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Soumis, voilà où j'en suis. Cela pour être même drôle, soumis à la vie, soumis à l'argent, soumis à mes désirs, soumis à une femme. La tête entre les cuisses de ce succube, ma langue recueillant son jus, mon index et mon majeur s'activant dans son antre. Ses gémissements qui remplissent son bureau. Sa main appuie sur le haut de ma tête. J'avale le flot de mouille qui se déverse dans ma bouche lors de sa jouissance. Elle pousse ma tête et m'ordonne de me lever. Debout, je la regarde, assise sur un fauteuil en cuir noir, la poitrine exposée, les jambes maintenant croisées, sa langue qui passe lentement sur ses lèvres. Elle a l'air si obscène, si vicieuse. Par je ne sais quel moyen, elle arrive quand même à me captiver, à me rendre faible de désir, ses yeux clairs me noient. Elle m'emmène au large telle une sirène, pour ensuite me noyer et me dévorer. Elle se joue de moi. Elle profite de ma faiblesse, de ma situation, de mon désespoir pour jouer avec moi.

Comme je l'ai dit, je suis faible. Je ne suis qu'un homme.

La diablesse comprit que je m'étais abandonnée à elle. Il lui a suffit d'une journée pour m'avoir. Je désire une autre femme et je me laisse souiller par une autre. Je désire changer de vie mais je laisse encore mes désirs prendre le dessus sur ma raison. Je ne suis qu'un soumis. Mes fantasmes pour Ma Reine de Glace ne resteront à jamais que des fantasmes, des rêves qui me permettront de comprendre que je ne suis qu'un incapable, un bon à rien. Chaque jour je me réveillerai avec cette sensation, ce goût d'échec amère dans la bouche. Chaque nuit le corps de Samira hantera mes rêves. Son visage, son corps, ses cheveux seront une douce punition.

Elle est tout ce que je veux. Tout ce qui me fait mal...

Mal, qu'elle soit inaccessible.

Mal, qu'elle me soit interdite.

Mal, qu'elle soit si désirable mais pourtant hors de ma portée.

Mal, qu'elle me rende fou tout en ignorant mon existence.

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J'abandonne.

J'ai assez combattu.

J'ai assez acquis.

J'ai assez vu.

J'ai assez pris.

J'en ai assez.

Je te veux.

Je veux te rejoindre. Je veux tes bras. Je veux que tu essuis ses larmes qui ne cessent de dévaler sur mes joues. Je veux que grâce à la douceur de tes mots, les battements réguliers de ton cœur et la chaleur de ton corps qui m'enveloppait, tu apaises mes souffrances. Je veux venir me blottir contre toi.

Je n'arrive pas, je n'y arrive plus.

Faire semblant, ce froid constant, cette souffrance.

C'est de tes mains, ton sourire dont j'ai besoin.

Nos discussions, nos débats nocturnes sous le ciel étoilé me sont devenus vitaux.

Cet argent, cet empire, cette tour, je n'en veux pas. Je n'en ai jamais voulu.

Nos recherches et toi étaient tous ce qui me maintenaient hors de l'eau.

J'ai cru en revenant ici, je pourrais en repartir et prendre un nouveau départ mais je ne peux oublier. Je ne veux pas oublier. Je ne veux pas avancer sans toi. J'ai toujours voulu avancer vers l'horizon ma main dans ta main, nos doigts entrelacés. Tu n'es plus là, ces rêves n'ont plus aucun sens, plus aucune signification, aucune raison d'être vécus.

Lorsque je regarde cet instrument. Je me souviens du jour où j'ai découvert que tu étais un musicien mais en plus un musicien grandiose.

