Le réveil avait été douloureux, plus douloureux encore que les deux précédents.
C'était d'abord mes muscles endoloris qui m'avaient réveillé, puis un froid étouffant provoquant un frisson qui avait traversé mon échine et remonté le long de ma colonne vertébrale.
Ce dernier traduisait mon état général ; un état de torpeur peureuse où tout me prodiguait une sensation d'inconfort.
Déjà, j'avais bien sûr encore cette horrible impression de vide qui venait me tenir compagnie dans ma solitude, mais maintenant, s'ajoutant à mon mal-être corporel venait s'ajouter la blessure de mes sentiments. Ils étaient confus, embrouillés, comme perdus aussi dans la mer d'événements qui m'avait englouti depuis un jour et un nuit.
Au fin fond de mon creux cardiaque, je sentais qu'il y avait de l'amour, mais aussi de la haine et surtout de la colère, beaucoup de colère. Ce sentiment si fort qui prenait possession de mon corps, remontant de mes entrailles pour inonder mon cerveau de sombres idées, se joignant à la peur qui torturait mon esprit.
Mes yeux s'étaient peu à peu habitués à l'obscurité qui m'enveloppait de toutes parts comme un étouffant manteau de nuit.
Une fois que j'eus repris mes esprits, une interface flottante s'était allumée. J'avais dégluti - la dernière fois que j'avais vu cette interface, c'était juste avant de me faire implanter une sorte de boîte de conserve dans la poitrine, autant dire que désormais j'étais prudent. J'avais constaté presque sans consternation, dans une forme de d'acceptation et de reddition, que l'image surgissait de l'implant qui luisait toujours sur mon thorax nu.
J'avais lu dans un sentiment de lassitude: "Bon retour à l'E.D.M., Kirigaya Shinichi." puis "Pour désactiver cette interface dîtes..."
"Deactivate."
J'avais quasiment fait un arrêt cardiaque sur place - encore aurait-il fallu avoir un cœur pour ça - en entendant une voix dire oralement le mot que j'étais en train de lire.
Je n'étais pas seul.
J'avais avancé à tâtons sur le lit, la pâle lumière bleue de mon interface me guidant à peine, jusqu'à ce que mes mains ne rencontrent plus que la terrifiante sensation des draps doux mais la rassurante sensation de vide.
J'étais tombé tête la première en dehors du lit, sortant si soudainement de l'ombre que la vive lumière de la pièce m'avait aveuglé.
J'avais massé mon crâne endolori par mon plongeon dans la clarté du monde et avais vu que le lit où je reposais - et pas en paix - était un lit baldaquin aux rideaux de velours noirs qui m'avaient empêché de reprendre contact avec l'extérieur.
Exaspéré à la vue de l'écran bleuté qui continuait de flotter narquoisement sous mes yeux, j'avais lancé un "Désactivé" rageur.
- Hello ?
C'était une voix de jeune garçon apeurée qui venait du lit voisin du mien.
Après avoir récupéré la couverture de mon baldaquin afin de cacher provisoirement ma nudité - mes vêtements s'étaient mystérieusement évaporés - , je m'étais prudemment approché du lit. Ne sachant pas exactement quelle attitude adopter, je m'étais fié à mon instinct et avais ouvert en grand les lourds pans de tissus.
En dessous de cette voute céleste de velours, était recroquevillé un petit garçon aux cheveux bruns et aux yeux verts brillants de larmes.
- あなた 。。。 あなた わ だれ ?
[Qui... Qui es-tu ?]
Il avait levé les deux émeraudes qui lui servaient d'iris vers moi et avait fondu en larmes.
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Hackœur
Paranormal"Cher inconnu, Je lance cette lettre telle une bouteille à la mer afin qu'un jour, quelqu'un puisse répandre mon histoire. Je t'en prie, ne t'arrête pas de lire. Vas jusqu'au bout de mon récit. Car je ne doute pas que l'aventure q...