6. Hélissy

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« Le jour va bientôt se lever, heureux et chaleureux. »

-Est-ce que tu as vu mon collier ? Je demande à l'une des fées qui s'occupent de moi.

Celle-ci secoue vivement la tête. Nous ne pouvons pas vraiment échanger, car leur langage est, pour nous, un tintement aigu que seule leur espèce peut comprendre. Je souffle, déçue. En me réveillant ce matin, j'ai tout de suite remarqué que quelque chose manquait. Mon collier d'or, représentant le soleil et la lune imbriqués l'un dans l'autre, avait disparu.

-J'ai dû le perdre pendant que Nayren et moi cherchions Miss.

Après notre légère altercation, nous étions tous restés dans le bureau de Valdor, bouches bées. Une ou deux heures après, ne voyant pas ma sœur revenir, nous avions fait des équipes de deux pour partir à sa recherche. Nayren et moi nous occupions du château, et Deüros, totalement affolé, avait dû arracher mon collier pendant qu'il me sifflait dans les oreilles. Malheureusement, Kalion ne s'est jamais montré pour traduire ce que l'oiseau pouvait bien me dire. Évidemment, son comportement n'avait fait que m'inquiéter davantage. Vers quatre heures du matin, Nayren en a eu marre et est parti se coucher. J'ai fait pareil, car personne ne l'avait trouvé, et que j'étais exténuée. Ce matin, les fées m'ont réveillée à huit heures et demi, et toujours aucune nouvelle de ma sœur jumelle. J'avais déjeuné seule, Nayren se fichant éperdument de l'actualité, et étant apparemment adepte des grasses matinées. Valdor, lui, avait énormément de travail, au vu des derniers événements. Ma sœur ne s'était pas montrée non plus. Elle profitait sûrement de l'annulation de ses cours pour m'éviter soigneusement. De mon côté, j'ai décidé de me préparer et de mettre à profit cette journée, afin de m'éclairer comme je peux à propos de toute cette histoire.

Les trois fées s'affairent, tressent mes cheveux en une coiffure serrée et m'aident à enfiler une robe brune à dos nu. En dessous, j'enfile des bottes à lacets, sans talon. Le confort avant tout. Ensuite, je presse le pas jusqu'à la chambre de ma sœur, histoire de vérifier qu'elle ne s'y trouve pas. Bien sûr, aucune trace de la rebelle. Notre dispute d'hier était plus violente que d'habitude. Nous nous chamaillons souvent, et ces disputes sont plus ou moins agressives, mais hier, elle semblait bien plus énervée qu'à l'usuel. De ce que j'en pense, Valdor a touché une corde sensible en mentionnant indirectement tous les choix qu'elle n'avait pas pu faire dans sa vie. Je savais que j'en avais moins souffert qu'elle, mais je ne pensais pas qu'elle était aussi mal à propos de cela. J'examine sa chambre de fond en comble. Aucun indice. Deüros, qui s'était endormi sur le lit, ouvre un œil inquiet, pensant au retour de sa maîtresse, et s'approche de moi lentement.

-Elle n'est toujours pas revenue, hein ?

L'oiseau secoue la tête, et me regarde droit dans les yeux, comme pour me dire quelque chose. Il sait forcément où elle est. La connexion télépathique que son animal entretient avec ma sœur lui permet de savoir exactement où elle se trouve. Malheureusement, Kalion n'est pas là pour me faire part de ses pensées, et mon dragon étant ce qu'il est, il doit rester dans son coin, loin de toute forme de vie. J'essaie de l'appeler plusieurs fois, sans réponse. Il arrivera sûrement dans une ou deux heures, le temps de réaliser que c'est peut-être urgent. Je souffle et rebrousse chemin, suivie de près par l'aigle noir. Je passe devant le bureau de Valdor, dans l'espoir d'y trouver quelqu'un qui aurait des nouvelles. La connaissant, ma sœur devait tout faire pour ne pas nous croiser, et ne pas avoir à descendre sur Terre. Moi, j'y suis préparée. J'ai fini mon sac avant de me coucher, et j'attends juste qu'Hélémis se montre pour partir. Le bureau du roi est vide, évidemment. Je hausse les épaules et rejoins la bibliothèque, endroit dans lequel je passe des heures entières. Je salue Peïmio, le jeune assistant qui s'occupe de l'endroit, devenu avec le temps, comme un membre de ma famille, et je me dirige instinctivement vers le rayon des mythes et légendes, mon rayon préféré. Je parcours les ouvrages du doigt, cherchant des œuvres bien spécifiques. Peïmio arrive derrière avec une pile de six ou sept livres. Il les pose lourdement sur la table la plus proche et me sourit.

Eclat, Acte I : Le Ciel rencontre la TerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant