Connaissez-vous cette sensation de constamment chercher le but de votre vie ? Savez-vous cette sensation de pouvoir enfin effleurer ce but tant désirer, cette chose qu'on a cherché pendant longtemps ? Savez-vous ce que cela fait de perdre cette chose qui animait votre existence ? J'ai eu la sensation une fois de l'avoir trouvé. Un bref instant, j'étais heureux. J'ai effleuré du bout des doigts le bonheur. J'ai ressenti mon cœur plus léger, mon âme en paix, mes pensées étaient remplies de lumières. Mais le sentiment de perdre cette raison de vivre était comme si on m'enlevait tout ce que j'avais bâti. Comme si ma vie perdait tout son sens. Comme si ma vie était un échec. Comme si on m'enfermait dans un coffre attendant patiemment que je crève.
Je suis d'abord parti, longtemps. Je suis parti à la recherche d'une paix intérieure. J'ai fait le tour du monde, ma peine ne quittant jamais mon cœur. J'ai vu des femmes. Toutes si belles, si intelligentes, si douces mais jamais aucunes d'elles n'éveillaient en moi ce désir, cette flamme que seul lui avait la capacité d'animer et d'entretenir. Durant ce voyage qui a duré trois longues années, une seule femme a rejoint ma couche. Je me suis laissé aller avec une seule. Elle n'avait pas réveillé en moi le désir, non juste l'envie de m'abandonner, ne serait-ce que le temps d'une seule nuit.
Ses yeux m'ont captivé. Ses paroles m'ont réconforté. Et son corps, j'ai appris à l'éteindre, à l'embrasser, à le vénérer le temps d'une nuit. Elle a été une excellente amie après cela. Elle et moi savions déjà qu'il n'y aurait pas d'autrefois ni autre chose.
J'ai vu des hommes, aucun ne valait le coup que je me retourne. Il était et restera le seul homme. Le seul homme pour qui j'ai vendu corps et âme.
Puis je suis rentré. Et cet à ce moment-là que j'ai entamé une descente aux enfers. Plus rien en poche, alors les femmes riches ont su remédier à ce problème. Mes poches sont remplis à ras-bord, mon désir est à son paroxysme et j'ignore comment approcher celle qui me retourne la tête.
Je suis dans un café en train de lire l'actualité sur ma tablette lorsqu'une nouvelle m'interpelle.
《Un vol ayant mal tourné chez la puissante femme d'affaires Samira Da Silva 》
Plus je lis la suite, plus cette histoire m'intrigue. Comment s'est-il retrouvé mort ? Ses gardes du corps auraient utilisé leurs armes pour l'abattre mais il s'est retrouvé la gorge tranchée.
Qui l'a tué ? Et qu'est-ce qu'il faisait là bas ?
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J'observe les journalistes s'agitaient comme des cafards autour de moi pour que je m'exprime sur "le drame" qui s'est déroulé chez moi. Ils savent pertinemment que je ne dirait rien. Je n'attarderais pas une seconde de plus sur cette ordure qui a voulu m'égorger. Me tuer pour une raison totalement absurde. La seule chose qu'il a mérité après cela c'est mon mépris. Du mépris pour un incapable, un égoïste qui ne mérite pas toute cette attention, cette agitation.
Je monte dans ma voiture. J'appelle mon secrétaire:
" Je ne veux voir aucun vautours devant la tour. Et précise que je n'accorderai aucune interview."
Je raccroche.
J'ai besoin d'air. Je roule jusqu'à une aire de repos vide. Je mets ma musique et prends une cigarette. Je me laisse aller. La musique envahit l'habitacle. Je ne pense à rien. La fumée que j'expire, est comme si elle me délestait d'un poids à chaque fois. Je ferme les yeux et j'apprécie ce moment. Seule au milieu de nul part, aucun bruit de voiture, ma musique et moi, aucunes pensées obscures pour me torturer.
Si je pouvais être constamment comme cela, sans tracas, mais je sais que bientôt je serai assailli de tourments: les tourments de cet amour perdu et les tourments dû à mes questionnements quotidiens. Alors je profite de ce moment.
Carpe diem...
Il devrait être mon nouveau mantra, peut-être qu'à force je pourrais profiter tous les jours.
Que dis-je ? Cela n'arrivera pas et j'arrête toutes réflexions jusqu'à que je retrouve mes bureaux. Et le train-train habituel reprend. Mon secrétaire me talonnant, les coups de téléphone incessants, la froideur de mon environnement, je me retiens de soupirer et de crier que je m'en vais.
Peut-être est-ce la solution, tout quitter et me terrer loin de tout.
"Madame, vous-..."
Je me retourne vers mon secrétaire et je le scrute.
C'est un jeune homme, la vingtaine d'années, qui excellait dans sa promo. Il est blond, des cheveux hirsutes, des lunettes rondes posées sur son nez, un visage agréable, des yeux verts, une barbe bien taillée, une mâchoire bien prononcé. Son corps, je le devine, musclé sous sa chemise blanche et son jean. Il est toujours souriant et agréable. On pourrait dire que c'est un rayon de soleil dans cet environnement froid et hostile.
Je lui demande alors le coupant dans le flot d'informations qu'il m'énumère:
- Samuel, que fais-tu dans cette entreprise ? Pourquoi travailles-tu dans cet environnement si peu accueillant ?
Il me regarde d'abord surpris puis un sourire se dessine sur ses belles lèvres roses.
- C'était un défi pour moi de travailler auprès de vous. Et le business, les affaires sont un défis constants et j'aime les défis.
Je le scrute encore. Il attend une réaction de ma part, mais je regarde son sourire. Il est trop éblouissant, trop pure. Il a l'air heureux. Je demande encore :
- Es-tu heureux dans la vie que tu mènes ?
Il sourit encore plus et hoche vivement la tête. Sa place est ailleurs. Son sourire ne doit pas éblouir un lieu comme celui-ci. Un lieu si morne, tout est impersonnel, blanc et froid. Mêmes les plantes sont fausses. Mais il est heureux malgré tout, malgré la dureté de la vie. Je demande encore à cet homme qui m'intrigue :
- Comment fais-tu pour être heureux ? Dis-moi ton secret.

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On s'est perdu
RomantizmDes monts et des merveilles, c'est de cela qu'il rêvait avec cette femme insaisissable. D'amour et d'étreintes, elle en voulait encore de son amour perdu à jamais. Deux personnes en proie à l'impossible, se perdent dans les profondeurs de la mélanc...