« J'ai changé ! »
Une affirmation faite avec la plus grande sincérité, une déclaration proclamée tout haut avec la conviction d'y croire, ou bien une oraison jaculatoire dite sans fondeur de vie et d'espérance ?
Qu'est-ce que sont ces innocentes e...
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Lorsqu'il est question d'attente, le temps devient la plus mauvaise variante. Dès lors où il ne peut plus être mesuré avec précision, il paraît ralentir, s'arrêter parfois, et laisse indéfiniment se succéder les heures, les minutes et les secondes. Il nous fait languir, exactement comme le ferait une femme, avec un homme, qu'elle tenterait de juger acceptable pour partager son lit une nuit, ou sa vie pour toujours.
Bien que tout nous sépare en ce moment, je suis en train de me languir du retour de mon homme. Même fou de rage, je le préfère ici avec moi, surtout maintenant que je suis si seule avec ma conscience dont le désespoir empoisonne tout mon corps. Malheureusement, le temps se joue de moi avec hypocrisie, tantôt me faisant croire qu'une demi-heure s'est écroulée, tantôt me démontrant que tout n'est que dans ma tête et que seule cinq insignifiantes minutes sont passées sur ma supposée demi-heure.
Je ne cesse de fixer la montre à mon poignet dans l'espoir de voir sa trotteuse, trotter plus vite. Il y a bien deux bonnes heures qui se sont écroulées depuis le départ de Jamie, et bien que je ne sache pas où il est allé, je ne peux m'empêcher de penser que sa soudaine urgence a un rapport avec moi. Peut-être me trompé-je, mais il semblait avoir déjà prévu de passer l'après-midi ici, à la maison et mon esprit ne démord pas de l'idée que l'appel qu'il a reçu était assez important pour parvenir à subitement le détourner de ses projets. Cela avait forcément un rapport avec moi... Ou peut-être avec l'entreprise. Il est partie aussi brusquement qu'il est arrivé et je n'aie pu que le regarder s'en aller alors même qu'il venait de me faire sienne avec cette ardeur dont lui seul a le secret. Encore maintenant, malgré le temps qui a passé, mon entrejambe fourmille toujours de sa présence.
Le souvenir a la forme d'une vraie controverse dans mon esprit, où s'y mène un débat complexe entre plaisir et dégoût. Deux émotions que je n'avais jusqu'alors jamais expérimentées ensemble, entre les bras de Jamie. C'est avec effroi que je me remémore la sensation presque douloureuse de ses mains me palpant le corps, de son visage contre mon ventre, si près et en même temps si loin de ce qu'il considère déjà comme son enfant... Mais c'est aussi avec cet intense plaisir ressenti par n'importe quelle femme venant d'être comblée par son homme, que j'ai savouré sa présence en moi, comme ça l'a toujours été. En vérité, j'ai apprécié chaque seconde de ce corps-à-corps dès l'instant où Jamie a cessé de focaliser son intérêt sur ce que j'ai dans le ventre. C'était à nouveau lui, moi et notre âme. Parce qu'il est évident que si nous sommes bien deux corps distincts, Jamie et moi partageons la même âme. Celle trahie, abîmée, tourmentée, mais désireuse et envieuse de vivre une réelle histoire comme on en voit si rarement aujourd'hui.
Si à la base nous n'étions pas une même entité, maintenant, chacune des parts qui font de nous ce que nous sommes, en forme une dont la complexité fait toute la beauté. Si Jamie, n'était pas qui il était et n'avait pas traversé ce qu'il a traversé, mon cœur n'aurait jamais trouvé échos au sien, et je ne l'aurais jamais aimé. Et inversement, si ma dépendance à lui n'avait pas été aussi vitale, il ne m'aurait jamais aimé et ne m'aurait traité que comme une femme. Juste une femme parmi les autres, et pas la sienne. Je n'aurais eu, ni son cœur, ni son âme, seulement son corps. C'est tordu comme relation, je l'accorde, mais ma dépendance à Jamie, lui sert de garde-fou. Et à mon tour, son amour presque obsessionnel et maladif, est le mien. C'est parce qu'il sait à quel point j'ai besoin de lui qu'il arrive à voir en moi autre chose qu'une femme prête à le trahir. Seul, mon amour pour lui, n'aurait jamais suffi à le convaincre de m'accorder en retour le sien et sa confiance. Parce qu'il s'est fait l'idée d'expérience, que l'amour n'empêche pas toujours la trahison. Mégane l'aimait sincèrement et pourtant c'est de sa main qu'est venu le coup...
