- Chapitre 2 -

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- Si votre fille ne se ressaisit pas, nous serons dans l'obligation de la renvoyer. Bonne journée.

À ce moment précis, je ne savais plus comment réagir. Je ne gérais plus rien, j'étais à la fois consciente et inconsciente des paroles qui s'apprêtaient à sortir de ma bouche, comme si quelqu'un allait m'entendre à l'autre boue du fil.

- Elle ne se ressaisira pas.

C'est vrai, quoi dire de plus. J'effaçai le message du répondeur et raccrochai. Pourquoi resterais-je dans cette école ? Je détestais cet endroit. Je n'avais aucune idée de ce que je deviendrais par la suite, aucune idée de métier qui serait susceptible de m'intéresser malgré mes recherches incessantes, aucun rêve, aucun but à atteindre, aucun objectif en sortant de mon lit tout les matins.

Me ressaisir ? Je ne pouvais pas. Je n'avais plus aucun contrôle sur moi-même. En son dernier souffle, ma mère avait emporté avec elle ce que j'étais, elle n'avait laissé en moi que des pensées pessimistes. Je n'avais plus goût à rien. Elle était la seule capable de m'aider a traverser tout ce qui m'était impossible a surmonter. Je ne voulais pas lui en vouloir alors pourquoi une partie de moi était en colère qu'elle soit partie aussi tôt. 

J'avais essayé d'en parler, de ce que je ressentais, mais aussi de ce qui se passait au lycée. Seulement, mise à part me répéter sans cesse que ça passera, le psychologue du lycée n'avait rien fait.

Après quelques minutes, qui à mes yeux, étaient interminables, je sortis un carnet de mon sac de cour. Il ressemblait à un livre ancien avec quelques pages cornée et un papier jauni. J'avais trouvé ce livre vierge dans une brocante et son aspect abîmé m'avait tout de suite attiré. La vieille dame qui avait vu mon attraction autour de l'objet précieux me l'avait tendu sans rien me demander en échange. J'en avais fait un carnet où j'écrivais comme si je parlais à ma mère, comme si elle étais encore là et parfois, je m'adressais également à mon père.

"Maman, j'ai besoin de toi plus que jamais. Tu me manques vraiment et je ne suis pas la seule à qui ton absence laisse un grand vide, je ne suis pas la seule qui souffre. En partant maman, tu as emporté papa avec toi.
Papa, toi aussi, tu me manques. Tu es là, mais ton âme n'est plus présente à tes côtés. J'aimerais revoir cette personne dont j'était si fier étant petite, cette personne qui m'apportait la sécurité une fois réfugié dans ses bras.
Papa, Maman, je ne sais plus quoi faire ni qui être, j'ai besoin de vous deux auprès de moi. Papa, je veux t'aider et je te promets le faire. Je veux aussi te retrouver. Je vous aime. "

Parfois, je me disais qu'à cette époque, si la mort m'atteignait, ce n'aurai eu aucune importance. Non, je n'avais aucune envie de mettre fin à mes jours, car rien ne rimait à ce que je le fasse, mais si ma vie se serait venue à s'arrêter, je n'aurais rien regretter.

Comment j'aurais pu combler ce vide en moi quand c'était une personne partit trop tôt qui l'avait crée ?

Profitant de son absence, je montai dans la chambre de mon père et regardai à l'intérieur de son armoire. J'écartais les vêtements sur les cintres et relevai une planche de ce meuble qui formait une sorte de tiroir secret. Avant de récupérer le coffret qui se trouvait dans le tiroir, je regardai l'heure pour m'assurer que mon père ne rentrerait pas pendant que je regarderai le contenue de la boite. En la regardant, je compris qu'il serait absent pendant l'heure qui allait suivre. Je pris enfin l'objet et retournai à présent dans ma chambre. Avant de l'ouvrir, j'enfilai un pull qui appartenait à ma mère. Je m'installai sur mon lit en éparpillant les photos bien rangées à l'intérieur de ce que j'ai récupéré plus tôt. Les photos étaient très précieuses pour papa et moi. On y trouvait notre famille au bord de la mer. Chaque année, nous partions là-bas, c'était devenu un lieu symbolique pour moi. Je n'y étais pas retournée depuis que quelque chose de grave a transporté ma maman. Les photos défilaient une à une devant mes yeux et des larmes commencer à tomber de ses derniers, ruisselant le long de mes joues. Je me souvenais à quel point, j'étais heureuse, à quel point nous étions heureux là-bas, et particulièrement à quel point mon cœur se sentait apaiser en écoutant les vagues s'échouer sur les rochers et le son de ces dernières que l'on entendait en déposant le coquillage contre nos oreilles.

- Maman, tu me manques et ses lieux font partis de toi et de notre famille. Qu'est-ce qui m'en empêche ? Pourquoi je me retiens de le faire depuis des mois ?

Aussitôt cette pensée dites à voix haute, je la chassai de mon esprit. Faire cela aurait été égoïste, je ne pouvais pas abandonner le dernier parent qu'il me restait, il se sentait déjà assez délaissé, bien que sa femme n'était en aucun cas responsable de sa propre mort. Seulement la tristesse le rongeait jusqu'à le détruire.

Le bruit des clés se mit à teinter contre la porte. Je vis que cela faisait plus d'1h30 qu'il était parti. J'avais passé plus de temps que prévus a contempler ses souvenirs de ce que je jugeais être une famille parfaite à mes yeux. J'éteignis rapidement la lampe de chevet que j'avais allumé quelques minutes plus tôt, quand la lune avait commençait à éclairer la nuit noire. Le grincement des planches du lit où dormait mon père se fit entendre. Je saisis rapidement dans quel état devait être mon père pour être partis se coucher aussi vite.

M'étant habitué à l'obscurité, je distinguai facilement la boite et rangeais tous les photographie à leur place, avant de la cacher sous mon lit. Je me rallongeai, engouffré dans mes draps.

Le calme de la nuit était désormais roi et seuls les bruits de ma respiration se faisait sonore dans toute la pièce. Je m'endormis, le ventre noué, craignant de me réveiller le lendemain matin.

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EnD oF tHiS cHaPtEr

The meet of my lifeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant