Pierres d'Eau - Tome 1

La famille Rier

Elle fit face à sa demeure, un château moderne de plusieurs kilomètres carrés. Déposant son sac à l'entrée elle se dirigea dans le salon, sous les reflets du lustre en cristal contre le sol bleu.

Un couloir azur dessiné par un des meilleur designer et peintre du monde au service de son père. Marcher sur l'eau était l'illusion d'optique qu'il cherchait à réaliser. Le salon était encore plus incroyable, spacieuse, de forme ronde, le sol comme le plafond était des miroirs qui reflétait le grand aquarium qui servait de mur circulaire.

C'était dans ce salon qu'elle aimait passer ses journées, ayant l'impression de vivre sous l'eau en compagnie des poissons. Cette demeure construit par son père, Jhon Rier, célèbre millionnaire, écrivain et entrepreneur, était un cadeau d'anniversaire, pour sa fille Aura. Le but de cette villa de vacance était de pouvoir passer des moments en famille, loin du stress quotidien et ainsi rattraper le temps perdu tout le long de l'année à voyager de part et d'autre du globe.

- Ah vous voilà Madame Aura, je vous apporte votre sardine finement accompagnée de boulette de riz. S'enquit son majordome avec dextérité.

Il était vêtu d'un costume classique noir et bleu, des boutons de pierres précieuses azur ornaient ses manchettes. Il avait une soixantaine d'année, et portait une barbe blanche, ses cheveux blancs et longs étaient retenus en arrière par du gel de lin. En le voyant ainsi, elle se remémora leur première rencontre...

Mal en point, il frissonnait de froid, assit seul, devant un petit feu. Aura courait du mieux que le pouvait ses petits pieds, fuyant sa nourrisse dans la rue. Puis elle aperçut ce hangar abandonné, lieu idéal pour se cacher avait-elle pensé. Elle s'était infiltrée dedans sans faire de bruit... Et c'est alors qu'elle le vit pour la première fois. Il regardait fixement le feu qui ne le réchauffait pas.

Elle-même ressentait le froid sous les deux couches de manteaux qu'elle portait, ses gants, son bonnet et son écharpe qui l'étouffait. Elle s'était avancée vers lui, et avait observé ses larmes qui coulaient le long de ses joues mal rasées. Il pleurait de froid. Elle lui avait séché les larmes avec ses gants et lui avait souri innocemment. Il avait une quarantaine d'année mais ses rides et sa tristesse lui donnait plus. Malgré son corps frigorifié, il avait pu afficher de l'étonnement sur son maigre visage.

Bary, devenu le majordome de la famille depuis leur rencontre, la regarda en retour. Et comme à chaque fois que ses yeux croisaient les taches blanches de la jeune fille, qui avait évolué en une femme brillante et solide à tout épreuve, il repensa à ses énormes yeux curieux qui l'observait lors de leur première rencontre. Elle n'avait pas eu peur de lui et sa présence, à elle seule, dégageait une chaleur d'été. Ce fut pour lui la fin de sa misère et le début de son bonheur.

- Oh, Merci Tonton Ba' !

Depuis cette rencontre, elle l'avait invité à manger dans un restaurant puis avait fait un caprice à son père pour qu'il puisse rester avec elle nuit et jour. Ils étaient alors devenus inséparables, il l'accompagnait à ses activités lorsque son père ne pouvait pas, il lui lisait des histoires les soirs de pluies, la soignait et avait même débuté la cuisine pour satisfaire ses caprices d'enfants. Jusqu'à ce qu'elle eut l'âge de partir faire ses études aux quatre coins du monde, il était toujours là pour elle, comme elle avait été là pour redonner un sens à sa misérable vie.

- Avec plaisir. Il se retira dans la cuisine.

Elle s'installa à la table bleue, pour déguster son quatre-heure très particulier. Quelques minutes après, alors qu'elle écoutait les informations à la télévision, elle entendit son père arriver du boulot et soupirer après s'être emmêler les pieds avec le sac de sa fille, laissée devant l'entrée.

Maintenant qu'elle avait réussi sa dernière année de licence aux Etats-Unis et fait des recherches journalistiques en France, le lieu où vivait son père avant le passage de l'Onde Bêta, elle avait décidé de vivre dans cette demeure pour la fin de ses études de master et le début de sa nouvelle carrière journalistique. Tout comme son père qui avait installé sa nouvelle entreprise de science du sous-marin et de technologie de pointe dans l'île.

Mais ce n'était pas seulement pour cela qu'elle s'était décidée à vivre dans cette île. Une autre raison l'avait poussé à arrêter de voyager. La conclusion à trois années de recherche sur ses origines l'avait mené à cette île.