Musique: Peter Manos _In my Head
Une vague puissante s'écrasa contre le rocher à ses côtés, sa mousse vint petit à petit mouiller ses jambes étendues sur le sable.
Le vent frais vint faire voleter ses mèches brunes aux pointes vénitiennes, longues et légères, au-devant de son visage. Le reste de ses boucles frémirent mais leurs longueurs et leurs volumes étaient beaucoup trop épais pour que cette fine brise les soulève. Malgré cela, l'air humide la fit sentir mieux. Sa respiration se calma et elle put mieux supporter la chaleur cuisante.
Elle dégagea gracieusement de son visage les mèches qui la chatouillaient, pour ainsi révéler un visage gracié par le soleil.
Sa couleur bronzée faisait ressortir ses grands yeux verts. Deux émeraudes accompagnées d'une petite tache blanche dans chaque pupille. Son regard particulier était fixé sur la danse de l'océan Indien qui se déversait sur l'île de Zura. Son petit nez retroussé respira l'air pur et le parfum salé de l'environnement dans laquelle elle se trouvait. Elle passa sa langue sur ses lèvres qui commençaient à s'écailler de blanc, puis se pinça la peau de sa bouche pour faire ressortir la couleur cerise perdue. Cela faisait plus de vingt minutes qu'elle exposait son visage au soleil, le bas du corps plongé dans la mousse de l'eau. Mais ce n'était pas suffisant pour une hydratation optimale.
Elle soupira et bu de l'eau dans sa bouteille de cristal bleue. Puis elle se mit à contracter ses jambes et poser sa tête sur ses genoux, ses cheveux la suivirent dans son mouvement et se trempèrent dans le sable mouillé. Elle glissa ses doigts sur le sol doré, creusant la terre humide. Se détournant de la vue océanique, elle réalisa une spirale, une forme souvent interprétée comme de l'eau.
Elle se sentais libre, assise seule face à l'océan. Cette indépendance, elle l'avait acquise très tôt, et en avait pris goût. Depuis, elle en cherchait toujours plus. Voyager, découvrir d'autre culture, suivre des cours à l'étranger tout en apprenant les modes de vies et les langues particulières à chaque peuple et société.
Elle avait parcouru la moitié du globe et goûté à de multiples mers et océans.
Elle seule savait que chaque mer étaient différentes, plus salées que d'autres ou bien plus riches, plus profondes mais aussi plus douces et d'autres plus rudes, lourdes ou fluides, claires et souvent dangereuses... Ainsi que pour la plupart, sans vie. Une eau pouvait même être synthétique. Mais curieusement elle appréciait ces eaux chlorées, même s'ils n'égalaient en aucun cas, l'eau de cette île, l'île de Zura.
Le passé de cette île, située assez loin des autres continents de l'océan indien, était des plus étranges. Elle n'avait jamais été vu par les pêcheurs, exemptée des regards et de la mondialisation, elle avait été préservée malgré l'adhésion du monde à la technologie. Ce fus comme si elle ondulait de transparence lorsque des visiteurs s'approchaient trop près de sa position.
Elle brouillait par on ne sait quel moyen les détecteurs et caméras qui voulaient connaitre sa position. Elle n'avait jamais eu de l'importance, pour les dirigeants des pays voisins, et n'avait jamais participé à la vie active...Jusqu'à l'an 2020, jusqu'à ce qu'un évènement vînt détruire sa magie.
Son camouflage s'était éteint subitement créant une onde électrique et magnétique qui traversa tout le globe terrestre.
Plusieurs êtres humains le sentirent lorsqu'il les traversa et troubla leurs terres. Les nouveaux nés ouvrirent les yeux, certaines femmes fragiles de naissance s'évanouirent, les personnes dans le coma se réveillèrent, d'autres aveugles retrouvèrent la vue, les personnes âgées moururent avant termes. Des miracles se créèrent et des malheurs effondrèrent des vies. Lorsqu'une vie était perdue, une autre vivait le bonheur.
Les terres, elles, subirent la vague différemment. Une vibration contenant un surplus d'électricité qui put éclairer de mille feux l'Afrique mais explosa les compteurs des autres pays développés. Certaines villes tombèrent dans le noir total alors que d'autres brillaient de mille puissance. Une onde qui inversa pour quelques minutes les hiérarchies.
Des centaines de tremblements de terres frappèrent les continents, et des milliers de plantations poussèrent en quelques heures mais ça n'a pas pu empêcher la destruction de nombreux habitats familiaux. Des îles se rapprochèrent des grands continents, défiant l'espace géographique et transformant les cartes officielles. Tous les écrans diffusaient ces changements...La fin du monde s'échappait des lèvres « Le jugement dernier » ou bien « le réveil des morts », « la nature reprend sa terre ? » ... Tous essayaient de trouver une explication à la situation, dans la peur de voir leurs derniers jours, sur cette terre, arriver.
Mais personne ne comprit que ce bouleversement imprévu était dû à la rupture d'un portail. Une ouverture soutenue par cette île exotique. La cause n'était pas les inventions de l'homme mais un évènement intérieur. L'océan s'était déchiré.
Quelques mois après le passage de l'onde bêta, un nom trouvé par un romancier devenue millionnaire durant le chaos, l'île épuisée avait perdu de sa splendeur et de sa force de camouflage. Elle fut, de ce fait, trouvée et classée parmi les nombreux changements de la catastrophe naturelle. Les hommes commencèrent à s'y installer et à développer leurs commerces sans savoir qu'elle était la cause du bouleversement mondial.
Aura avait remarqué, la première fois qu'elle était venue sur l'île, l'originalité du lieu. Elle n'avait que treize ans mais lorsqu'elle toucha, pour la première fois, la mer de Zura, c'était exactement à cet endroit. Là où elle se tenait précisément aujourd'hui, entre ces deux rocher solides et sombres, qui la coupait symboliquement du reste du monde. Cet endroit lui parut parfait pour goûter à l'Océan Indien de l'île, sans être dérangée. Elle s'était complètement dévêtue et avait commencé à marcher dans l'eau.
Bizarrement la force l'avait envahi, une nouvelle poussée d'énergie puisée dans cette eau salée.
En plongeant, l'envie de nager plus en profondeur s'était immiscé dans une partie de sa conscience, comme dictée par son inconscient. Elle avait passé des heures sous l'eau, observant les êtres aquatiques et lorsqu'elle avait refait surface définitivement, la lune ronde et argentée perçait le ciel bleu foncé. Glissant à 90° sur l'eau chaude, elle avait vu l'île, au loin, briller de mille lumières artificielles.
C'était pour cela qu'elle aimait tant Zura, autant pour son dynamisme terrestre que pour ses eaux. Elle écouta et regarda avec envie une dernière vague s'écraser près d'elle. Des gouttes l'éclaboussèrent, et disparurent sous sa peau. Elle se leva dominant les rochers du haut de ses 1m83. Son corps sculpté gracieusement portait un maillot deux pièces simple et noir. Elle essora la pointe de ses cheveux et enfila son combi-short s'en allant loin de l'océan.
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Pierres d'Eau - Tome 1
ParanormalUne île, une fête étudiante, un sage, une grotte, du spirituel.... La concoction d'une incroyable transformation. Elle jonglera entre deux maisons, respirera de deux manières, elle vivra cachée ainsi qu'exposée.... Enfin, elle devra trouver son poin...