11. Hélémis

20 3 0
                                    

Je parcours les rues sombres et désertes, dans l'espoir d'y trouver un indice sur la direction que je dois prendre. Lorsque j'ai ouvert les yeux, je n'avais plus ni sac, ni boussole, ni rien qui pourrait éventuellement m'aider. Je ne reconnais rien de cette ville. Je tourne en rond depuis des heures déjà. L'air est lourd et chaud. Les perles de sueur se forment sur mon front et mon cou. Je peine à avancer, comme si mes jambes étaient prises au piège dans de la gelée. Je ne panique pas, mais je commence sérieusement à me demander comment sortir de là. Je ne parviens même pas à atteindre la limite de la ville. Chaque fois que j'ai l'impression d'y arriver, je me renfonce dans un dédale de rues sans fin. La chaleur augmente au fil des secondes. Contrairement à ma jumelle, je supporte très mal les hautes températures. Très vite, Je suis obligée de retirer mon jean et de déboutonner ma chemise tant c'est insupportable. Mes chaussures collent au sol. Je tombe à genoux sur le revêtement gris. Celui-ci est bouillant, mais je n'ai plus la force de me relever. Je sens la peau de mes jambes fondre, m'arrachant une grimace de douleur. Ma bouche est tellement sèche que je ne peux même plus hurler. Cela ne servirait à rien. Personne ne m'entendrait. Une ombre passe rapidement devant moi. Contre toute attente, je réussis à me relever d'un coup, ce nouvel espoir me donnant la force nécessaire. Je tourne sur moi-même, à la recherche de la silhouette. Je l'aperçois au coin d'une rue. Je tente de la suivre en courant aussi vite que me le permettent la chaleur et ma condition physique. Je la poursuis quelques minutes avant qu'elle ne s'arrête au milieu d'une place immense, vide. Je stoppe ma course à mon tour et l'observe. L'ombre me tourne le dos. Elle n'a pas forme humaine. En fait, je ne saurais dire quelle forme elle a. Elle semble se mouvoir, changer sans arrêt. Elle finit par se retourner pour me faire face. Ses yeux sont lumineux, d'un bleu à me glacer le sang. Un frisson parcourt mon corps brûlant. Je recule de quelques pas, resserrant la chemise autour de moi. La silhouette émet un rire aigu qui finit de m'effrayer. J'ai un mouvement de recul, qui me vaut de trébucher sur un petit muret au bord de la route. Je tombe en arrière et me relève directement, apercevant la silhouette qui s'élance sur moi. Je cours dans la direction inverse de tout à l'heure. Je sais pertinemment que je ne suis pas assez rapide. J'en ai d'ailleurs la confirmation lorsque l'ombre, lévitant, apparaît devant moi, me faisant m'arrêter net. Devant mon air terrifié, mon ennemi inconnu se multiplie, m'encerclant de toute part.

-Alors quoi, tu avais peur de ne pas pouvoir me battre seul ? Tu dois appeler tes copains pour te sentir puissant, c'est ça ? Je lance, la voix tremblante et la gorge asséchée.

Un second rire retentit, faisant presque s'entrechoquer mes os tant je tremble. Je ne dois pas montrer que cela m'atteint. Je suis bien plus puissante que ça. Avec mes pouvoirs. J'inspire un grand coup et me mets en position d'attaque. La dizaine d'ombres fond sur moi, me frappant de tous les côtés. Je me retrouve plaquée au sol, la respiration coupée.

-Tu n'achèveras jamais ta mission, élue de la lune... dit l'une des silhouettes d'une voix saccadée et stridente.

Tandis que les masses noires s'acharnent sur moi, me ballottant de toute part, une voix grave et incompréhensible se fait entendre dans mon esprit. Secouée dans tous les sens, je me réveille en sursaut dans l'abri de fortune dans lequel je m'étais endormie. Un homme très grand et très massif remue mon lit, hurlant des paroles indistinctes. L'homme qui m'avait accueillie le soir tente de l'arrêter. Avant de me faire éjecter, je saute du lit, qui vole presque à l'autre bout de la pièce. J'attrape rapidement mes affaires et m'éloigne de l'individu, souhaitant rejoindre la sortie, encore chamboulée du cauchemar que je viens de vivre. Le responsable me rattrape et s'accroche à mon sac.

-Je suis désolé. Marc a un problème avec la bouteille, et tu avais pris sa place habituelle. Je peux te trouver un autre lit, il est encore tôt et..

Eclat, Acte I : Le Ciel rencontre la TerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant