Elle eut à peine le temps de comprendre ce qui se passait. Son sac, son téléphone et tout ce qui était dans l'habitacle vola autour d'elle. Elle se raccrocha désespérément au volant en priant de s'en sortir indemne. La voiture alla dans le fossé et finit sa course folle dans un arbre.
Le silence l'accueillit.
Allait-elle enfin rejoindre sa mère?
Un voile blanc recouvrait le monde qui l'entourait. Des particules volaient dans l'air et retombaient dans une pluie harmonieuse. Sa vision trouble ne lui permettait pas de distinguer ces petits éléments blancs, semblables à de petites plumes ou à des flocons de neige. Intriguée, elle leva une main pour attraper ces choses étranges. Sa vue se focalisa sur cette brume insaisissable qui fila entre ses doigts. Cet instant hors du temps prit fin lorsqu'elle vit sa paume.
Sa peau était rougie, arrachée à certains endroits et violacée à d'autres. Son regard glissa sur sa deuxième main et constata les mêmes dégâts. Affolée, Lou tourna la tête de côté d'un geste brusque, une vive douleur lui piqua la nuque et les épaules. Elle ne pouvait pas non plus bouger, accrochée à son siège. Le brouillard blanc qui l'entourait l'empêcha de comprendre où elle était.
La jeune fille se fit violence et essaya de se concentrer, de ne pas se laisser emporter par la panique. Elle regarda devant elle et vit un énorme ballon blanc dégonflé.
Il s'agissait de son airbag. Elle était dans sa voiture. Elle avait eu un accident.
Par réflexe, elle attrapa son ange. La présence du bijoux autour de son cou la soulagea. Elle ferma les yeux et sentit après un temps indéterminé quelqu'un lui saisir le bras. Une caresse chaude repoussa ses cheveux de son visage. Elle ne savait pas qui était auprès d'elle, mais ne put s'empêcher de serrer cette main bienveillante. Elle avait l'impression que tout son être dépendait de ce contact. Une voix lointaine lui chuchota que tout était fini, qu'elle pouvait rouvrir les yeux à présent. Une peur viscérale la poussait néanmoins à garder ses paupières closes. Elle craignait le retour à la réalité, dans la voiture accidentée. La jeune fille frémissait à l'idée d'être dans un piteux état, envahie par la douleur. Elle voulait rester dans ce monde cotonneux dans lequel elle s'était réveillée, pendant quelques douces secondes elle s'était sentit en apesanteur. La personne à ses côtés lui dit alors qu'elle pouvait avoir confiance.
Elle connaissait cette voix qui se fit plus présente, s'était celle de Castiel.
Les bruits extérieurs vinrent brusquement envahir ses oreilles. Elle entendait la voix du jeune homme qui s'inquiétait de son état. En arrière plan, il y avait un moteur de voiture qui ronronnait. De tout évidence, ce ne pouvait pas être celui de sa Jeep, l'avant de son pauvre véhicule, d'où s'échappée une fumée blanche, était encastré dans un arbre. Elle vit alors le rouge de la carrosserie de la Ford dont la portière conducteur était ouverte. Cette couleur chatoyante contrastait avec le paysage immaculé, recouvert de givre. L'adolescente se rendit enfin compte des intonations d'inquiétude et d'empressement qui faisaient vibrer la voix de son ami.
- Lou, regarde moi. Lou, tu m'entends?
- Hein? Cass, qu'est ce que tu fais là?
- J'ai vu ta voiture dans le bas côté quand je revenais de l'aéroport.
- L'aéroport?
- Oui, tu sais je devais emmener ma tante? Ne t'inquiète pas, j'ai téléphoné au 911, ils arrivent.
- Ok... euh, cool?
- Non, c'est pas cool, tu m'as fait une sacrée frayeur. Est ce que ça va? Tu peux te détacher?
- Ah oui, la ceinture de sécurité... Ah j'y arrive pas!
- Ne tire pas dessus, plus tu tires et moins tu y arriveras. Laisse moi faire.
D'un geste habile, il glissa sa main le long de la ceinture et libéra l'accidentée. Il l'aida ensuite à sortir de l'habitacle, il se méfiait de l'épaisse fumée qui sortait du capot. Avec des gestes lents pour ne pas aggraver l'état de la blessée, il la fit asseoir dans sa propre voiture en gardant la portière ouverte malgré le froid mordant de l'extérieur. Il s'accroupit devant elle et scruta méticuleusement les lésions et brûlures que présentaient ses mains. Soucieux, il chercha ensuite son regard. A sa grande surprise, elle était agitée d'un rire nerveux.
- Pourquoi tu rigoles?
- Avec tout ça, je vais finir par croire que mon ange gardien, c'est toi!
Il l'observa incrédule et sourit de toutes ses dents.
- Je veux bien l'être. Je ne peux, de toute façon, pas te laisser seule cinq minutes sans qu'il t'arrive quelque chose.
- Tu es sûr de vouloir ce poste à responsabilité? Tu seras obligé de passer tout ton temps libre avec moi pour me protéger un maximum.
- J'en serai plus que ravi.
Elle le fixa pendant un instant qui lui parut des heures et une expression plus sérieuse apparut sur son visage. Cette réponse qu'il avait prononcée avec nonchalance envoya son cœur de jeune fille dans une danse effrénée. Elle fut happée par l'intensité des pupilles sombres du jeune homme. Avant qu'elle ne s'en rende compte, son corps se pencha en avant, les lèvres entrouvertes de Castiel l'appelaient. Elle fut interrompue dans son élan par l'arrivée intempestive des secours. La sirène stridente du camion en approche dissous la magie du moment.
Les secouristes prirent le relais une fois sur place. Une minerve fut installée au cou de l'adolescente allongée d'autorité sur un brancard. Ses constantes furent relevées méthodiquement par les professionnels. La police arriva au même moment sur le lieu de l'accident et l'interrogea succinctement avant qu'elle ne soit mise dans l'ambulance. Lou eut à peine le temps de demander à Castiel de téléphoner à son père et ses amies avant que les portes du véhicule médical se referment.
Elle fut prise en charge dès leur arrivée aux urgences du Madison Memorial Hospital. Les ambulanciers sympathiques et professionnels qui s'étaient occupés d'elle la laissèrent entre les mains du personnel de l'hôpital. Son médecin lui indiqua qu'elle semblait souffrir que de dommages mineurs mais qu'elle devait passer des examens pour en être assurer. Il lui demanda si ses parents étaient prévenus, étant mineure, elle ne pouvait pas donner son accord. Ils entendirent alors la voix grave et bourrue de son père qui l'appelait, accompagnée de celle plus douce et calme de Debra qui lui priait de se calmer. Le médecin fit signe à son interne d'aller chercher la famille qui accourut.
L'adolescente fut grandement étonnée de voir les yeux rougis de son père qui s'empressa de poser une lourde main sur sa frêle épaule. Ce contact pudique sembla le rassurer et l'aida à regagner son calme. Il écouta attentivement le professionnel et remplit des papiers qu'une infirmière lui donna.
Deb vint aux côtés de sa belle fille et lui parla en passant affectueusement une main dans ses cheveux. La jeune maman osa à peine regarder les mains abîmées qu'une infirmière bandait. Elle voulait savoir comment elle se sentait, si la douleur dans ses paumes était supportable. Pour la distraire des soins, elle lui indiqua ensuite que les enfants étaient tous les trois à la maison sous la bonne garde de la nounou et du chien. Elle lui rappela la promesse qu'elle avait faite à Sally de passer l'après-midi ensemble.
Un interne vint ensuite la chercher pour passer son scanner. Les examens, les soins, la paperasse et les prescriptions se suivirent. Lou put finalement rentrer à la maison à condition d'utiliser un fauteuil roulant, même si elle n'en voyait pas l'utilité. Elle ne gardait aucune séquelle grave de l'accident à part les brûlures aux mains dues à l'airbag et un coup du lapin qui limitait ses mouvements de tête.
Elle fut soulagée que sa mésaventure n'ait pas connu de fin plus tragique et de pouvoir rentrer chez elle.
Média: le lieu de l'accident, paysage recouvert de givre.
Je ne sais pas si vous l'aurez compris mais le silence, le voile blanc, les particules qui retombent dans une pluie et les lésions aux mains sont les conséquences du déclenchements de l'airbag. Bien souvent, l'accidenté est sonné par le contacte violent et des gaz s'échappent du ballon.
VOUS LISEZ
Mon ange
Teen FictionLou est une adolescente qui vient de perdre tous ses repères. Sa mère est morte. Cette vérité lui est encore difficile à énoncer. Un ange d'argent, seul souvenir matériel de sa défunte mère qu'elle garde près d'elle, lui donne la force de surmonter...