Tu n'avais pas du tout l'apparence d'un musicien, surtout d'un instrument tel quel. Je te vois me proposer un soir alors qu'on quittait le laboratoire de passer la soirée avec toi. Nous étions qu'au début de notre relation. Tu m'as pris la main. Je me rappelle du doux frisson qui m'a traversé au contact de nos peaux. Un sourire éblouissant s'était posé sur tes lèvres. Tu m'as emmené diner. On s'est promené le long des quais. On a parlé, on a ri, on s'est chamaillé. Nous nous sommes embrassés, enlacés. J'aurais pu mourir de bonheur ce soir-là. Tu m'as alors dit, d'une voix pleine de mystère que tu avais une surprise pour moi. Malgré mes supplications, les différents chantages qui t'ont fait rire et remplir mes oreilles de ce magnifique son grave. Tu nous as conduit jusqu'à quitter la ville, intensifiant encore plus ma curiosité. Tu t'es soudain arrêté au milieu de nulle part et as quitté la voiture, surprise je n'ai pas bougé. Tu es apparu à ma fenêtre et tu m'as fait signe de descendre. Je t'ai demandé si tu comptais me tuer. Un éclat de rire a rompu le calme qui régnait dans ce désert. Un désert qui n'en était pas un puisqu'un bâtiment trônait en seul maître des lieux. Je t'ai donc demandé si tu allais me garder prisonnière et me torturer parce que tu étais un psychopathe sadique. Tu as rigolé à en avoir les larmes aux yeux. J'ai immédiatement pensé que c'était le plus beau spectacle que je n'avais jamais vu. Lorsque tu as repris contenance, tu as secoué la tête te décoiffant au passage. Ta mêche brune te tombait devant les yeux. Tu m'as prise par les épaules pour me coller à toi et souffler que je fusse irrécupérable et qu'au lieu de me faire de film, je devrais me taire et être patiente. Je fis alors une fausse moue boudeuse. Tu as souri et embrassé ma joue me tirant alors un sourire et des rougeurs sur mes pommettes. Pendant tout ce temps nous traversions des couloirs éclairés par des néons et dont les murs sont remplis par des dizaines de portes qui comportent des numéros. Tu as fini par te stopper devant la porte numéro « soixante-six ». Tu m'as regardé et tu m'as souri encore une fois. Je me suis mise alors à te presser et à être aussi excitée qu'une enfant le jour de Noël à l'ouverture des cadeaux. Un petit rire t'a échappé et enfin tu ouvris la porte. Je t'ai bousculé et j'ai pénétré dans la pièce complètement vide.

Une seule chose, placée au milieu de la pièce, un violon.

Il était majestueux. Il était la lumière de ce lieu sombre. J'ai voulu m'approcher et le toucher mais c'est comme si j'en avais peur. Je t'ai alors demandé si tu savais en jouer et tu t'es alors saisi de l'instrument, un dernier coup d'œil vers moi, un soupire et tu as joué. Je te regardé, le regard de plus en plus émerveillé au fur à mesure que tu jouais. Tes yeux clos, tes traits qui se tiraient et se détendaient, tes doigts dont j'avais l'impression qu'il volait sur les cordes et les touches. Tu maniais l'archet avec une telle force mais avec-en même temps-une telle douceur. Ta mêche te tombait à nouveau sur le front. Tes biceps se marquaient fortement selon tes mouvements. L'air et la pièce s'emplissaient des notes perdues. Tu jouais douceur et sensualité simultanément. Je te désirais encore plus à travers les messages que tu m'envoyais. Alors j'ai dansé. J'ai joint mes gestes à tes notes. Je nous ai unis à travers ce mélange. Ma tenue ce jour-là n'entravais en aucun cas mes mouvements. J'ai sauté, tourné, ondulé encore et encore jusqu'à que les notes cessent. Nous sommes alors souvent revenus. C'était notre endroit, notre petit jardin secret. Un endroit où je me laissais noyer dans les notes de ton violon, dans la douceur de ces notes, dans la douceur des messages qui s'y cachaient.

Et les notes ont cessé du jour au lendemain sans prévenir.

Un silence pesant, étouffant a rempli les lieux. La vue de ce violon est une souffrance de plus alors je quitte ce lieu en courant.

Tout a une fin.

Je cours à en perdre haleine. Je cours à en avoir le souffle coupé. Je ne vois rien à travers le rideau de larmes. Je n'entends pas cette voiture qui arrive sur cette route qui est normalement rarement emprunté. Je ne sens pas la douleur lors de l'impact. Je ne sens tout simplement plus rien. Rien à part le soulagement. Je vais enfin te rejoindre. Un dernier souffle qui me demande trop de force, mes yeux qui n'arrivent plus à s'ouvrir. Le noir me tire et j'y plonge sans regret.

Tout a une fin, sauf Nous. Ce « nous » n'aura jamais de fin. J'arrive mon amour.


On s'est perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant