L'écrivain du matin

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Se pavanant fièrement comme le coq dandine
Il parcourait les villes l'écrivain du matin
Son intellect faisant de lui le plus chagrin
Tanguait, le vague à l'âme, auprès des citadins.

Perché, ça il l'était, sur son arbre fruitier
"Ma connaissance est mon péché" sans cesse il répétait
Jouissant de ses travaux, le marteaux à la main,
Abusant de ses mots, clouait l'bec des copains.

Penché, la tête au sol, Atlas serait si fier
De ce monument aux morts portant le poids d'la Terre
"Mon humanité est ma faiblesse" sans cesse il s'étonnait
"Sisyphe ne serait donc pas le seul condamné?"

Alors il répétait, à tous ceux qui ne l'écoutait :
" Ah que vous êtes tristes de ne point être aimés !"
Se targuant d'être devenu cet être infréquentable
Qui, à défaut d'aimer, s'abstenait d'être aimable.

Brassant donc ses paroles aux aurores marines
Il écumait les mers l'écrivain du matin
Sur sa route du rhum, l'ivre samaritain
S'imaginait une bière comme unique medecine.

"Funeste choix de vie que d'être intelligent ! "
Répétait-il heureux de ne pouvoir vraiment l'être.
"Le malheur, ce fardeau commun aux Hommes de lettres"
Pleurait-il chaudement de ne plus être ignorant.

Mais le Roi ne retenant plus sa grande hilarité,
Arrêta le Bouffon, avant de demander :
" D'où vous est donc venue cette remarquable idée
D'un savant ignorant sa propre stupidité ? "

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