Pierres d'Eau - Tome 1

L'appelle de l'Ocean

L'appelle de l'océan

Musique : BTS- Epiphany JIN

         Aura referma la porte puis pris sur soi et regarda Thomas. Elle ne sut prononcer un mot, secouée par cette crise et effrayée par ce qui allait suivre.

Mais il ne dit pas un mot jusqu'à l'arrivée de Barry, qui avait été prévenue de la situation par message, sur les lieux. Son majordome munit d'une couverture, la fit entrer dans sa voiture puis remonta en vitesse et démarra sans remercier le jeune homme. Plus tard son père déboula à la maison, pendant qu'elle fixait les poissons du grand aquarium, la tête sur ses genoux. Il vint la prendre dans ses bras, sachant qu'elle avait vécut la pire des expériences de toute sa vie.

Celle-ci, ne détourna pas le regard vers son père adoptif, continuant à se demander pourquoi elle avait plus de points communs avec les poissons qu'avec les hommes.

- Papa...

Surpris par son ton si faible et par le fait qu'elle n'emploi pas le diminutif PapJ comme à son habitude, il l'écouta alarmé.

- Crois-tu que je sois humaine ?

Doublement surpris, il ne sut répondre à sa question. Pourtant la question était si simple et stupide... Mais en faisant défiler les souvenirs inhabituels qu'il avait d'elle et de sa maladie inconnu et incurable, il se trouva troublé.

Il posa son regard sur sa fille, elle avait les cheveux encore raide et mouillé par l'accident, plaqués sur son crâne. Ses petites oreilles au bout angulaire étaient révélées et son profil impeccable était déformé par la tristesse. Elle était bel et bien humaine à vue d'œil, et même si quelque chose changeait elle serait toujours et à jamais sa fille.

- Quelle question ! Bien sûr que tu es humaine, qui d'autre que l'homme peut sourire, pleurer et ressentir les émotions aussi bien que toi ? Si tu n'es pas humaine, tu es alors un ange descendu du ciel et apparu devant ma porte... Parce qu'aucun homme ne peut être aussi généreux, charitable et courageux que toi...

- ...N'envie pas ceux qui t'entoure juste parce qu'ils ne vivent pas les douleurs que tu vis. Au contraire, comparé à toi, ils n'ont pas plus d'expérience de vie. Ils ne savent pas ce que veut dire la gentillesse, profiter à bon escient de la vie, aider les personnes en besoin ou bien apaiser les cœurs ni même ce qu'est la réelle souffrance. Comparé à toi, ils sont un peu ignorants... Toi tu sais tout cela, ta maladie t'a ouvert des portes fermées aux autres, ouvert des émotions que jamais personne n'a ressentis, tu n'es pas une simple humaine mais un être exceptionnel et incomparable. Barry et moi le savons plus que quiconque.

     Un peu plus libéré par ses magnifiques mots, Aura se reposa entre les bras puissants de son père, fermant les yeux à l'aquarium...à l'appelle de l'eau qui semblait lui dire que tous ses souffrances allaient être balayé si elle s'ouvrait à elle.

Cet appel qui ressemblait plus à une attirance, était toujours là, même après son réveil.

La chaleur cuisante d'hier, n'avait pas pu retenir la pluie qui se déversait abondamment dans l'île de Zura. Assise sur son lit au chaud, elle observait les gouttes frapper contre la vitre. Comme si elles voulaient la toucher aussi. Elle eut la chair de poule en repensant à sa crise. Elle décida donc de rester chez elle, n'ayant pas le courage d'affronter Thomas ou Tarek.

Les jours passèrent, mais elle restait enfermée dans sa maison sans vouloir sortir. La pluie n'avait pas disparu pour autant... Aura faisait des cauchemars tous les soirs et se réveillait après chaque grondement de l'orage. Barry et Jhon étaient inquiets pour sa santé mais ne pouvais rien faire pour elle.

Ils étaient un peu soulagés qu'elle ne partait pas seule à l'extérieur au-devant d'une nouvelle crise mais ils n'étaient pas à l'aise de la voir hiberner toute la journée dans sa chambre à observer le mauvais temps. Jusqu'à ce que le samedi suivant, son père se décida d'aller la voir pour aller faire un tour dehors malgré la pluie.

En entrant dans la chambre, il remarqua avec horreur, qu'elle ne s'y trouvait pas.

Aura regarda les vagues se déverser et mouiller ses pieds nus. Il était 1 heures du matin et l'éclipse de lune tant radotée dans les médias commençait. Elle avait les idées brouillées et ne savait pas encore ce qu'elle faisait là, face à la mer. Ça devait probablement être un autre de ses cauchemars...

Une vague plus grande que les autres éclaboussa la jeune fille qui se sentit tout de suite mieux. Elle avança un peu plus dans l'eau salée, puis la moitié du corps dessous, elle plongea complètement dans le noir total de l'éclipse.

Sans savoir ce qu'elle faisait, elle prenait conscience une fois sur deux, flottant, allongé en étoile au milieu de l'océan.

Ses oreilles coupées du son extérieur, écoutant l'eau et la vie d'en dessous. « Quelle rêve étrange... » Lorsqu'elle ouvrit les yeux encore une fois, la pleine lune, était devenu rouge et l'inondait de sa couleur, elle sentit alors ses jambes devenir lourdes, plonger doucement mais sûrement dans l'eau alors que ses épaules flottaient encore à la surface. Elle n'eut pas la force de revenir en position étoile mais elle ne coulait pas pour autant.

Elle ferma encore les yeux, s'endormant pour de bon, mais non sans avoir sentis, d'après les ondulations de la mer, une forme immense circuler doucement autour d'elle.