Je suis dans cet atelier. Les coups de crayons prennent formes puis prennent vies sous mes coups de pinceaux.
Je transmets ma peine, ma rage, mon déni et ma solitude à travers mes toiles.
Je transmets mon désir, m'inspirant de ma nouvelle muse.
Je donne vie à ma muse dans mes toiles.
Je fais briller ses yeux froids.
Reine de glace...
Ce surnom illustre la femme qui occupe mes pensées. Enfin il n'illustre pas vraiment. Personne n'essaye de la connaître. Tous ceux que j'ai interrogé sont soit des hommes à l'orgueil meurtri après avoir essuyé un refus catégorique de Samira Da Silva. Soit des hommes furieux et désespérés de vouloir collaborer avec celle-ci. Soit des femmes jalouses et envieuses de son statut, de sa notoriété et de sa beauté.
J'ai eu des réponses complètement subjectives et dénuées de sens. Les seules choses dont j'ai connaissance sont à la portée de tous, c'est-à-dire sur Internet. Elle est une femme d'affaires puissante et craint. Elle est à la tête de plusieurs firmes internationales. Elle est sur tous les fronts. Une femme intransigeante et sans pitié, c'est comme cela que tout le peuple la perçoit. Personnellement j'aurais aimé me faire ma propre opinion.
En attendant ce moment, je la côtoie à travers mes œuvres.
Je l'imagine, lui donne vie, lui crée une vie.
J'imagine son corps dans différentes postures.
Je l'imagine dans diverses situations qui ferait rencontrer nos vies.
Elle m'obsède...
Son visage, son corps, ses yeux ne quittent pas mon esprit. Je suis comme envoûté. Son image danse derrière mes paupières lorsque je ferme les yeux. J'imagine la fragrance de son parfum, son touché sur mon corps, son souffle chaud s'abattant sur ma peau et sur mes lèvres.
Je la désire...
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Dans cette baignoire, une cigarette entre les doigts, ma tête reposant sur le rebord, mes yeux rivés sur le plafond, j'imagine encore ta présence. Je me rappelle de nos moments passés. Je me rappelle de cette vie où mon regard s'illuminait dès que je te voyais. Mes souvenirs se basculent et poignardent mon cœur. Ce cœur que je pensais mort.
Je me lève soudainement. Je sors de l'eau. Je jette mon mégot dans la poubelle. Nue et encore couverte d'eau, je me dirige vers ma chambre. Je me saisis de mon téléphone et appelle un numéro aux hasards.
" Viens."
" réponse de l'interlocuteur"
« Sois-tu viens maintenant, soit tu m'oublies. »
Je raccroche.
Je retourne dans la salle. J'enfile mon peignoir que je ne referme pas et m'approche du lavabo. Je fixe mon reflet. Même en me regardant à travers un miroir, un souvenir apparaît. Je voudrais faire taire mon cœur, arrêter de penser à toi, à nous. Même dans l'au-delà tu réussis à faire battre mon cœur.
Un rire amer m'échappe en détachant mes yeux du miroir. J'attrape les bords du lavabo et sers de toutes mes forces. Soudain j'entends sonner. Je me dirige vers l'interphone et regarde qui c'est. Je vois l'homme que j'ai contacté. Je souffle et j'ouvre.
Je vais me servir un verre de whisky. Lorsque j'entends des pas derrière moi, je ne me retourne pas pour l'accueillir. Il s'approche, pose ses mains sur mes hanches et embrasse mon cou. Je penche ma tête sur le côté pour lui laisser le champ libre. Je ne ressens rien du tout, pas même un frisson. Il dégage mes cheveux de mon cou mais ne remet pas sa main sur ma hanche.
Je suis plus attentive à ses gestes qu'aux caresses qu'il me prodigue. Penser à lui maintenant me chamboule. Cinq ans se sont déjà écoulés, pourtant cette année c'est comme si je revivais ce jour où l'on m'a annoncé sa mort, mais sans les larmes, les cris et l'envie de le rejoindre. Juste le vide, un immense manque. Après avoir réussis à me reprendre j'avais tout mis en œuvre pour ne plus penser à lui. J'en avais même oublié la douleur. Je ne ressentais juste... rien. Mes sentiments étaient comme morts. Il ne m'a fallu que trois ans pour monter mon empire en usant de nos recherches, de l'argent amassé grâce à ces dernières. Alors pourquoi après tant de temps tout cela remonte maintenant ?
Je suis coupée dans ma réflexion par une sensation froide,
Un frisson,
Une menace,
Un battement de cil,
Il était par terre gisant sous la coupure nette de sa propre lame maintenant dans ma main. Même après m'être presque fait tuer par mon amant d'une nuit, mon cœur ne s'est même pas un peu agité. Je me sers un autre verre de whisky et m'assois. Je fixe le corps inerte de l'homme qui était censé me faire oublier celui qui tourmente mon esprit et mon cœur. J'observe la façon dont son sang tâche mon tapis.
Tsk, faudrait que j'en rachète un autre.
Il a les yeux ouverts, démunis de vie. Son corps est là, mais son âme a déjà depuis bien longtemps quitter celui-ci. Pendant un moment j'aurais voulu être dans la même situation que lui, allongé, me vidant de mon sang, voir la vie me quitter.
Aujourd'hui je ne veux plus de cela. Je ne sais pas encore pourquoi j'ai changé d'avis. Il y a quelques temps c'était pour honorer ma promesse mais maintenant ce n'est plus pareil je cherche encore la raison en détaillant ce corps tout en espérant qu'il me donnerait la réponse. Mais une seule chose, parmi tous ces souvenirs et ces questions, sort de ma bouche.
" Ils s'appelaient Cyrius."
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On s'est perdu
RomanceDes monts et des merveilles, c'est de cela qu'il rêvait avec cette femme insaisissable. D'amour et d'étreintes, elle en voulait encore de son amour perdu à jamais. Deux personnes en proie à l'impossible, se perdent dans les profondeurs de la mélanc...