laisser tranquille pour le moment. Alors elle baisse les yeux, puis murmure un vague « désolé » avant de partir, laissant le brun planté au milieu du couloir.
Le visage rivé sur le sol, Junmyeon encaisse le coup, très surpris mais également plutôt attristé par la nouvelle. Sehun voit ses poings se serrer, ses yeux se fermer et ses lèvres se crisper, ne sachant trop s'il doit attendre que le garçon se calme, partir ou encore aller le réconforter.
Il écarte cependant rapidement la dernière hypothèse, pas très emballé par l'idée de jouer le rôle de l'ami-plein-de-compassion-sur-l'épaule-duquel-on-pleure-toutes-ses-peines pour un garçon à qui il n'a jamais adressé la parole.
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La Couleur de la Fumée
Fanfiction« _ J'imagine que c'est parce qu'au fond, on n'est pas si différents l'un de l'autre. _ Ah oui ? _ Ni toi ni moi ne sommes ce que les autres pensent que nous sommes. Et aucun de nous deux n'est satisfait de cette situation. » Junmyeon est souriant...