Chapitre 6

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~Elle~

Un gong vient d'être cogné dans le creux de mes oreilles

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Un gong vient d'être cogné dans le creux de mes oreilles. Les puissantes vibrations qu'il émet éclatent mes tympans me faisant frôler de très près la surdité.

- Votre enfant ? je répète déboussolée.

Esther, dont mes yeux happent le regard tressaille, surprise par la force du lien presque irréel, mystique, qui se tisse entre nous dès qu'un contact est établie. C'est exactement comme arriver à ressentir le sang couler dans ses veines. Je ressens également ce lien se déverser en moi. C'est aussi douloureux, qu'étrangement apaisant. Depuis que nous sommes réunis dans le salon Esther n'a jamais daigné affronter mon regard que je sais, elle reconnaîtrait entre mille. Alors que depuis le début mon père achève Russel sous les questions, elle fait mine de s'intéresser au modernisme de la pièce et garde constamment la tête baissée, tournée vers la baie vitrée ou levée au plafond. Elle évitait sciemment la confrontation visuelle, et maintenant qu'elle ne peut plus faire autrement, je vois dans ses yeux qu'elle reconnaît l'enfant à qui elle a donné la vie il y a si longtemps. J'y vois aussi la certitude que j'ai bien entendu ce qui a été dit cinq minutes plus tôt. Je ne peux m'empêcher de trembler à mon tour. Je suis sonnée, avec la sensation d'être revenue d'ailleurs.

D'une autre dimension, trop éloignée pour être la leur.

Alors que toute ma vie, partagée entre le profond ressentiment mêlé a cette forme d'amour malsain, que j'ai pour mes géniteurs, et le déni dont j'ai toujours fait preuve devant le docteur HANS, secrètement, je me considérais comme leur unique enfant. C'est un fait. Dont j'ai honte, mais c'en est un malgré tout. Je ne me suis jamais accordée un rôle qui n'était pas le mien. J'étais l'enfant indésirable certes, mais je restais le seul. Il n'a jamais été question d'un frère ou d'une sœur.

Bien-sûr, ça serai me mentir à moi-même en n'admettant pas que j'ai lié leur retour dans ma vie, à la présence d'une tierce personne, plus précisément d'une sœur. Mais cela, je l'ai toujours vu plus comme une hypothèse saugrenue plutôt que comme une véritable vérité. Cela me paraissait vraiment irréel, et un peu trop mélodramatique, pour que ça soit vraiment la vérité. Pourtant, aujourd'hui, voir cette folle hypothèse prendre la forme de la réalité est déstabilisant. Avoir envisagé la possibilité qu'Esther et Russel puissent avoir fait un autre enfant après l'échec de ma venue dans ce monde n'a rien de comparable à aujourd'hui. C'est plus fou, plus invraisemblable, de les voir comme n'importe quels parents dignes de ce nom, s'inquiéter pour leur progéniture...
En revanche c'est achevant de voir que ce n'est pas de moi dont il est question alors que je suis pourtant leur enfant. De cette situation, j'en comprends, que ça ne me sert plus à rien de continuer à me borner dans l'ignorance de leur véritable identité vis-à-vis de moi. Je sais très bien qu'ils sont mes véritables parents. J'aurais beau les renier avec force et détermination, rien ne changera jamais ce fait.

Plus que Tout ( tome2 )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant