Eclat, Acte I : Le Ciel rencontre la Terre

9. Hélémis

-Bon, tu sais par où commencer ? S'enquiert la voyageuse.

-Je me débrouillerais.

-Si tu le dis. Je t'accompagnerais bien, mais j'ai des ordres à suivre.

Je hoche la tête. Étrangement, je ne savais pas si je préférais qu'elle reste ici à jouer au chien de garde, ou qu'elle vienne avec moi. Petit à petit, je réalisais que je n'avais aucune importance ici, et que personne ne me respecterait par devoir. Je commençais à comprendre que j'étais livrée à moi-même, dans un monde qui m'était totalement inconnu. Je baisse les yeux sur mes mains, qui s'étaient mises à trembler sans que je m'en aperçoive. Ça suffit ! Ce n'est pas un petit obstacle de ce genre qui m'arrêtera. Je sais me défendre, je sais protéger ma santé mentale. Si je laisse ces angoisses envahir mon esprit, c'est foutu. J'ai appris à gérer mes émotions depuis toute petite, et à minimiser leur impact sur moi. Malgré mes pertes récentes, je dois garder le blindage que j'ai mis trop longtemps à mettre en place. C'est le seul moyen de rentrer chez moi, et de les faire payer. Je m'assieds sur un muret, tout près de la lanterne de la voyageuse. Je pose mon sac à dos à mes pieds et fouille à l'intérieur, pour sortir à nouveau la petite boussole. Je la fixe un moment, avant que la jeune fille ne me rejoigne.

-C'est un objet magique ?

-Oui. Je suis censée suivre la direction qu'elle indique pour trouver les émissaires.

-Tu devrais te mettre en chemin, Hélémis. S'ils sont chacun à un bout de la planète, tu risques de ne pas revenir à temps.

-J'y arriverais. Je dois retourner à Skyra.

-Il le faut. J'imagine à quel point c'est dur.

Je ne réponds pas et me relève. Elle a raison. Je ne dois pas traîner si je veux rentrer au plus vite. Je remets le sac sur mes épaules, et observe la boussole. L'aiguille pointe toujours dans la même direction. J'inspire un grand coup pour me donner du courage.

-Bon. Cette fois-ci, je te ramènerais les vrais.

-Tout repose sur toi, me lance-t-elle avec un sourire.

Je tente de lui rendre, mais ma tentative se transforme en une grimace incontrôlée, puis je me retourne, prête à partir.

-Hélémis, attends.

-Quoi ?

-Prends ma carte.

La voyageuse me tend un morceau de papier, sur lequel sont inscrits tous les noms de pays, de villes et tout autre repère géographique dont je pourrais avoir besoin.

-Elle est magique. Tu peux faire des zooms, voir des photos... Tout ce que tu veux, tu as juste à lui ordonner. Elle se met à jour en temps réel. Montre moi l'acropole d'Athènes, dit-elle plus fort, à l'intention du parchemin.

Celui-ci s'active, pour donner l'image d'une colline recouverte de ruines. J'aperçois même nos deux silhouettes sombres dans la nuit. J'accepte son présent avec joie. Ensuite, elle me tend une liasse de billets, m'expliquant qu'il s'agit de monnaie humaine. Tout aussi magique que la carte, les billets changent d'aspect en fonction de ma position. Apparemment, la monnaie humaine n'est pas la même partout. Pratique. Je reste là quelques secondes, gênée.

-Comment tu t'appelles ? Je finis par demander. J'aimerais savoir le nom de la seule sky à m'avoir apporter quelque chose d'utile.

-Tu ne veux plus me faire la peau ?

-Je peux encore changer d'avis.

-Këylim. Je suis ravie d'avoir pu t'aider.

-Pourrais-tu ne pas mentionner.. les quatre hommes de tout à l'heure ? J'aimerais que skyra n'ajoute pas meurtrière à ma longue liste de défauts.