15. Hélémis

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Le garçon, qui s'appelait Charlie, comme j'ai pu l'apprendre quelques secondes après notre chute, faisait une bonne tête de plus que moi. Il avait les cheveux légèrement ondulés, longs jusqu'à sa nuque, les yeux marrons avec des pointes dorées, qui ne manquèrent pas de me rappeler ma sœur, ce qui me dégoûtait légèrement. Il avait l'air très confiant, et portait un tee-shirt bordeaux sur un jean foncé et des baskets imposantes, bordeaux elles aussi. Il devait certainement tenir son teint légèrement basané de cette île, où il habitait depuis sa naissance. Il avait un sourire qui n'était pas horrible à regarder, marqué d'une petite cicatrice blanche qui lui barrait la lèvre supérieure, à gauche, mais son ton enjoué et sa manière de parler non stop depuis vingt minutes m'insupportaient. Il m'avait proposé de me rembourser les fruits éclatés sur le sol, mais j'avais refusé, de peur de croiser de nouveau le marchand fou. Alors, il m'avait aidé à aller m'asseoir sur un banc, et m'avait apporté une boisson fraîche. Mes préjugés sur les humains, qui devaient tous être répugnants, méchants, invivables et égoïstes, s'effondraient au fur et à mesure de mes rencontres, et je détestais ça. Comment pouvais-je rester de marbre face à eux s'ils m'aidaient tout le temps ? Voilà une nouvelle raison de les haïr. Ils agissaient à l'encontre de mes préjugés. Ils ne faisaient aucun effort.

-Au fait, tu ne m'as pas dit ton nom, dit le garçon.

-Hélémis.

-C'est.. original.

-Je t'interdis de te moquer. Mes parents ont choisi ce nom pour honorer les divinités de la lune. Hécate, Séléné et Artémis.

-Très bien. Veuillez excusez mon attitude peu appropriée à votre titre, madame.

-Tu te moques ?

-Oui.

Je souffle, incapable de répondre. Qu'est-ce que j'en avais à faire, qu'il se moque de mon prénom ? Moi-même, je me moquais bien des esprits de la lune et du soleil, après ce que leur héritage avait fait à ma vie. Charlie arborait un sourire en coin étrange, et ses yeux semblaient me sonder.

-Arrête de me regarder.

Je finissais mes fruits en silence, me tournant vers la vue sublime que nous avions sur la mer, d'ici. La ville était si haut perchée que l'horizon était dégagé, et donnait accès à une petite brise agréable, que je me mis à apprécier plus que prévu. Décidément, je devais me dépêcher de quitter cette planète, avant de risquer de m'y attacher pour de bon. Je détourne le regard pour oublier le paysage, et me focalise de nouveau sur mon nouvel acolyte.

-Tu n'as rien trouvé d'étrange, quand on s'est percuté ? Je lance.

-Eh bien, la lumière de notre rencontre m'a quelque peu ébloui, tu ne m'as pas remercié pour t'avoir aider, tu sens très fort la sueur, mais tu m'intrigues parce que tu dégages quelque chose de différent. Et je ne parle plus de l'odeur, évidemment. Excepté ça ? Non, rien.

-Sache que je ne remercie jamais personne, ne le prends pas personnellement.

-C'est impoli.

-Peu importe, ça ne sert à rien.

-À montrer un peu de gratitude ? À être gentille ?

-Pour ce qui est de la sueur, mon scooter a lâché en bas de la côte, et je n'ai pas pris de réelle bain depuis près d'une semaine. Ensuite, si je dégage quelque chose de différent, dont la lumière éclatante, c'est que je suis une princesse qui est censée habitée dans le château de Skyra, que je possède, habituellement, les pouvoirs de la lune, et que je suis actuellement à la recherche de quatre humains qui pourront nous aider à faire tomber la menace qui pèse sur le royaume. La lumière signifie que tu en fais partie. Bien que j'ai du mal à déterminer ce que des humains pourraient bien nous apporter.

Eclat, Acte I : Le Ciel rencontre la TerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant