- chapitre 4 -

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Tout s'emmêlait dans mon esprit, c'était comme un tas de nœuds impossible à défaire. Je repensais à la manière dont j'étais arrivée à toute cette avalanche de problèmes qui ne faisait qu'accroître. Elle avait débuté à partir de ce jour. Ce jour qui n'était autre que le 2 avril, le jour même. J'étais sorti de notre immeuble vieux et abîmé alors que mon père s'était enfin assoupi dans le canapé à cause de la quantité d'alcool ingéré, et probablement d'autres substances. Je me trouvais devant ce lit de pierre où repose les morts. Cette pierre tombale renfermait celle qui avait quitté la vie de mon père et la mienne, à cause d'un monstre, un monstre qui n'est jamais rassasié, un monstre qui détruit la vie de beaucoup trop de personnes injustement.

Le cancer avait volé sa vie et lui a offert la mort en échange. Joyeux anniversaire de mort, maman. À genoux dans ce cimetière, je soufflai sur la bougie du gâteau que je tenais dans les mains.

- joyeux anniversaire Madison.

Je lâchai le gâteau et fondis en larmes.

- Maman, tu me manques. Ca fait 1 an que tu n'es plus là et je n'ai pas la force de passer à autre chose. Tes conseils, ta voix, ta beauté, ta gentillesse, ton caractère, ton amour... Tout me manque. Ça n'aurait jamais dû se passer comme ça. Cela aurait dû être notre jour à tous les trois, un jour ou comme chaque année, nous partions à Disneyland passer un jour précieux en famille, pour mon anniversaire. Je sais plus comment avancer sans toi. C'est toi qui me soulevais pour atteindre les étoiles. Et c'est grâce à toi que Papa pouvait décrocher la lune. Tu étais et resteras notre soleil. Je t'aime tellement.

Sans sa lumière comment nous pouvions voir le jour s'illuminer à nouveau. Comment faire pour ne plus jamais voir cette obscurité envahir l'horizon.

Je ne pouvais m'arrêter de faire couler mes larmes, je revoyais le début de l'acharnement de mes professeurs contre moi alors que je n'arrivais plus à travailler. Le chagrin avait envahi mon père qui restait enfermer toute la journée. Et lorsque j'essayais de venir le voir pour que l'on traverse ça ensemble, il me repoussait. À partir de cette période, je me disais que si ma mère était partie avec l'ancienne moi, je pouvais toujours en créer une nouvelle, j'avais tout changé chez moi, physiquement parlant, je veux dire. Je pensais qu'en modifiant de style vestimentaire, j'allais réussir à être quelqu'un d'autre et pouvoir oublier.

Je voulais passer à autre chose, mais sans le conseil paternel qui me restait, je devais me débrouiller pour trouver une solution. Mes vêtements naturels avaient laissé placer un style complètement opposé. Je ne portais que des vêtements beaucoup plus sombre, qui ne me plaisaient pas vraiment aux professeurs. Mes cheveux bruns avaient gardé la même couleur, mais étais attaché avec une pince chinoise noire. En fait, ce que j'étais extérieurement ne ressemblait en aucun cas à ce que j'étais intérieurement et c'est ce qui me plaisait. Je rassasiais mon besoin d'être quelqu'un d'autre. Depuis ce changement physique et la chute de mes notes dues au peu de travail que j'arrivais à fournir, les enseignants avaient commencé à être éreintés, et désagréables envers moi. Ils disaient que ce n'était pas parce que j'avais perdu quelqu'un de cher à mes yeux que je devais me comporter de la sorte. Il trouvait mes collants résilles noir et mes crop-top kaki, ou bordeaux, beaucoup trop vulgaires.

C'était à cause de ses choix que la nuit, je rêve de ne plus me réveiller, de ne plus avoir l'impression de tomber dans un puits sans fond. Les moqueries des étudiants avaient débuté quelques temps après. Cela avait duré quelques mois, puis mon père était enfin sorti de son refuge qui renfermait toutes les affaires de Maman, devenue une valeur inestimable. Je pensais que tout allait redevenir, d'une certaine manière, comme avant, alors à défaut de trouver mon style jolie, j'ai préféré ressortir mes anciennes affaires qui me manquait, et j'espérais que cela ferait plaisir à mon père qui ne savait plus sourire.

Cependant, on ne peut jamais prévoir un futur. Mon père avait commencé à boire pour oublier l'inoubliable. Je crois qu'il ne comprenait pas que le problème n'était pas d'oublier, mais de se reconstruire. L'alcool n'avait eu que des effets néfastes et violent pour le monde qui l'entourait, et surtout sur lui-même. Avant nous n'étions pas seuls, mais le chagrin de mon père a éloigné nos proches de nous sans que je ne puisse les retenir, excepté une personne.

Je dis au revoir à ma mère et quittai le cimetière pour rentrer à la maison.

Mes battements de cœur se firent beaucoup plus rapide quand je vis la porte grande ouverte de l'entrée de chez moi et quand j'entendis des bruits de fracas, j'avais peur de rentrer, mais je n'avais pas vraiment la possibilité de choisir.

Je franchis la porte pour découvrir le salon sans dessus-dessous et mon père au milieu de la pièce, fou de rage, un vase à la main qu'il lança contre le mur proche de moi en m'apercevant. Je réussis à l'esquiver de justesse en me décalant avant qu'il ne puisse m'atteindre. Mon père se dirigea à tout de vitesse sur moi avant de m'attraper par le col.

- Tu étais où ? Au cimetière, c'est ça ? Je t'ai interdit d'y aller !

Nul doute, pour savoir l'endroit où j'étais, il a dû se souvenir de cette date importante.

- Papa, tu me fais mal.

Se rendant compte de la force qu'il exerçait, il me lâcha immédiatement et brusquement. Il recula et mit ses deux mains dans ses cheveux, comme pour ne pas laisser sa colère faire des gestes qu'il regretterait.

- Tu es impossible comme fille ! Tu n'es pas capable d'obéir ou de faire ce que l'on t'ordonne. Tu n'es qu'une incapable. Tu ne réussis même pas à être sérieuse en cours. Si ta mère était là, tu la décevrais.

Je sentis mon cœur se briser. Je le regardais, comment pouvait-il dire cela ? Mais surtout, comme avait-il pu savoir ? Je lui avais jamais parlé de mes notes ni de mes cours. Depuis combien de temps le savait-il ? Je restais immobile, sûrement paralysée par la peur.

- Tu pensais vraiment que je n'allais pas le savoir ? La prochaine fois, obéis-moi, comme ça, en restant ici, tu aurais pu répondre au téléphone à ma place, pas vrai ?

Je me faisais petite. Incapable de savoir quoi faire. Il se rapprocha à quelques mètres de moi, il était en colère et déçu, ce que d'une certaine manière, je comprenais, mais s'il savait ce que je vivais là-bas. Il croisa les bras et reprit la parole.

-Mais encore si ce n'était que ça ! J'eus la bonne surprise, lors de cet appel, de savoir que ce n'était pas la première fois que je le recevais. Comme c'est étrange, je n'ai pas le moindre souvenir de ça.

Je tentai de lui expliquer, mais je n'eu pas le temps de prononcer une seule parole qu'il frappa brusquement dans la table du salon, laissant une marque dans le bois. Je crois que la douleur que je ressentais est impossible à expliquer. Le voir dans cet état me fait peur et m'inquiétait. Je restais immobile sentant ma respiration se saccader de plus en plus.

- Tu as intérêt à y retourner et t'excuser. Sinon je te promets que tu le regretteras

J'éclatai en sanglots à l'idée de retourner là-bas et le coupai. Je ne savais pas d'où me venait la force de prononcer ces paroles que j'allais sûrement regretter.

- Il est hors de question que je retourne dans ce lycée ! Maintenant, tu vas te taire et m'écouter.

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EnD oF tHiS cHaPtEr

The meet of my lifeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant