7. Lettre

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Armin s'asseyait sur une chaise en face d'Annie en mettant son visage dans les mains. Le docteur Jaeger venait de partir après avoir ausculté Annie. Elle avait seulement une entorse qui nécessitait des béquilles. La jeune fille était allongée sur le canapé et regardait son pied sans parler.

Le blond s'inquiétait de sa santé mentale. Il avait l'impression d'être retourné presque cinq ans avant quand sa mère l'avait quitté de tristesse. Il savait la sensation de perdre ses parents. Il savait le vide que cela laissait. Il savait la colère présente envers ses propres parents à cause de leur abandon. Le jeune homme le savait plus que très bien.
Son grand-père l'appela pour manger, brisant ses pensées. Il se leva et aida Annie à rejoindre la cuisine. Ils mangèrent tous les trois dans un lourd silence. Le vieillard brisa ce silence avec une question :

« - Quand est-ce que l'enterrement se fera ?

- Demain vers quatre heures de l'après-midi.

- Et ce sera où ?

- Le cimetière qui est à dix minutes du lycée. »

Le cœur de la jeune fille se serrait. Elle commençait à réaliser l'ampleur des évènements. En plus, la jeune fille ne pouvait pas rester éternellement chez Armin même si cela ne semblait pas vraiment déranger ce dernier.
Annie s'était servi très peu de nourriture. Armin avait peur qu'elle aussi se laisse mourir. Il secoua vivement sa tête pour remettre ses idées en place. Le jeune blond sentit le regard incompris de son grand-père. L'adolescent lui sourit pour lui répondre.

Quand ils eurent fini de manger, Armin accompagna la jeune fille jusqu'à la chambre d'ami avec un pyjama dans ses bras. Ensuite, le jeune homme repartit dans sa chambre, pensif. Le cimetière où allait être enterré le père d'Annie était le même que celui de ses parents. C'était un lieu calme à la limite de la ville. A chaque fois qu'il y allait pour déposer des fleurs, le blond appréciait les petits gazouillis d'oiseau, le vent frais faisant frissonner les arbres, les fleurs brillaient avec les éclats du soleil, le calme qui y régnait.
Pour lui, le cimetière était un endroit paisible.

Après s'être changé, Armin sentit le besoin d'aller voir Annie. Il n'avait aucune raison et pourtant son instinct lui ordonnait de faire.
L'adolescent toqua et entra dans la pièce. La jeune fille s'était redressée en essuyant des larmes. Elle lui fit une petite place sur le rebord du lit et l'invita à s'asseoir. Le garçon s'exécuta. Le blond engagea la discussion :

« - Tu sais qui viendra demain ?

- Sûrement des collègues à mon père et des gens de ma famille. Dit-elle en haussant les épaules.

- Je viendrais aussi. Et je dois le dire à tes amis ?

- Tu peux, mais dis-leur de ne pas venir. »

Armin acquiesça. Les deux adolescents restèrent muets pendant un moment jusqu'à ce qu'Annie se pencha vers ses vêtements posés sur la chaise à coté d'elle. La blonde semblait chercher quelque chose dans les poches de son gilet. Elle sortit un bout de papier pliée en quatre et le tendit vers Armin.
L'adolescent, quelque peu désappointé, l'ouvrit et s'aperçut que c'était une lettre.

Jeudi 23 novembre

Ma chérie,
Je ne te demande pas de ne pas m'en vouloir sur ce que j'ai fait. J'ai honte. J'ai l'impression de sombrer de plus en plus. Sois juste heureuse sans moi. Pardonne-moi pour tous les moments où j'ai pu te blesser, les moments où tu as dû endurer la souffrance du décès de ta mère et de ma dépression. Je ne veux plus te faire revivre ça. S'il te plaît, ne fais pas recours à ma famille, c'est la seule faveur que je te demande. Ils chercheront à te rabaisser et tu finiras comme moi.
Ma fille, ne reste pas seule, reste avec tes amis ou même le petit blond, son visage montre son caractère. C'est impossible qu'il te trahisse. Ton pauvre père sait lire à travers les gens.
Ne te sens pas coupable, reste forte comme tu l'as toujours été, peu importe ce que les gens disent, tu es mon trésor. Je ne te laisse pas tomber, je veillerai sur toi dans l'au-delà avec ta mère.

Ton papa qui t'aime fort.
P.S. : et surtout, ne culpabilise pas.

Armin ne savait absolument pas comment réagir. Il lui rendit juste la lettre en tremblant. Le jeune homme n'osait pas regarder Annie. Il ressentait presque le désespoir de son père.
Malgré ce qu'avait écrit son père, l'adolescente culpabilisait.

« J'aurais dû être là, pourquoi il ne m'a pas fait confiance ? J'aurais pu le ressortir de là. » Songeait-elle.

Au bout de quelques minutes, Armin se décida à lui faire face. Il la prit par les épaules et lui caressa le dos doucement Annie se laissa complètement faire. Sa tête se posa sur l'épaule du blond. Elle ne trouvait pas ça si désagréable que ça. Au contraire, cela l'apaisait. C'était la seule chose dont elle avait besoin ces derniers jours ; qu'on la réconforte.
Peu à peu, la jeune fille s'endormit paisiblement. Chose qui ne lui était pas arrivé depuis quelque temps.

L'adolescente ouvrit ses yeux et prit conscience qu'elle n'était pas chez elle. Elle prit son téléphone pour voir l'heure, 11h30. La jeune s'aperçut qu'elle avait reçu un message vers neuf heures :
Armin - Salut ! J'espère que tu as bien dormi, n'hésite pas à faire comme chez-toi !

Annie se sentait comme soulagée de le connaître. Il s'inquiétait pour elle, pour sa petite personne. Elle vit aussi un message de Reiner reçu vers dix heures, sûrement envoyé en cours de latin :

Reiner - Je suis vraiment dsl pr ton père, jespère que tu reviendra vite... Bertoldt s'est inquité aussi

Eux aussi, elle y tenait beaucoup. Ils étaient ses meilleurs amis, des frères qu'elle n'avait jamais eus. Ils lui avaient envoyé des tonnes de messages. La jeune fille n'avait répondu à aucun des messages, mais elle les lisaient au grand damne de ses amis.

Elle observa la pièce dans laquelle elle était ; à sa gauche, ses vêtements de la veille étaient posés sur la chaise, mais aussi une chemise qui semblait être à sa taille avec une veste noire et un pantalon de la même couleur. Et à sa droite, la fenêtre faisait entrer les quelques rayons de soleil d'hiver.

Elle se leva du lit et chercha la salle de bain avec sa brosse à dents dans les mains. Quand elle eut enfin trouvé la pièce d'eau, la jeune fille se rafraîchit le visage. Ensuite, elle se regarda dans le miroir. Ses cheveux beaux blonds ressemblaient maintenant à de la paille, étant emmêlés et tout secs. Sous ses yeux bouffis par les larmes, des cernes bien marqués apparaissaient. Son visage aussi était d'une pâleur effrayante. Le grand-père d'Armin avait dû la prendre pour une folle sortie de l'asile.

Annie en profita pour prendre une douche bien chaude et se changer. Après une demi-heure, elle réussit à être un minimum présentable.
Pendant qu'elle lisait et relisait la lettre assise sur le canapé, elle entendit le bruit des clés contre la porte et juste des éclats de voix et des bruits de pas.


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Salut !

Je tiens à m'excuser du retard.

A vrai dire, j'ai aucune excuse mais ça ma permit d'avancer sur les autres chapitres si vous voulez savoir :)

J'espère que ce chapitre vous a plu. Laissez un commentaire et un petit vote :))

Isolée {Aruani}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant