PROLOGUE

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J'ai attendu pendant longtemps. J'ai finalement arrêté d'espérer. Je me suis habituée à toute cette solitude, ce silence, le regard des autres. Je travaille sans arrêt. Je me noie dans le travail. Présidente d'une des plus grandes entreprises du monde, de l'argent à en pouvoir nourrir toute une ville, parcourir le monde entier à n'importe quel moment, des partenaires sexuels quand elle veut, où elle veut et avec qui elle veut. Au début je n'avais qu'un seul but quitter cette souffrance. Réussir pour pouvoir enfin voler de mes propres ailes, manger à ma faim, avoir de vrais vêtements, un toit sur la tête, un endroit chaud pour les soirs d'hivers, mais plus que tout, je devais tenir cette promesse. Je voulais qu'il arrête de me torturer. Je souhaitais, priais, suppliais qu'il arrête. J'ai pleuré toutes les nuits, tous les jours. Je ne pouvais aller nulle part. Je n'avais aucun endroit où aller, personne à qui me confier, chez qui me réfugier. Alors j'ai ramé, essuyé mes larmes et travaillé.

Pendant qu'il me torturait aussi bien physiquement que mentalement, je ne pleurais plus. Il m'ordonnait de pleurer mais il ignorait que j'étais à court de larmes et que ma souffrance c'était transformé en rage. Cette rage m'a donné la force nécessaire pour réussir à bâtir cet empire.

L'ayant banni à tout jamais de mon existence, le laissant dans sa crasse, je l'ai regardé mourir petit à petit jusqu'à qu'un beau jour l'hôpital m'annonce que cet homme est mort poignardé dans une ruelle. J'avais des bras qui m'avaient accueilli. Après cette nouvelle, j'ai immédiatement raccroché. Je n'ai rien fait pour son enterrement, ni donné son nom, ou même me manifester comme étant de sa famille. Il n'était rien pour moi à part un bourreau. J'avais trouvé du confort autre part. Sa mort n'a créé en moi aucune émotion, ni joie, ni soulagement, ni colère, ni tristesse. Pour moi, il était déjà mort depuis bien longtemps même lorsqu'il tapait à ma porte ou il m'attendait au bas de mon building pour réclamer de l'argent, ce n'était qu'un fantôme, une chose insignifiante, un détail qui ne tarderait pas à être complètement oublier, voir même effacé.

Puis la mort est venue encore frapper à ma porte. Elle m'a retirée ses bras chauds. Tout s'est tout de suite écroulé.

Aujourd'hui je mène une vie tout ce qu'il y a de plus monotone. Je vis seule dans ce loft, faisant l'allée retour entre bureau, voyage et maison. De temps en temps, j'assiste à des célébrations mais je ne reste jamais longtemps. Les gens essayent toujours de m'approcher alors qu'ils savent très bien que je suis une femme froide, sans cœur et asociale. Je préfère rester dans mon monde. J'ai du apprendre très tôt et à mes dépends que le monde est rempli de vermines égoïstes. Maintenant je sais me défendre et j'en ai les moyens mais je préfère m'en éloigner.

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Je l'ai aperçu à une soirée mondaine. Elle est surnommée la reine de glace. Son visage et son corps sont un appel aux gestes les plus interdits. Sa chevelure sombre ondulée jusqu'au milieu de son dos nu dévoilé par sa combinaison qui nous laissait savourer sa peau bronzée. Sa tenue nous révélait sa cambrure. Ses cheveux encadraient parfaitement son visage aux traits fins. Ses yeux verts d'eau étaient mis en valeurs par un léger maquillage. Je contemplais cette reine de glace de loin. Je pouvais tenter un rapprochement mais je ne pouvais pas et ne voulais pas effectuer cette simple action. Un homme comme moi ne peut pas tout simplement s'adresser à une femme telle qu'elle. Cette femme de son vrai nom Samira Da Silva, elle est connue pour son incroyable beauté, son empire et son comportement froid. Alors imaginez-vous, moi, simple fonctionnaire, fils bâtard d'un homme puissant, rejeté par ma seule famille, obligé de travailler pour prendre soin de ma mère malade tout en étant étudiant jusqu'à qu'elle rende l'âme dans d'horrible souffrance. Je ne me plains en aucun cas de ma situation, enfin aujourd'hui. Je pourrais mais faut dire qu'un beau jour mes prières ont fini par être entendu. À partir de ce moment-là je me suis rendu compte de ma beauté. Un outil important pour mon ascension sociale dont je ne m'étais jamais préoccupé. Au jour d'aujourd'hui, ce fameux "outil" me permet plus que d'arrondir mes fins de mois. J'en profite réellement mais je sais que cela a des limites et ma limite se nomme Samira Da Silva.

Vous vous demandez peut-être qu'est-ce qu'un simple fonctionnaire comme moi fait dans une de ces soirées où seules les personnalités importantes sont invités. La réponse est simple mon "outil" m'aide beaucoup. Je suis ce qu'on pourrait appeler de gigolo. Entretenu par ces dames, seules ou mariées, juste pour des nuits torrides et pouvoir s'affichées quelques fois aux bras d'un jeune et beau mâle, elles me permettent d'accéder à ce genre de soirées. Alors, au début avec un peu de mal mais j'ai fini par m'habituer, j'en profite. Surtout si je peux contempler cette beauté défendue.


On s'est perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant