Chapitre 7

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Ils se trouvèrent à flan de colline, debout, à quelques mètres de la route. Lorsqu'elle se tourna vers le vide, elle comprit. Cet endroit précis dominait toute la ville, elle put même apercevoir, derrière les bâtiments gris, le début du parc national. C'était magnifique.




- J'aime bien venir ici, j'observe les gens qu'on voit en contre bas, je prends du recule, c'est très calme. Je viens pratiquement tous les jours à midi, je profite du paysage au lieu de rester enfermé dans la cantine, au milieu de cette effervescence constante. Après, je me sens prêt à retourner en cours, la tête reposée.

- C'est aussi ce que je ressens, quand je pars me promener seule à vélo. On n'est vraiment pas sociable! Ils rigolèrent tout les deux de ce trait de ressemblance inhabituel. Je suis contente que tu ais partagé ton coin secret avec moi. Mais c'est franchement perturbant, je me sens si proche de toi par moment, alors que je te connais à peine.

Adossé à sa vieille Mustang, il regarda Lou d'un air malicieux et, après quelques instants de réflexion, lui demanda ce qu'elle désirait savoir à propos de lui. Elle profita qu'il se montre si ouvert et lui posa tout un tas de questions. Ils parlèrent des heures sans se rendre compte du temps qui filait. Elle apprit qu'il n'avait jamais connu ses parents. Ils étaient morts quand il avait deux ans et vivait avec sa tante Ruth. Elle était architecte et travaillait jusqu'à l'année passée pour un grand cabinet à Sydney. Ils avaient déménagé une dizaine de fois en quinze ans. Son travail était très important pour sa tante, c'était une femme accomplie mais souvent occupée. De son côté, il avait du mal à se faire des amis puisqu'ils restaient rarement une année entière au même endroit et qu'il était d'une nature réservée. Cass se retrouvait donc souvent seul. Il lui raconta des anecdotes du temps où il vivait au Japon, à Singapour, en Australie, en Allemagne, en Suisse et en France. Lou fut surprise que quelqu'un de son âge ait vécu tant de choses.

Le soleil commençait à décliner dans le ciel, il devait être tard. Il fallait vite que la jeune fille rentre avant que son père ne s'inquiète. Il la ramena devant la maison sous un ciel aux couleurs changeantes entre le rose et le orangé. Au moment d'ouvrir la portière, elle se retourna vers lui et le remercia de nouveau. Ils se sourirent mutuellement, habités de cette nouvelle complicité. Elle sentit alors son cœur s'emballer, elle ne comprit pas cette soudaine nervosité, elle s'était pourtant sentie sereine avec lui jusqu'à présent. Elle descendit de la voiture, lui fit un geste nerveux de la main et rentra rapidement dans la maison. Elle était un peu déconcertée par sa propre réaction.

De l'autre côté de la porte d'entrée, Franck, alerté par le bruit de moteur inhabituel se garant devant chez lui, l'attendait. Il tenait à jouer son rôle de père d'adolescente avec sérieux et lui demanda qui était ce jeune homme qui l'avait raccompagnée, s'il s'agissait de son petit copain. L'homme paraissait gêné de poser ce genre de question à sa fille qu'il n'avait pas vu devenir jeune femme mais, inquiet, il s'y senti obligé. Pour toute réponse, elle lui fit les yeux ronds et balbutiait que ce n'était qu'une connaissance du lycée. Après un moment de silence où aucun des deux n'osa ajouter mot, des petits pas précipités se firent entendre suivis rapidement par l'arrivée de la petite Sally. Ce diablotin en jupe rose se jeta dans les bras de sa grande sœur exigeant qu'elle vienne jouer aux poupées avec elle. Malgré sa fatigue, Lou n'eut pas le cœur de la repousser et se laissa tirer par la petite en lui indiquant néanmoins qu'ils allaient bientôt passer à table.


Le lendemain pendant que les élèves patientaient devant la classe que le professeur arrive, Sunny ne put s'empêcher de questionner sa nouvelle amie sur sa sortie avec le secret Castiel. Sa curiosité ressemblait étrangement à de la jalousie, pourtant, ils se connaissaient à peine et leur relation ne dépassait pas celle d'une amitié naissante. Lou n'ayant pas pour habitude d'être le centre d'intérêt des garçons lui répondit maladroitement qu'ils avaient juste fait un petit tour de voiture et, qu'il n'avait pas à se mêler de ses sorties. Vexé, le jeune homme lui tourna le dos et alla discuter avec un groupe de filles qui l'accueillit avec de grands sourires colorés de rose fushia et d'éclats de rire bruyants.

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