On s'est perdu

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Des cris, des injures, des menaces, une seule qui comprend.

Je quitte la demeure. Je laisse derrière moi ce chapitre de ma vie en même temps que je franchis l'immense portail.

Je monte dans ma voiture et roule. Je roule sans réelle destination. Je veux juste conduire, quitter la ville. Je veux être loin de toute cette agitation. Lorsque je vois que je suis prêt de cet endroit. Je gare ma voiture sur le bas-côté. Je souffle et quitte l'habitacle. Je me dirige alors vers ce lieu qui représente tant de choses à mes yeux. Je suis le petit sentier. Je me faufile entre les arbres. J'écoute les chants de la nature. Je laisse l'odeur de l'humidité venir caresser mon nez. J'observe la nature verdoyante tout en avançant vers mon but. Une fois que je vois le bord de la falaise, je prends une profonde inspiration et pars m'y installer comme autrefois. Je contemple la vue. Le reflet du soleil couchant sur le fleuve, les lumières de la ville qui s'allument petit à petit, les bout de verdure à certains endroits, m'offrent un magnifique spectacle. Je n'étais pas revenu depuis si longtemps. C'était notre endroit, notre jardin secret. Un endroit où l'on pouvait venir à tout moment. Où nous noyions notre chagrin. Où nous pouvions nous y retrouver en toute quiétude. Notre refuge.

C'est toujours notre refuge, notre endroit.

Je me souviens de ce jour où j'ai découvert ce lieu. Après avoir roulé, comme aujourd'hui, pour m'éloigner de la ville et pas que mais aussi de ma vie, j'étais tombé en rade. Je n'avais plus de carburant. Alors ne voulant parler à personne je n'ai pas demandé d'aide. Je suis resté cloîtrer dans ma voiture, éveiller, jusqu'à ce que je vois les premiers rayons de soleil. Je suis sorti du véhicule et parti m'appuyer sur le devant de celle-ci. C'est alors que j'ai remarqué le sentier. Je l'ai suivi sans vraiment savoir où il pouvait me mener, sans me soucier que j'aurais pu me perdre. Mais à la fin du petit chemin, je n'ai été que ravi de voir que j'avais eu raison de le suivre. Le spectacle qui se présentait à moi, m'a immédiatement réchauffé le cœur. Mes peines et mes colères s'étaient dissipés laissant place à un calme reposant. J'étais serein. Ce paysage m'avait instantanément fait penser à cet homme que j'affectionnais particulièrement. Il était le seul à pouvoir d'un simple regard me calmer, me rassurer, me faire passer un message, faire battre mon cœur. Alors je m'étais promis de l'emmener ici. Et je remercie les cieux d'avoir pu en profiter avec lui.

Le seul...

Je me lève alors et quitte cet endroit avec peine. Je lui ai promis de m'en sortir.

Je m'en sortirai...

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Installée devant cette tombe, des "si" pleins la tête, des non-dits qui me remplissent le cœur, que puis-je faire maintenant ?

Des paroles qui ne seront jamais dites, des promesses qui ne seront jamais tenues, un futur où seule moi ferait office de présence.

Un seul mot pour illustrer ce que je ressens maintenant : « le manque ».

Tu me manques.

Mon temps est gelé comme mon cœur. Mon horloge s'est arrêtée au moment où la lumière qui faisait vivre tes yeux s'est éteinte. Mon avenir... Il n'y a plus d'avenir. Tout n'est qu'une succession d'acquisitions. Ma vie ne se résumait qu'à te rendre fier. Je ne vivais que pour voir cette lumière brillait. Tes bras dans lesquels je venais me réfugier, pleurer, me lamenter. Une vie malmenée mais dans laquelle je ne trouvais du confort auprès de toi. Mon cœur déchirait, dévorait par le monde mais tu étais toujours là pour recoller les morceaux et de retrouver les morceaux perdus.

La reine de glace, c'est comme cela qu'ils me nomment depuis que je t'ai perdu.

Depuis que l'Homme t'a arraché à moi.

Je ne peux accuser la vie car c'est elle qui t'as mis sur mon chemin. Je suis revenue à la vie dans tes bras et tu t'es éteins dans les miens. On s'est longtemps complété et on continuera à se compléter...

Car tu es le seul.

J'essuies mes larmes et retourne dans ma tour de verres. J'isole mon cœur, le met en sécurité dans ma tour d'ivoire. Je cache tous les morceaux de mon cœur, que j'ai perdu en chemin, qui pourraient transpercer ma tour. Je les ai laissés dans le cœur d'un iceberg.

J'aurais aimé te suivre dans l'au-delà mais tes dernières paroles m'ont dissuadé. Je refuse que tu m'en veuilles même si je t'ai longtemps haï pour cette dernière parole.

"Vis pour nous deux."

Nous deux...

Il ne reste plus que moi. Comme on dit, il n'en resta plus qu'un.

Mais ils ne m'auront pas. J'ai juré de rester en vie pour toi.

Je dirige, je dicte, je prends, je retire, je supprime.

Cela a été dur au début puis tout est mort en moi me facilitant mon ascension. Cette soudaine transformation m'a permis de me faire un nom, une réputation, de me faire craindre dans ce monde.

- Démantèle tout.

J'ordonne.

- Mais tous ces employés vont se retrouver sans emplois, madame.

- Reconvertis les. Prends les plus compétents. Vérifie, examine les dossiers de chacun. À la moindre plainte d'un de ces employés, c'est la porte pour lui et pour toi.

Je commande

- Bien.

Et la porte se referme. Le silence c'est ce qu'il reste. Un écho à mon âme et mon cœur.

J'ai arrêté de chanter, de jouer de cet instrument, de danser. Mon partenaire m'ayant quitté. Il s'est endormi dans les roses pour ne plus se relever. Dans cette plaine où les roses se multipliaient, nous admirions la beauté de la nature. Aujourd'hui je préfère admirer les natures mortes représentant des fleurs par milliers, de tous genres et tous types. Je préfère contempler le monde depuis ma tour. Je préfère observer le ciel sombre que de regarder devant moi ...

Et voir que tu n'es pas là pour aller de l'avant .